Lundi 4 septembre 2017, Félix Tshilombo Tshisekedi a cru pouvoir rendre publique la Décision n° 002/CABF/040917 portant nomination des membres de l’Honorable Félix Tshilombo Tshisekedi, président du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Un cabinet composé de 12 personnes, en plus du directeur de cabinet déjà nommé il y a quelques temps, dont plus de 80 % appartiennent aux provinces kasaiennes dont le fils du défunt Etienne Tshisekedi est originaire. Les préférences tribales du candidat à la prochaine présidentielle (sans élection, puisqu’il appelle à l’instauration d’une transition sans Kabila depuis quelques semaines) ont ému plus d’un à Kinshasa en particulier, et sans doute en provinces.
Dans les réseaux sociaux, la publication du cabinet tribaliste a provoqué un véritable buzz et suscité énormément de commentaires et de débats. Au point de contraindre l’équipe du président du Rassop/Limete à un ridicule rétropédalage. Certains internautes proches de Fatshi qui avaient affiché la décision « présidentielle » l’ont précipitamment retirée, tandis que le cabinet de Tshisekedi junior se fendait, en fin de week-end, d’un communiqué encore plus abracadabrant, qui annonce « la poursuite des nominations ». Après que son attaché de presse, membre de l’ethnie luba lui aussi, ait tenté d’arrêter l’hécatombe : « Vos commentaires et prises de positions quant à la configuration du cabinet du Président du Rassemblement prouve tout l’intérêt que vous attachez aux valeurs tant géopolitiques que culturelles, propres à la politique congolaise. Le tribalisme, le clientélisme, le favoritisme et tant d’autres vices ayant longtemps rongé la nation congolaise, sont inlassablement combattus avec hargne par Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi. Pérennisant ainsi l’oeuvre amorcée par l’inoubliable Étienne Tshisekedi. L’intégrité, la compétence, la disponibilité et la loyauté, des qualités à retrouver certainement dans toutes les provinces de la RDC. Sont et demeureront les critères de choix des collaborateurs politique de Fatshi », pouvait-on lire dans la mise au point qu’il s’est cru obligé de mettre en ligne.
La tribu de Papa et Maman
Mais le mal était fait. Tout le monde avait déjà compris que l’intégrité, la compétence, la disponibilité et la loyauté, Félix Tshilombo Tshisekedi ne les a trouvées que dans la tribu de Papa et Maman…
La question taraude les esprits parmi ceux qui voyaient en ce « jeune » acteur politique (52 ans) une alternative potentielle pour l’avenir. Et qui sont de plus en plus nombreux à déchanter. Parce que Fatshi, un surnom obtenu de la contraction de Félix Antoine Tshilombo, n’en est pas à sa première bourde politique. Et la décision rendue publique le 4 septembre dernier révèle ce qu’est en réalité ce « fils à Papa » dont il faut craindre le projet politique ne se limite qu’à une une sorte d’héritage d’impérium.
Les premiers gestes politiques posés par le fils du défunt opposant historique rd congolais, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, attestent de cette propension à se considérer de droit héritier d’un trône qui plante ses racines dans la tribu. Aussitôt son géniteur décédé en février dernier, Félix Tshisekedi s’était emparé sans coup férir des rennes de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), un des partis phares de l’opposition politique au Maréchal Mobutu, sans le moindre égard pour les textes légaux qui en régissent le fonctionnement, ni, encore, moins, pour toutes ces femmes et ces hommes qui, des décennies durant, avaient combattu aux côtés du patriarche décédé dans une polyclinique bruxelloise. Un accaparement qui a précipité la désintégration de ce parti politique jadis présenté comme « la fille aînée de l’opposition politique démocratique congolaise ».
Parti politique réduit aux dimensions familiales
De fait, c’est sur un parti politique aux dimensions sensiblement réduites à la tribu que trône Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi depuis son coup d’Etat. Il ne devrait donc y avoir rien de surprenant à ce que son cabinet politique en épouse, à la perfection, les contours, estiment nombre d’observateurs. Parce que si l’UDPS/TSHISEKEDI était gérée et administrée selon les principes et les valeurs démocratiques vantées par la propagande, son président ne serait nullement le fils du défunt Etienne Tshisekedi en qui beaucoup ne voient d’autres mérites que biologiques.
S’ajoutent à ses affaires plus ou moins internes à l’UDPS, tout le marchandage maladroit et le chantage cynique orchestré autour du rapatriement de la dépouille mortelle d’Etienne Tshisekedi, le père, président de la l’UDPS et du comité des sages du Rassop, décédé début février dernier. Qui ont révélé les ambitions aussi prématurées que démesurées d’un héritier qui n’aurait pas dédaigné de se voir porté sur le trône la bière portant le corps du père décédé place sous ses pieds. Du décès d’Etienne Tshisekedi, Félix n’a pas porté de deuil, il en fait du marketing politique d’un goût très discutable, surtout au regard des us et coutumes bantoues africaines.
Plus qu’effaroucher les bonnes consciences, la composition traîtresse du cabinet Fatshi incite à s’interroger sur le véritable projet de société qui sous-tend les ambitions du jeune acteur politique qui a pris les rênes d’une partie de l’opposition politique. Et appelle à l’instauration d’un régime de transition aux contours dangereusement flous : Félix Tshilombo Tshisekedi peut-il mieux que se poser sur « le trône de Papa » ?
J.N.
CABINET FATSHI : La composition qui trahit Félix
