En appelant, le 19 septembre 2017, les « dirigeants mondiaux » réunis à New York pour la session annuelle de l’assemblée générale des Nations Unies à appuyer un plan de remplacement de Joseph Kabila à la tête de la RD Congo, l’ong américaine Human Rights Watch (HRW) et sa chercheuse senior chargée de l’Afrique Centrale, Ida Sawyer, n’ont pas livré à l’opinion mondiale une image très positive de ces organisations internationales qui prétendent défendre et promouvoir les valeurs de l’humanité que sont les droits de l’homme et la démocratie. En tout cas pas à ceux des Africains qui ont encore frais en mémoire ces légendes d’infamies qui ont précédé et décidé du sort de dirigeants comme le Congolais Patrice Emery Lumumba, le Burkinabè Thomas Sankara ou le Libyen Mouammar Kadhaffi, dont on sait aujourd’hui qu’ils ont été impitoyablement sacrifiés sur l’autel d’intérêts économiques sonnants et trébuchants de mercantilistes européens et américains.
L’article de presse publié dans Foreign policy mardi dernier par Ida Sawyer, « Une transition citoyenne pour la RD Congo », illustre à la perfection les méthodes utilisées par les puissances occidentales pour persuader l’opinion publique de la pertinence et de l’opportunité de neutraliser, voir d’éliminer physiquement un leader qui gêne les intérêts de ces groupes qui se considèrent non seulement comme les « maîtres du monde » mais aussi comme les propriétaires de l’Afrique. Les vraies valeurs altruistes liées au respect des droits humains et autres, viennent loin, très loin après ces considérations autrement plus pressantes.
Il s’agit, pour tout dire, de fabriquer à la fois l’homme à abattre et le pays à reconquérir sinon à remettre sous coupe réglée, en y instaurant et y entretenant un indescriptible chaos, ou en y installant au pouvoir des marionnettes en charge de couvrir le pillage systématique à peine déguisé des ressources économiques convoitées. La formule est bien vieille, mais il ne semble pas que les puissances occidentales orphelines de la traite esclavagiste et de la colonisation qui lui a succédée aient trouvé mieux pour couler en forme civilisée leurs nouveaux modes de prédation.
Pour la consommation extérieure
A l’évidence, « Une transition citoyenne pour la RD Congo », ce n’est pas une information pour les rd congolais qui n’ignorent pas tout à fait de quoi il y retourne dans leur pays. C’est un tableau délibérément peint en noir à l’intention de ce que les auteurs de l’article nomment « la Communauté Internationale », en fait ceux qu’ils considèrent comme les patrons de l’univers, qui ont droit de vie et de mort sur les peuples et peuvent décider de l’avenir de tous les pays d’Afrique. Mais aussi, au-delà de ceux-ci, leurs opinions publiques, dont il faut préserver foi et conviction dans les valeurs humaines fondamentales, qui seraient démocratiques. La stratégie consiste à servir un cocktail d’infamies et autres atrocités, plus ou moins analogues à celles qui avaient permis, voilà quelques siècles, de soutenir des expéditions esclavagistes en ces « terres d’anthropophages et de cannibales », selon les mots de leurs précurseurs lorsqu’ils parlaient du continent noir, avant les croisades colonisatrices et civilisatrices du siècle dernier.
C’est l’ouvrage auquel s’est attelé depuis quelques années Ida Sawyer et ses amis de Human Rights Watch : la confection d’un incroyable tissu de mensonges et d’invraisemblances. « Parmi les dirigeants mondiaux attendus à New York cette semaine pour la session annuelle de l’Assemblée générale des Nations Unies, il y en a un qui devrait, techniquement, déjà être à la retraite … », écrit la passionaria en guise d’amorce en parlant de Joseph Kabila qui est pourtant moins âgé qu’elle. On a beau détester l’homme et vouloir son départ ou sa perte, mais mentir sur cette question de la durée au pouvoir des chefs d’Etat du continent au point d’occulter les présences autrement plus longues au pouvoir d’autres acteurs au sommet de leurs Etats de la plupart des voisins de la RD Congo est proprement d’une audace incroyable. Et extrêmement méprisant pour les populations qui devraient digérer de telles inepties…
Plats d’entrée
Mais ce n’est pas tout, parce que ce plat d’entrée pourrait s’avérer insuffisant même pour le plus économiquement affamé des « dirigeants mondiaux ». L’homme à abattre a commis le « crime » de retarder l’élection de son successeur (en faisant enrôler sur fonds propres plus de 40 millions d’électeurs ?). Il aurait, selon l’égérie des forces antikabilistes mener « … une répression sans merci contre les opposants politiques et les activistes pro-démocratie (en) envoyant ses services de sécurité pour abattre plus de 170 manifestants pacifiques en 2015 et 2016 ». Cette partie du plat consistant, qui baigne dans la même sauce que celle qui avait déjà permis de sacrifier Mouammar Kadhafi, présenté comme le pire des dictateurs du monde. Même si on sait aujourd’hui que ce dictateur attribuait chaque mois au dernier des chômeurs de son pays une allocation mensuelle de 1000 USD. A en croire Ida Sawyer donc, les opposants rd congolais qui passent le plus clair de leur temps à affubler le président de la République et ses ministres de noms de petits oiseaux tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays sans qu’aucune poursuite pénale ne s’ensuive, seraient plus mal lotis que leurs voisins du Rwanda, d’Angola, du Soudan, du Congo Brazzaville, du Burundi, de d’Ouganda, de la Centrafrique … Encore qu’on chercherait en vain où et quand 170 individus manifestant « tranquillement », un peu comme dans un culte religieux, auraient été conduits de vie à trépas en 2015 et 2016. Aucune source n’est livrée par les auteurs de l’article pour permettre des vérifications.
