La vérité, dit-on, est une puissance de libération. C’est cela, d’ailleurs, la déduction du verset «Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira». C’est en Jean 8:32 !
Alors que se clôture à New York le 26 septembre 2017 la 72ème assemblée générale de l’Onu au cours de laquelle une séance spéciale venait d’être réservée à l’évaluation de l’Accord du 31 décembre 2016 issu de sa médiation, la Conférence épiscopale nationale du Congo dont le commando de choc a attendu vainement une invitation pour participer à cet aréopage des dirigeants de la planète s’est résolu de tenir parallèlement une conférence de presse au siège bruxellois de l’EurAc, un think tank euro-afro-américain figurant sur la liste des bénéficiaires du financement du sulfureux George Soros ! Sans chercher à savoir si elle en est au courant ou non, la CENCO a distribué aux médias au titre évocateur « Dossier de plaidoyer » (Bruxelles et Paris-Septembre 2017». Les Evêques radicaux congolais y formulent à l’intention des pays membres de l’Union européenne six demandes précises, à savoir « harmoniser leurs prises de position vis-à-vis du gouvernement congolais en exigeant l’organisation des élections conformément à l’esprit de l’Accord du 31 décembre 2016 », « intensifier des pressions sur toutes les personnalités congolaises qui feraient obstacle au processus électoral ou qui se rendraient coupables de graves violations des droits humains », « porter une attention particulière aux conséquences sociales et humanitaires de la crise qui affecte la RD Congo », « soutenir les Organisations de la Société civile congolaise qui militent pour une alternance démocratique, pour le respect des droits humains et pour l’éducation civique de la population », « accorder, sous certaines conditions, un appui technique et financier à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) » et « accompagner le peuple congolais dans ses aspirations légitimes d’un Congo démocratique, respectueux des libertés fondamentales et le bien-être de tous ». Tout analyste averti relève au premier point la subtilité de la demande en ce que les Evêques exigent la tenue des élections conformément non pas à la lettre et à l’esprit de l’Accord de la Saint Sylvestre mais seulement à l’esprit de celui-ci ! En d’autres termes, ils n’insistent plus sur l’échéance du 31 décembre 2017. Ce n’est pas du rétropédalage. C’est du pragmatisme. Dans cette logique, la CENCO doit édifier l’opinion sur quelques zones d’ombre de nature à entamer sa crédibilité…
1. Initiative de la Médiation
Il est connu de tout le monde que c’est à l’initiative du Président Joseph Kabila (et non l’inverse) que la CENCO avait approché en octobre 2016 le « Rassemblement de l’opposition ». But précis : assurer une médiation devant impliquer cette plateforme dans la gestion de la crise politique résultant de l’impossibilité d’organiser les élections au plus tard le 19 décembre 2016. La CENCO l’avait d’ailleurs confirmé le 28 mars 2017 lors de la remise, au Chef de l’Etat, du rapport de l’évolution de la situation.
On est en droit de demander aux Evêques s’ils ont pris la peine d’informer ce dernier de leur mission effectuée à l’ONU en mars 2017 en prévision du renouvellement du mandat de la MONUSCO en marge de la Résolution 2348 (2017) du 31 mars 2017. Car, c’est au cours de cette mission que l’Accord du 31 décembre 2016 a été adopté comme « instrument international » via cette résolution. L’opinion a gardé l’impression d’une CENCO qui s’est auto-mandatée par rapport à sa mission initiale. D’où l’obligation de clarification de sa position.
2. La lettre de feu Etienne Tshisekedi
Au lendemain du décès d’Etienne Tshisekedi, la crise principale relative à l’application de l’Accord du 31 décembre 2016 a porté moins sur la nomination du président du Conseil National de Suivi de l’Accord (CNSA) que sur celle du Premier ministre est issu de « Rassemblement de l’opposition ».
On se souviendra, à ce propos, qu’il avait été fait état d’une lettre du président du Conseil des Sages désignant le Premier ministre. Félix Tshilombo et Valentin Mubake ont, chacun de son côté, revendiqué le choix du défunt leader de l’UDPS sur sa personne.
Pour avoir été identifié comme « dépositaire » de cette lettre, la CENCO est bien obligée, bien malgré elle, de communiquer à l’opinion ce qu’elle en sait véritablement. Valentin Mubake a d’ailleurs mis en doute sa sincérité.
3. L’arrangement particulier
Lors de la signature de l’Arrangement particulier en avril 2017, ce qui est devenu « Rassemblement aile Limete » a qualifié de faux le texte publié. La CENCO est donc mieux qualifiée pour le confirmer ou l’infirmer. L’occasion est indiquée pour elle de se prononcer.
