L’enfer s’éternise pour l’artiste sculpteur André Lufwa Mawidi, premier enseignant « nègre » de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa en RD Congo. L’artiste est malade, sa survie dépend de soins médicaux appropriés à l’étranger, rapportent des sources familiales. Qui renseignent que les démarches entreprises à cette fin tardent à se conclure positivement.
A l’initiative de l’infatigable mais néanmoins un tantinet folklorique, Tsaka Kongo, un courrier a été adressé à la patronne du ministère national de la Culture et des Arts. Qui a accepté de faire prendre en charge ses soins médicaux dans un pays étranger. Mais dans la famille, l’impression est que les choses traînent et pourraient compromettre la vie d’un des plus grands artistes qu’ait connu la RD Congo.
André Lufwa Mawidi et ses œuvres ne sont plus à présenter. Parmi ses plus grandes réalisations figure, en bonne place, le célèbre « Batteur de tam-tam » de la Foire Internationale de Kinshasa, qui a fini par donner identité et empreinte à la capitale de la RD Congo. Aujourd’hui encore, l’état de délabrement avancé des installations foraines de Kinshasa n’empêche pas ce « Batteur de tam-tam » de rappeler la grandeur d’antan des kinois, de leur ville et de leur pays.
André Lufwa, c’est aussi les monuments des deux Héros Nationaux de la RD Congo de la Place de l’Echangeur (Patrice Lumumba) et Mzee Laurent-Désiré Kabila (croisement boulevard du 30 juin/avenue Batetela). L’artiste a été associé d’on ne peut plus près dans la réalisation de ses œuvres en Corée du Nord. A l’actif de ce sculpteur hors du commun figure également « Le voyageur », qui orne la devanture du ministère des affaires étrangères à Kinshasa ; les « Deux Léopards », à l’entrée du Mont-Ngaliema, enlevés à l’entrée des troupes de l’AFDL à Kinshasa en mai 1997.
Suffisant pour que Me Lufwa vive de ses œuvres. Mais les sources du Maximum dans sa famille rapportent que l’Etat rd congolais lui doit quelque 1.800.000 USD au titre de droits d’auteurs. Même si sur ce terrain des droits d’artistes, Lufwa est logé à la même enseigne que beaucoup d’autres.
C’est plutôt au regard de sa contribution au rayonnement de l’art plastique national et au-delà, de la culture de son pays que Lufwa Mawadi mérite plus cette sorte de torpeur administrative qui risque de les emporter, son immense talent et lui, et d’en priver la Nation.
DAVID MUTEBA KADIMA