Calomnies, infamies
Tout comme est quasiment de vérification impossible, cette partie du tableau qui peint « … des efforts officiels visant à semer la violence et l’instabilité à travers le pays par ce qui semble être une « stratégie du chaos » délibérée pour justifier de nouveaux retards dans l’organisation des élections.
Mais le point culminant de la mauvaise foi est atteint lorsque Ida Sawyer rend le président Joseph Kabila responsable d’une rébellion terroriste armée menée… contre son gouvernement à partir de la province du Kasaï Central. « Depuis août 2016, des violences impliquant les forces de sécurité gouvernementales, des milices appuyées par le gouvernement et des groupes armés locaux ont fait plus de 3000 morts dans la région du Kasaï, dans le sud du pays. Six cents écoles ont été attaquées ou détruites, et 1.4 million de personnes ont été déplacées de leurs foyers. Quatre-vingt fosses communes ont été découvertes dans la région, dont la majorité contiendraient les corps de civils et de militants tués par les forces de sécurité gouvernementales. En mars, deux enquêteurs de l’ONU — Michael J. Sharp, un Américain, et Zaida Catalán, de double nationalité suédoise et chilienne — ont été tués alors qu’ils enquêtaient sur les graves violations des droits humains dans la région ».
N’importe quelle argutie : Parce que s’agissant de violences pour retarder les élections, on peut se demander si ce retard, pris comme prétexte pour instaurer « une transition sans Joseph Kabila » ne profite pas plutôt à l’opposition ? Et si les statistiques de « l’opposition catholique romaine rd congolaise » dont on sait depuis peu qu’elle s’abreuve aussi aux mamelles de la « sorosphère » n’ont pas été gonflées à dessein pour obtenir le même effet, c’est-à-dire la fameuse transition sans Joseph Kabila, défendue bec et ongles par des prélats liés à Soros via Katumbi comme Mgr. Ambongo et l’Abbé Nshole. Etant donné que l’ONU et les administrations locales, qui sont autant si non mieux outillée pour ce faire, que des catéchistes catholiques de l’arrière-pays soumis à l’obligation de l’obéissance aveugle à la hiérarchie cléricale qui ont compilé ces chiffres, ne parlent que de 400 morts…
Sur le meurtre crapuleux d’experts onusiens, Ida Sawyer prêche pour sa propre chapelle : « Les recherches de Human Rights Watch et une enquête de Radio France Internationale suggèrent une responsabilité du gouvernement dans le double meurtre », écrit-elle. Sans indiquer que les recherches de l’ONU et de la justice rd congolaise, elles, accusent avec preuves à l’appui des individus se réclamant de Kamwina Nsapu et signalent que le dangereux modus operandi choisi par les deux infortunés officiels onusiens leur fut recommandé par… Ida Sawyer !
Rapports d’Ong stipendiées
Mais cette inclinaison à se fonder sur les accusations et les dénonciations d’organisations soutenues financièrement par des groupes d’intérêts qui lorgnent sur les ressources naturelles de la RD Congo fait partie du mode de fabrication d’Etats à recoloniser et à reconquérir.
En fait, la formule consiste à fabriquer des véritables légendes d’infamies, de crises sociales, d’abus des droits humains, de déni de démocraties en finançant et en soutenant des activités potentiellement exploitables à cette fin. Ainsi, les manifestations (systématiquement violentes en RD Congo) des partis politiques de l’opposition radicales sont de toute évidence financées pour créer des conditions d’intervention des forces de police qui ne peuvent autre chose que préserver l’ordre public. Tout comme ces mouvements dits « citoyens » (sic !) et pro-démocratie, créés et financées par les mêmes organisations et dont l’un des principaux objectifs semble être de provoquer à tout bout de champ les forces de l’ordre et de sécurité au nom des libertés publiques et d’expression politique …
L’article publié le 19 septembre dernier par Ida Sawyer est un copier-coller des rapports de l’opposition catholique romaine et d’ong de défense des droits de l’homme financés pour pondre des rapports infamants, précisément. Et la boucle est bouclée.
J.N.