Un groupe de têtes couronnées de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) s’est lancée tête baissée dans une nouvelle croisade occidentale pour réaliser une première mondiale à partir de la RD Congo : une révolution « catholique » dans un pays laïc.
La tournée que mènent Mgr. Marcel Utembi et ses homologues en Occident est officiellement présentée comme un banal plaidoyer pour la démocratie et les Droits de l’Homme dans le pays de Lumumba. Mardi 27 septembre, de passage à Bruxelles, la capitale belge d’où partent depuis près de deux ans maintenant toutes les intrigues visant à remettre sous coupe réglée de certains milieux mercantilistes du vieux continent l’ancienne propriété personnelle du Roi Léopold II, Utembi a, dans un accent onctueux, déclaré à la presse son inquiétude et sa préoccupation sur la situation dans son pays où « des élections risquent de ne pas se tenir d’ici décembre prochain ». L’archevêque de Kisangani qui fait avec zèle, ses premiers pas d’agent d’influence de puissants lobbies européens en RDC feint d’oublier que le dialogue direct entre acteurs politiques que sur mandat du Président Joseph Kabila il avait assuré la médiation fin 2016 avait prévu et pris les dispositions pour faire face à cette éventualité, à savoir, une tripartite CENI-CNSA-Gouvernement pour statuer à ce sujet. Alors que se prépare activement cette réunion interinstitutionnelle et que la Commission électorale est en train de boucler l’enrôlement des électeurs, première et incontournable opération du processus électoral et que se prépare activement la réunion interinstitutionnelle susmentionnée, le président de la CENCO embouche les trompettes de la dramatisation : « Plus on avance (vers l’échéance du 31 décembre 2017), plus notre inquiétude augmente », a-t-il dit d’un ton un rien pathétique.
Plaidoyer en Occident
Défendant le plaidoyer des extrémistes de l’opposition qui ne rêvent plus que plaies, bosses et putsch, auprès des puissances occidentales, son parolier l’Abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, remettait une couche de son côté, mercredi 28 septembre sur la radio onusienne Okapi, que les évêques catholiques congolais étaient « … engagés à ne pas abandonner le peuple congolais sur chemin de son bien-être et de la démocratie. Ils ont lancé un appel aux politiciens, ils ont lancé un appel au peuple congolais ; c’est tout à fait normal qu’ils lancent aussi un appel aux partenaires du Congo. Nous sommes dans un contexte de la mondialisation », a hasardé ce prêtre de l’archidiocèse de Kinshasa pour justifier le « mandat » que cette confession religieuse s’est octroyé de négocier avec des puissances étrangères l’avenir de la République. Sans titre ni droit comme si le Congo-Kinshasa était à leurs yeux une « res nullius » (terre de personne), comme au temps de la fameuse Conférence de Berlin…
Plus disert que Marcel Utembi, Donatien Nshole a expliqué cette initiative des évêques par l’urgence d’une « bonne » application de l’Accord de la St Sylvestre qu’ils parcourent l’Occident : « Nous savons combien cet accord souffre d’une mauvaise mise en œuvre et c’est dans ce cadre que les évêques veulent obtenir des uns et des autres un concours pour qu’on arrive à bien le mettre en œuvre », a-t-il martelé au micro de radio Okapi.
Inquiétudes partisanes
Les inquiétudes de ce groupe de prélats de l’Eglise catholique romaine en RD Congo tourneraient donc autour de l’accord conclu sous leur égide fin décembre 2016, un accord dont la mise en œuvre souffre à leur avis de l’absence d’une frange du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop), l’aile katumbiste-tshisekediste, plus précisément. Pour les évêques de la CENCO, pas de katumbiste = pas de démocratie ou d’élections qui vaillent la peine au Congo. C’est là que la bât blesse : parce que cela n’est pas vrai. D’une part, ils avaient eux-mêmes remis le plus officiellement du monde le mandat de facilitateurs au Président Kabila qui a repris le dossier pour parachever la médiation entre les composantes de la classe politique et sociale après les avoir féliciter pour la partie importante du travail important qu’ils avaient abattu. En suite, sur le terrain des opérations en RD Congo, il est prouvé que la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), l’institution d’appui à la démocratie à laquelle la constitution attribue l’organisation des élections en RD Congo, a réalisé à ce jour un travail plus qu’apprécié en dépit des embûches multipliées par l’opposition dite radicale qui semble être de connivence avec de puissants groupes d’intérêts étrangers. En réussissant le pari du renouvellement du fichier électoral lui imposé par la classe politique en inscrivant plus de 42 millions d’électeurs sur ces listes, trois mois avant la clôture des opérations.
