Samedi 7 octobre 2017, la sélection nationale de football a livré son avant dernier match dans le cadre des éliminatoires de la prochaine coupe du monde de la catégorie, «Russie 2018». Face à la sélection homologue libyenne, les footballeurs de la RD Congo coachés par Florent Ibenge ont remporté le match livré en déplacement sur le score de 1 – 2. Des réalisations de deux des attaquants alignés pour gagner coûte que coûte cette partie dont pouvait dépendre, partiellement, la participation de la RD Congo à la fête mondiale du football en été 2018. Partiellement, parce qu’en grande partie, les Léopards n’avaient plus « leur destin en mains », selon l’expression du sélectionneur national Florent Ibenge, après la défaite du match aller en Tunisie (2-1) et le nul concédé at home (2 – 2).
Adieu « Russie 2018 »
Les Léopards sont donc 2èmes du groupe emmené par la Tunisie qui, en disposant le même samedi de la Guinée (1 – 4), a préservé l’écart qui la sépare de la RD Congo. Les carottes sont quasiment cuites, donc. Les Léopards remporteront assurément leur dernier match à domicile contre la Guinée, déjà battue chez elle au match-aller. Mais ce résultat ne suffira certainement pas pour surclasser la Tunisie qui n’a plus besoin que d’un résultat nul pour assurer sa participation à la prochaine finale de la coupe du monde de football. Pour leur dernière sortie dans le cadre de ces éliminatoires, le tunisiens recevront des Libyens dont on peut douter qu’ils réalisent le miracle, inutile, de vaincre le pays hôte de toutes leurs rencontres internationales.
Carence cohésives et de concentration
C’est donc l’équipe nationale tunisienne qui aura été le bourreau des Léopards. Essentiellement grâce à une formation basée sur une ossature locale, homogène, et coaché par un entraîneur actif dans le championnat tunisien. A la différence de la sélection rd congolaise, composée essentiellement de joueurs professionnels évoluant dans les championnats européens. Cela, l’entraîneur des Aigles de Carthage l’avait déclaré sans ambages dans la presse en stigmatisant le manque de cohésion dans l’équipe nationale rd congolaise qui, selon lui, ne joue effectivement que durant 70 minutes sur les 90 de durée d’une partie de football. A Kinshasa, c’est effectivement autour de la 70ème minute de jeu que les Tunisiens avaient surpris les fauves rd congolais en inscrivant coup sur coup deux buts, avant d’ériger un mur infranchissable devant leur cage, il y a quelques semaines.
Préparations à la hâte
La faiblesse de la sélection nationale réside donc dans le manque de cohésion, d’automatismes, ainsi que la défaillance dans la concentration. Des qualités qui, il faut le reconnaître, ne s’acquièrent pas à la faveur d’un stage de quelques jours avant un match décisif. La cohésion ne peut résulter que longues pratiques communes, de la familiarité due à la multiplication d’épreuves endurées et surmontées en commun par un groupe. Ce n’est pas à la hauteur d’un sélectionneur national dont le rôle se réduit à choisir les meilleurs joueurs professionnels disponibles, et de monter en quelques jours (souvent, entre 3 et 7 jours) une stratégie pour obtenir des résultats. Ce n’est pas suffisant pour prétendre à la plus haute place du podium. Pas toujours.
Responsabilités partagées
La durée de préparation requise pour façonner et mettre en place une sélection nationale homogène et compétitive au plus haut niveau est donc une circonstance atténuante pour Florent Ibenge, le sélectionneur national. Parce qu’elle ne dépend pas entièrement de lui seul, mais des moyens mis à sa disposition pour organiser stages, rencontres amicales et autres regroupements de joueurs, par la Fédération et le Gouvernement de la République. De ce point de vue, comparé aux disponibilités offertes à ses collègues entraîneurs de sélections nationales, il est loisible de prouver que Florent Ibenge n’a pas été gâté.
Reste donc la question du choix d’une ossature professionnelle, qui est dictée par le fait que les athlètes locaux ne peuvent, à eux seuls, constituer une sélection compétitive au plus haut niveau. A la différence des footballeurs Tunisiens, Marocains, Egyptiens, mieux encadrés matériellement et techniquement. Ici, le problème réside dans la qualité des installations sportives mises à la disposition des athlètes, autant que de l’encadrement technique et tactique (qualité des encadreurs). Ce n’est pas un secret que de rappeler qu’en RD Congo, seul le TP Mazembe de Lubumbashi offre, jusque-là, un tel encadrement à ses athlètes depuis quelques années. L’option en faveur d’une sélection de professionnels est donc imposée par des faiblesses organisationnelles qui dépassent de loin la responsabilité d’un sélectionneur national. C’est une affaire de la fédération congolaise de football et de politique gouvernementale en la matière.
