La question du calendrier électoral n’arrête pas de tarauder certains esprits, en RD Congo, un peu moins depuis qu’il est certain que le processus électoral a atteint le chemin de non-retour, mais peut-être aussi et surtout à l’étranger. Le 5 septembre dernier encore, rechaussant ses bottes néocolonialistes, le vice-premier ministre et ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders, a déclaré péremptoirement sur les ondes RTL que «on va débattre du Congo prochainement au Conseil de sécurité de l’ONU. Il faut maintenant un calendrier électoral précis. Il y a un accord qui a été signé entre le pouvoir et l’Opposition. Il faut maintenant le mettre en œuvre (…). La pression va rester forte. Il y a déjà celle de l’Union européenne ». Le ministre libéral belge, qui n’a cessé ces dernières années de trancher sur les affaires de la RD Congo comme s’il s’agissait de sa Wallonie natale ou de la Flandre reconnaît néanmoins qu’il faut des élections pour s’assurer de la légitimité des personnes qui animeront le partenariat, qu’il juge « important », entre le Royaume de Belgique et son ancienne colonie.
Il est évident que les nécessités qui imposent l’organisation des élections ne sont pas les mêmes, entre le gouvernement belge et celui de la RD Congo. Les élections et le calendrier électoral attendus par la Belgique, c’est manifestement pour offrir à l’ex métropole des dirigeants « moulés » pour l’aider à résoudre ses propres problèmes à elle. Pour poursuivre le type de coopération qui perdure depuis l’accession de l’ex colonie à la souveraineté nationale et internationale, en principe, donc. Ce qui n’a guère permis le développement du pays de Lumumba malgré ses immenses potentialités naturelles, dont on peut tout dire sauf qu’elles n’ont pas profité au Royaume de Belgique. Le chronogramme électoral attendu par les autorités gouvernementales belges paraît donc plutôt un chronogramme déclencheur, non pas des élections nécessairement, mais d’un processus d’installation au pouvoir d’affidés et de clients susceptibles de préserver les intérêts belges et européens en RD Congo. Il diffère sensiblement, cela va de soi, d’un chronogramme pour assurer l’alternance pacifique et le bien-être collectif dans un pays post-conflit, tout en pérennisant sa souveraineté et son indépendance et en confortant la laborieuse démocratisation dans laquelle le pays s’est engagé il y a un peu plus de 10 ans, en 2006.
En RD Congo, le plus urgent et le plus difficile n’est donc pas la confection d’un calendrier électoral. Cela, Corneille Nangaa, le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante l’a encore expliqué à la presse le 5 septembre 2017 à la Maison des élections à Kinshasa. Le calendrier électoral n’est pas la condition sine qua non de la tenue des élections. Le plus important est le financement des opérations du calendrier électoral sans asphyxier le pays, l’appui technique à la réalisation de ces opérations, ainsi que la mise à disposition d’un arsenal législatif qui permette l’élaboration de ce calendrier. Un calendrier électoral peut donc être publié et ne pas pouvoir s’exécuter, faute de financement, par exemple. Or, on sait qu’avec l’Union Européenne et les autres partenaires au processus électoral rd congolais, la Belgique n’a pas encore versé un rond à la préparation des élections tant réclamées. Les partenaires occidentaux de la RD Congo mettent un soin particulier à ne financer que des activités connexes, de communication par exemple, de la CENI mais surtout d’ONGs proches de l’opposition, sous couvert de sensibilisation du corps électoral, jusque-là.
Dans ces conditions, réclamer à cor et à cri un calendrier électoral équivaut à demander à la CENI d’étaler ses besoins financiers, logistiques, etc., qui se chiffrent à plus d’un milliard de dollars US, pour imposer des négociations autour de sa mise en œuvre, et se donner de nouveaux moyens de faire pression et de peser sur le processus. C’est un calendrier déclencheur de pressions qui est attendu, pas un chronogramme pour y aller carrément.
Le processus électoral est, en fait, financé sur fonds propres du gouvernement congolais. Les discussions autour de son élaboration débutent le 11 septembre prochain et mettront face-à-face, conformément à l’accord de la Saint Sylvestre, la CENI, le Gouvernement et le CNSA (Comité National de Suivi de l’Accord et du Processus). Les travaux techniques en commission à Kananga à l’occasion de la première rencontre CNSA-Gouvernement-CENI ont permis de dégager les principaux déterminants à la confection du calendrier électoral, a expliqué Corneille Nangaa à la presse mardi dernier.
J.N.