L’élection de Trump a sonné le glas d’une nouvelle ère dans la géopolitique mondiale, la superpuissance américaine ayant résolument décidé de se prioriser ses propres intérêts nationaux. Ceux qui doutaient encore de la détermination de Trump à freiner les ardeurs impérialistes débridées de son pays à travers le monde ont été récemment édifiés. Les Africains et plus particulièrement les Congolais qui ont eu le bonheur de suivre l’interview donnée depuis Miami par l’actuel locataire de la Maison Blanche relayée en boucle sur la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC) réalisent que Trump n’est pas ce personnage loufoque que dépeignent encore caricaturalement certains médias périphériques aux ordres.
Impérialisme décadent
A en croire la sortie médiatique remarquée de Donald Trump sur CNN, l’idéologie dominante qui avait sous-tendu jusqu’ici l’expansionnisme occidental a révélé ses limites avec l’ingouvernabilité dans laquelle le monde a été plongé à la suite de la véritable métastase du terrorisme provoqué par l’interventionnisme arrogant des maîtres autoproclamés de l’univers. Le plus grand délire dont l’impérialisme se sera rendu coupable et qui est en train de l’emporter à coup sûr est celui d’avoir cru qu’il était possible de se ménager des îlots de prospérité dans un océan mondial de misère. Aujourd’hui le monde occidental subit de plein fouet les revers du chaos qu’il a lui-même créé aux quatre coins du monde. La planète semble faire payer aux responsables de son déséquilibre leur folie de grandeur. L’allusion n’est faite ici ni aux tsunamis ni aux orages dévastateurs. Ce qui révolte le plus le chef de la première puissance mondiale, c’est le retour de manivelle qui dessert de manière suicidaire ceux qui croyaient en sortir vainqueurs, à savoir les Américains et leurs protégés Européens. « Regardez la Libye, regardez l’Irak, s’insurge Trump. Il n’y avait pas des terroristes avec l’Irak. Saddam Hussein les aurait anéantis immédiatement. Maintenant, l’Irak c’est le repère du terrorisme…Plus personne ne reconnait la Libye. Tout est ravagé, il n’y a plus d’Etat, plus de contrôle » tonne un Donald Trump tout feux tout flammes. Sans hésiter, il affirme au chroniqueur qui essaie de le piéger avec une question moralisatrice sur les « dictateurs » irakien et libyen assassinés par les Etats-Unis et leurs alliés : « Le monde serait à 100% plus sûr avec Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi encore vivants et au pouvoir ».
De l’avis de Trump, l’Amérique doit prendre la juste mesure de ses erreurs et éviter à tout prix de se laisser mener en bateau par des puissances européennes qui continuent à surfer sur des méthodes surannées dont les conséquences apocalyptiques sont visibles comme le nez au milieu du visage. Contrairement à une Europe essoufflée arcboutée aux recettes d’une époque de « mission civilisatrice » révolue et qui éprouve toutes les peines du monde à faire le deuil de la colonisation et croit rééditer indéfiniment ses exploits surannés, Donald Trump veut engager les Etats-Unis sur la voie de la foi en la grandeur du Pays de l’Oncle Sam qui doit désormais « utiliser ses propres ressources pour le bien de sa population » en laissant le monde évoluer selon les logiques propres à chaque peuple.
Car rien n’aura fait plus de mal à l’Amérique que l’interventionnisme irrationnel et parfois écervelé qui, tout en raflant frénétiquement aux peuples du monde leur prospérité, a contribué à défigurer fatalement les Etats-Unis eux-mêmes. Réaliste jusqu’au bout des ongles, le président américain le rappelle sans mettre des gants : « Notre pays tombe en miettes, nous avons une dette de 19 milliards de milliards de dollars américains. Nos infrastructures sont un désastre, nos routes, nos écoles, nos aéroports. Nous devons penser à nous. Nous avons dépensé des milliards au Moyen Orient et nous n’avons rien en retour ».
Naïveté du « Muzunguanasemisme » congolais
Trump a relégué à une époque très lointaine le temps où des proconsuls américains et autres européens débarquaient en trombe dans des pays comme la RD Congo avec des injonctions comminatoires et des castings des dirigeants à l’emporte pièce. Ceux d’entre les Congolais qui se sont laissés prendre à ce jeu de dupes en ont eu pour leur compte après l’historique déculottée de leur championne Hilary Clinton et l’avènement du très pragmatique homme d’affaires Donald Trump, l’homme qui sait mieux que quiconque dans son pays lier la parole à l’acte. Ces compatriotes s’étaient même mutuellement bercés à l’idée que la politique extérieure des Etats-Unis ne changerait pour ainsi dire jamais, quel que soit le locataire de la Maison Blanche. Dans leur entendement, Trump ne pouvait que suivre les recommandations laissées dans les tiroirs par son prédécesseur Barack Obama, l’homme qui tenait avant tout à faire plaisir aux blancs, notamment en ce qui concerne les nouveaux dirigeants qui étaient sensés gérer la RDC pour le compte des parrains éparpillés à travers les capitales occidentales.
Las, nos compatriotes qui après être allés à l’île de Gorée, à Genval, et à Chantilly « mendier » toute honte bue le « sauvetage » du pays de Lumumba par les anciens colonisateurs se sont égarés dans les dédales de l’UN Plaza provoquant l’hilarité des diplomates onusiens médusés ont intérêt à bien analyser ces propos du président de la première puissance occidentale. Ils auront beau faire semblant de n’en avoir rien entendu car ils ont eu le tort de mettre tous leurs œufs dans un même panier en ne se voyant au pouvoir que catapultés par des parrains désormais désarmés au lieu de se tourner vers le peuple souverain de la RD Congo …
Pour les oligarques du Rassemblement Katumbiste qui rechignent à se frotter à l’électorat congolais pour la conquête du pouvoir d’Etat, le temps est bien venu de savoir que les choses ont irréversiblement changé. Les solutions aux problèmes de leur patrie, qu’ils ont tendance à aller chercher chez les autres comme si eux-mêmes et leurs congénères n’avaient pas de cerveau, sont dorénavant perçues outre-Atlantique comme étant toxiques pour la paix et la sécurité mondiales et surtout pour la prospérité américaine. La seule issue rationnelle qui reste à ces pene pene ya mindele si tant est qu’ils sont encore intéressés par la gestion de la Res Publica sous nos tropiques, c’est de faire machine arrière ou amende honorable en s’impliquant dans des dynamiques congolo-congolaises d’accession au pouvoir. Il est vrai que le chemin en est rebutant et fastidieux. Mais personne n’a jamais prétendu que la politique était un dîner de gala ou un long fleuve tranquille.
Ils doivent avoir le courage de s’assumer face au désengagement clair et net du plus significatif des « faiseurs des rois africains » sur lesquels ils ont parié jusque-là.
A bon entendeur salut !
JBD
GEOPOLITIQUE INTERNATIONALE : Donald Trump crache ses vérités