Responsabilités non assumées
En livrant, avec une légèreté gamine, le sélectionneur national des Léopards à la vindicte populiste le 25 septembre 2017, le ministre national des Sports et Loisirs a occulté ses responsabilités et celles du gouvernement dans les résultats sportifs attendus par les rd congolais. Papy Niango s’est trompé ou a trompé l’opinion en laissant croire qu’il suffit d’assurer un salaire à un sélectionneur national et de payer des frais de mission aux athlètes pour « commander » des résultats, un peu comme dans un débit de boissons et de consommations de « cabris ».
En matière de salaire d’entraîneurs, notamment, le patron national des sports en RD Congo a sacrifié un entraîneur national qui demeure une référence sur le continent à l’autel d’un populisme inconsidéré. D’abord, en comparant l’incomparable, c’est-à-dire, le salaire d’un entraîneur de football à celui de membres du gouvernement dont il fait partie. De cet exercice aux ressorts insondables sourd comme une jalousie de très mauvais alois, parce que simplement, il trahit comme une conviction selon laquelle les meilleurs salaires devraient être gouvernementaux. Comme si c’est parmi les membres du gouvernement que doivent se recruter les mieux rémunérés d’un pays. Ce qui, naturellement, est à la fois archifaux et immoral. La politique est un lieu pour servir, pas pour jouir de rémunérations meilleures, en principe. Sur le continent et à travers le monde, des secteurs d’activités autres que politiques se révèlent de loin plus rémunérateurs. Il suffit de penser aux salaires mirobolants versés aux plus grandes vedettes footballistiques que sont Messi l’Argentin et tout récemment, Neymar, le brésilien. On peut affirmer avec certitude qu’aucun membre de gouvernement au monde ne leur arrive à la cheville.
Le sélectionneur national le moins bien payé
« Ibenge est mieux payé qu’un ministre », ce furent des paroles peu responsables de la part d’un membre du gouvernement, également parce qu’elles font croire que le sélectionneur national de la RD Congo constituerait une exception, un cas particulier dans le genre, grâce au ministre. Loin s’en faut, parce que le sélectionneur rd congolais ne figurait pas encore sur la liste de ses semblables les mieux payés du contient lorsqu’il remportait le bronze (3ème) à l’avant-dernière finale de la coupe d’Afrique des Nations. Ni, encore moins, lorsqu’il hissait la sélection nationale des locaux au sommet du football continental à Kigali au Rwanda.
Pour qualifier la Côte d’Ivoire à la prochaine finale de la coupe du monde, le belge Marc Wilmots a été recruté pour un salaire situé entre 80.000 et 100.000 euros/mois. Son prédécesseur à la tête de la même sélection à la dernière finale de la coupe d’Afrique des Nations, Michel Dussuyer, touchait quelque 58.000 Euros. Contre 60.000 Euros pour le français Hervé Renard, sélectionneur des Lions de l’Atlas battus par Florent Ibenge au cours de la même phase finale continentale de football. Et 50.000/mois à Avram Grant, le sélectionneur des Blacks Stars ghanéens, vainqueurs des Léopards d’Ibenge.
Le meilleur depuis Vidnic
Le salaire initial de Florent Ibenge avait été arrêté à 18.000 Euros mensuels. Après le sacre des Léopards au Championnat d’Afrique des Nations à Kigali au Rwanda, il aurait été porté au double, à la demande expresse du Président de la République, Joseph Kabila, qui avait été informé des convoitises dont faisait l’objet l’expert rd congolais. Mais rien n’indique que l’injonction ait été observée à ce jour.
L’opinion attendait d’apprécier l’apport du nouveau plénipotentiaire aux sports et loisirs dans son secteur, lorsqu’il a choisi de descendre le sélectionneur national dont le bilan est le plus éloquent depuis le yougoslave Blagoje Vidnic en 1974. Pour se hisser et hisser le football national aux sommets à coups de sermons sur les recettes publicitaires au Stade des Martyrs et d’opérations populistes comme les Saddaks de tristes éliminations continentales ?
E. MUKUNA.
Le Top des entraîneurs les mieux payés en Afrique
(Par mois)
1. Marc Wilmots (Côte d’Ivoire) : 80.000 à 100.000 Euros
2. Jorge Costa (Gabon) : 70.000 Euros
3. José Antonio Camacho (Gabon) : 70.000 Euros
4. Hervé Renard (Maroc ) : 60.000 à 80.000 Euros
5. Michel Dussuyer (Côte d’Ivoire) : 58.000 Euros
6. Avram Grand (Ghana) : 50.000 Euros
7. Ephraïm Mashaba (Afrique du Sud) : 36.000 Euros
8. Georges Leekens (Algérie) : 35.000 Euros
9. Hector Cuper (Egypte) : 30.000 Euros
10. Alain Giresse (Mali) : 28.000 Euros
11. Sunday Oliseh (Nigeria) : 26.000 Euros
12. Henry Kasperczak (Tunisie) : 24.000 Euros
13. Florent Ibenge (RD Congo) : 18.000 Euros
.