Incertitudes fallacieuses
Les incertitudes dont se plaignent les prélats catholiques de la RD Congo ne sont donc pas vraiment liées à la tenue d’élections mais plutôt à l’avenir politique immédiat de leurs « clients » au sein de l’opposition. Qui semblent, aujourd’hui plus que jamais, condamnés à demeurer en marge des institutions chargées de gérer la période pré-électorale, même s’ils ne sont pas exclus du processus électoral comme tel, parce que beaucoup parmi eux ont pris le soin de s’inscrire sur les nouvelles listes électorales. En deux mots comme en mille, le combat politique de l’Eglise catholique romaine en RD Congo vise l’installation au pouvoir des affidés des tireurs des ficelles néocolonialistes qui sont à la manœuvre contre le pouvoir en place à Kinshasa. A la tête de ces derniers se trouve un quarteron de barons libéraux belges qui instrumentalisent certains Congolais qu’ils réunissent au grand jour dans les capitales occidentales pour leur dicter les meilleures voies et moyens de déstabiliser le déjà laborieux processus électoral notamment par l’instauration d’une prétendue transition citoyenne en RD Congo, une véritable hérésie attentatoire à l’esprit et à la lettre de la constitution congolaise et à l’accord du 31 décembre 2016 qui est devenu le nouveau cheval de bataille du groupe des radicaux de l’opposition politique rd congolaise.
Intérêts occidentaux
Qualifier la démarche cléricale catholique de « salutaire » pour le peuple rd congolais, comme le suggèrent les déclarations tonitruantes de Donatien Nshole sur Radio Okapi, relève donc de l’arbitraire divin. Surtout si l’on interprète, ainsi que le font nombre d’observateurs neutres de l’arène politique, l’enrôlement de plus de 42 millions d’électeurs comme un signe d’adhésion au processus de démocratisation en cours au pays. « Si plus de 42 millions de citoyens en âge de voter sur 45 millions estimés dans ce pays ont accepté d’aller aux urnes, d’où et de qui les évêques de la CENCO tiennent-ils le mandat de cette prétendue volonté du souverain primaire qu’ils bradissent à tout bout de champ ? », interroge à ce sujet un étudiant en sciences pô de l’Université de Kinshasa. On se trouve là devant la question fondamentale : de qui les évêques catholiques sont-ils aujourd’hui les mandataires en Occident ? Pas du peuple de la RD Congo, même pas des chrétiens catholiques qui, comme chacun le sait, n’ont jamais été interrogés sur le sujet. Manifestement, au sein de l’Eglise catholique romaine, la démocratie c’est pour les autres…
Croisade sans mandat
En croisade politique en Europe occidentale, la CENCO n’a donc d’autre « mandat » que celui qu’ils tirent de leurs accointances avec quelques milieux mercantilistes occidentaux, plus précisément, au sein d’un groupe de libéraux belges que l’on sait à l’origine de la création de l’aile dite radicale de l’opposition politique en RD Congo dans le dessein évident de déchoir Joseph Kabila et sa majorité du pouvoir. D’une manière ou d’une autre, par des voies démocratiques ou non démocratiques. Les intérêts politiques de l’Eglise catholique romaine rd congolaise ont toujours été et sont occidentaux, se dit-on à Kinshasa mais aussi, de plus en plus à l’intérieur du pays. Et leurs prétendus bons offices, des offices occidentaux. Ce qui relèverait de leur droit le plus strict en période de « mondialisation » ainsi que se défend le volubile Abbé Donatien Nshole (comme si l’esclavage et la colonisation importés vers nos tropiques à partir de l’Occident n’avaient pas été eux aussi « mondiaux » !) si les catholiques ne s’affichaient pas devant leurs chrétiens comme « une église au milieu du village », toute entière vouée au bien-être de tous sans discrimination !
20 siècles en arrière
Si la démarche des évêques catholiques gêne nombre de bien-pensants, c’est aussi parce que la RD Congo est tout de même un Etat laïc dans lequel une confession religieuse, quelle qu’elle soit, ne devrait pas comme une institution, s’occuper de la dévolution des pouvoirs temporels. Force est de constater, ainsi que le fait observer au Maximum un professeur de droit de l’université protestante de Kinshasa, que « … dans ce domaine des rapports église-Etat aussi, l’indépendance, la vraie, n’a jamais eu lieu. Elle est à reconquérir ». De fait, il semble bien qu’en RD Congo, les catholiques tentent maladroitement de réinstaurer une sorte de papauté. Ce régime politique sui generis qui, en Occident, régentat les rapports entre l’église et l’Etat jusqu’au début du … 1er siècle. Lorsqu’un Pape comme Etienne II (752-757) pouvait traverser les Alpes et procéder au sacre de Pépin et de ses fils, Carloman et Charles, futur Charlemagne. En échange d’avantages politiques temporels bien sentis (la soumission de Lombards, particulièrement têtus !). Ou encore, lorsqu’en l’an 800, Le Pape Léon III (795-816) a couronné et conféré à Charlemagne le titre glorieux d’« Empereur des Romains », pour le récompenser de l’avoir rétabli dans ses droits face aux grandes familles romaines qui le malmenaient. L’histoire marcherait-elle à reculons en République Démocratique du Congo ?
Mgr. Marcel Utembi et son compère Fridolin Ambongo semblent prendre très au sérieux et se complaire dans ce rôle de faiseurs de roi qui remonte à la nuit des temps. Interrogé sur la probabilité d’un troisième dialogue, ce dernier archevêque de Mbandaka Bikoro et adjoint de Utembi a déclaré à la presse, sans pinces ni rires, qu’ « on ne peut pas terminer une mission avec des gens qui se servent du dialogue pour se maintenir au pouvoir ». Pour le prélat, ce serait donc le dialogue « modéré » par leurs excellences et non pas la constitution qui maintient au pouvoir en RD Congo. C’est tout dire.
J.N.