4. Le Calendrier électoral
Plusieurs acteurs politiques ont soutenu qu’au cours des travaux du centre interdiocésain, le président de la CENI, Corneille Nangaa Yobeluo, avait refait à l’intention des participants la démonstration technique faite deux mois plus tôt au Dialogue de la Cité de l’Union africaine sur la faisabilité du processus électoral. Ils en viennent même à révéler que convaincus des évidences, les « anti-Dialogue du camp Tshatshi » ont souhaité cependant le maintien de l’échéance 2017 pour ne pas frustrer leurs « bases », quitte à gérer celles-ci en fonction de l’évolution des opérations pré-électorales dont, évidemment, l’enrôlement des électeurs. Vrai ou faux ? La réponse rassurante ne peut venir que des Evêques.
5. Sponsorisation de « Rassemblement de l’opposition »
Pour avoir tour à tour été à la rencontre d’Ile de Gorée en décembre 2015 et au conclave du « Rassemblement de l’Opposition » en octobre 2016, et pour avoir finalement boycotté le Dialogue facilité par l’Union africaine et accepté la médiation du Président de la République pour intégrer cette plateforme dans la dynamique du Dialogue national, la CENCO a clairement choisi son camp alors qu’elle se devait d’être au milieu du village. Elle a ouvertement épousé la Cause de l’Opposition katumbiste. L’occasion lui est donnée d’édifier l’opinion sur ses relations avec celle-ci.
6. Cas emblématiques
Dans sa livraison du 11 mai 2017 intitulée « des actions fortes sont nécessaires pour sauver l’accord de la Saint-Sylvestre en RDC », Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique centrale de Hrw, a limité les cas emblématiques à Moïse Katumbi et à Jean-Claude Muyambo. Il est curieux que la CENCO se soit penchée sur le cas de celui-là et non de celui-ci. En plus, les Evêques n’ont pas jugé utile d’intégrer dans leur rapport le cas « Eugène Diomi Ndongala » figurant pourtant sur la liste. Serait-ce par gêne de se retrouver dans le scandale de viol sexuel, l’intéressé étant poursuivi pour cette infraction commise sur des filles mineures ?
Ce dont on est au moins sûr, s’agissant du premier cas, Claude Muyambo est le principal accusateur de Moïse Katumbi. Du second, il sied de rappeler que l’avocat de l’auteur de viol fut un certain Francis Kalombo, aujourd’hui katumbiste devant l’Eternel…
La CENCO a le devoir de fixer l’opinion sur les autres cas emblématiques car en se limitant à Moïse Katumbi, elle s’est livrée à une discrimination.
7. Absence de la réunion de New York du 19 septembre 2017 consacrée à l’évaluation de l’Accord du 31 décembre 2016
La grosse surprise pour les observateurs avertis a été l’absence de la CENCO à la réunion d’évaluation de l’Accord de la Saint Sylvestre justifiant pourtant le séjour de ses gros bras à Bruxelles et à Paris pendant la même période. Pour avoir été associée en mars dernier à la consécration dudit accord comme « instrument international » – une délégation conduite par Mgr Marcel Utembi avait fait le déplacement de New York à cet effet – la CENCO devait en toute logique y être présente. Or, cela n’a pas été le cas.
Il est aujourd’hui connu de tous que la délégation de « Rassop/Limete » a été au moins battu le pavé du carré des pétitionnaires du siège de l’Onu où, d’ailleurs, elle s’est fendue la veille du fameux communiqué annonçant la «Transition Sans Kabila». Et que, contrairement à ce qu’elle a laissé entendre par ses communicateurs, elle n’a nullement pris part à cette séance de travail réservée plutôt aux délégations officielles des pays et des institutions membres du Groupe de contact international sur la région des Grands-Lacs (CIC).
Si la Cenco n’a pas jugé utile d’y participer, c’est parce qu’elle savait que cette séance de travail n’était pas ouverte aux délégations non officielles.
Elle aurait dû aviser l’opinion pour la mettre à l’abri de la manipulation.
Grosse interpellation
En définitive, en matière de communication politique, la CENCO a un sérieux contentieux avec l’opinion publique congolaise, et cela sur bien des sujets, ceux sélectionnés dans cette analyse ne représentant qu’un échantillon !
Ses prestations, notamment à Bruxelles pendant le séjour de sa délégation, constituent en elles-mêmes une grosse interpellation. Et comme relevé en titre, vraisemblablement rattrapée, elle est à l’épreuve de vérité. La dure vérité…
Avec Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum