Cela s’est passé il y a quelques semaines, au cours d’une visite fortuite du Chef de l’Etat, Joseph Kabila, au quartier huppé de Mont Fleuri dans la commune de Ngaliema. Sur le chemin du retour, comme à son habitude, le Président de la République s’offre une marche à pied qui le conduit jusqu’au pont à l’entrée de Mont Fleuri. Où l’attend une surprise peu agréable : le petit cours d’eau qui coule en dessous du pont est complètement enfoui dans tas de déchets, essentiellement des déchets plastiques. Des témoins de l’événement rapportent que sur le champ, Joseph Kabila a fait venir le gouverneur de la ville, André Kimbuta Yango, qu’il a instruit de faire nettoyer les lieux. Ce fut fait, mais l’entrée Mont Fleuri n’est qu’une mince face l’iceberg des immondices et autres déchets plastiques qui gitent allègrement le long des cours d’eaux de la capitale rd congolaise.
Le Maire de Kinshasa s’est employé à apporter une solution définitive au problème des immondices, qui s’est particulièrement aggravé depuis l’arrivée à terme du programme d’assainissement de l’UE, le PAUK. Au ministre d’Etat en charge de l’économie nationale, André Kimbuta a proposé un projet d’instauration d’une taxe d’assainissement, susceptible d’être étendue à toutes les villes de la République. Et une commission mixte Hôtel de Ville – experts du ministère de l’économie a été mise sur pied pour étudier les contours du projet. « On dit aux pollueurs de prendre la facture en charge. Ici, chez nous, c’est nous tous qui polluons parce que chacun jette les sachets où il veut. Chacun de nous participe à la dégradation de la ville. Donc, chacun de nous doit aussi participer à l’assainissement de la ville si nous voulons avoir des enfants en bonne santé et surtout si nous voulons vivre comme des hommes ». Telle est l’idée qui président à l’instauration de la nouvelle taxe, aux dires de Joseph Kapika.
Dans les couloirs de la Mairie, où la question de l’évacuation des immondices et autres ordures s’est heurtée au peu d’enthousiasme du sommet de l’exécutif Matata Mapon, on se réjouit. « La taxe sur l’assainissement ne date pas d’aujourd’hui, rappelle-t-on. Elle existe depuis l’époque coloniale. C’est pourquoi les villes, à l’époque, étaient toutes salubres. Les anciennes administrations urbaines de Kinshasa les appliquaient, mais elle ne concernait que les municipalités et quartiers les plus huppés de la capitale tels que Gombe, Ma campagne, Binza-Pigeon, Mont-Fleuri. Aujourd’hui à notre sens, il faut renforcer cette taxe et la ressusciter. Et bien l’appliquer sans complaisance ».
Pour l’instant, le ministre a tenu à le préciser, la taxe sur l’assainissement ne concerne pas la population. Seuls les gros pollueurs, les entreprises et les régies financières, sont astreints au paiement de la nouvelle-ancienne taxe.
DAVID MUTEBA KADIMA