A l’instar des pèlerins et des touristes qui s’entassent place Saint Pierre à Rome lors de la désignation d’un Souverain Pontife par les cardinaux réunis en conclave, les Congolais viennent d’être informés par les réseaux sociaux de la révision de leur constitution et du nom de leur futur Président de la République de la fameuse « transition sans Kabila ». C’est à la faveur d’une conférence tenue à l’hôtel Marriott de Paris devant la diaspora Congolaise que l’heureux nominé en a lui-même fait l’annonce. Il s’agit du gynécologue Congolais Denis Mukwege qui, tout émoustillé d’avoir peu auparavant été reçu par l’un des maîtres du monde, le président français Emmanuel Macron a lancé à la cantonade : « Je suis prêt à diriger la transition citoyenne ». Ce n’est que par la suite qu’il a cru devoir appeler le peuple à « un combat uni pour restaurer l’ordre constitutionnel tel que l’exige la loi fondamentale de la République démocratique du Congo », en oubliant manifestement qu’il foulait carrément ledit ordre constitutionnel qui exclut toute éventualité de vide juridique à la tête de quelque institution que ce soit.
Pour essayer de donner le change l’ambitieux personnage principal du documentaire « L’homme qui répare les femmes » du réalisateur Belge Thierry Michel et de la journaliste Collette Braeckman a ajouté que cette lutte « ne doit pas passer par la violence plutôt par un combat pacifique dans l’unité ».
Un participant à la conférence a confié à Politico.cd, qu’au cours de son intervention, le fondateur de la Fondation Panzi qui fonctionne dans les installations de l’hôpital public de référence qui porte le même nom (où sont traitées les femmes victimes de violences sexuelles à l’est de la RDC) a passé en revue la situation politique du pays, avec la crise s’enlisant suite à l’incertitude de l’organisation de l’élection présidentielle prévue théoriquement en séquence unique avec les scrutins législatifs et provinciaux avant la fin de l’année 2017 par l’Accord du 31 décembre.
La source précise à Politico.cd que Denis Mukwege s’est déclaré prêt à diriger la transition citoyenne qui va restaurer l’ordre constitutionnel en République Démocratique du Congo si les élections ne sont pas organisées dans le délai prescrit par l’accord de la Saint Sylvestre. Il n’a rien dit par contre du sort pendant ladite transition des autres institutions électives (Assemblée Nationale, Sénat et Assemblée Provinciale) dont les mandats sont aussi arrivés à terme, pour certaines depuis plus de 5 ans.
Peu avant la conférence avec la diaspora Congolaise de Paris, Denis Mukwege avait rencontré le président Français Emmanuel Macron. Bien que le contenu de l’entretien entre ces deux personnalités n’a pas encore filtré, la large distribution des images de cette rencontre entre ce médecin proche de l’opposition et des mouvements « citoyens » Congolais et l’initiateur de la République En Marche laisse croire qu’il la considère comme un élément décisif de légitimation de sa démarche.
Depuis un moment, le nom du gynécologue Congolais, présentée comme l’homme avec le plus grand nombre de récompenses au monde (plus d’une trentaine) circule sur les réseaux sociaux en tant que « personnalité pouvant incarner le profil du président de la transition ».
Mais plusieurs observateurs que le médecin directeur de l’hôpital d’Etat de Panzi serait mieux inspiré de continuer le combat qu’il mène depuis de décennies dans le domaine qu’il maîtrise : celui des soins des fistules obstétriques et qu’il a tort de se laisser entrainer dans la marre aux crocodiles que constitue l’arène politique congolaise. C’est en tout cas l’avis d’une spécialiste aussi pointue de la situation congolaise que la journaliste et auteure belge Colette Braeckman qui n’a jamais caché son appréciation du travail accompli par Mukwege et son équipe au Sud Kivu.
B.B.