Elles poussent comme des champignons, sont partout à la fois et depuis fort longtemps et s’occupent de tout, au point que l’opinion peine à les distinguer les unes des autres. Elles, ce sont les fameuses organisations non gouvernementales et les agences ou organisations internationales qui essaiment comme des champignons dans les pays africains depuis quelques décennies. Elles ont en commun le fait de ne pas dépendre des pouvoirs publics des pays d’accueil, surtout financièrement, voire de s’opposer carrément à eux. Elles ont investi tous les secteurs de la vie publique : santé, climat, droit et justice, sports, économie, éducation … pour le grand le plus grand bien de… leurs sponsors et de leurs animateurs qui y ont trouvé un moyen commode et peu coûteux d’atteindre leurs objectifs stratégiques pour les uns et un gagne-pain confortable pour les autres.
Décrocher un emploi dans une « grande » ONG ou une organisation internationale, c’est bénéficier d’un salaire cossu, 4 à 10 fois plus élevé que les salaires locaux. Et rouler dans une 4 x 4 climatisée sur les routes cahoteuses de l’immense arrière-pays rd congolais ou dans ses nombreuses agglomérations urbaines. Si elles n’ont pas encore apporté le salut collectif pour lequel elles œuvrent, ONG et organisations internationales peuvent, à cet égard, se targuer de quelques saluts solitaires.
Elles sont … la crise
En RD Congo, il semble que l’afflux d’ONG et d’organisations internationales coïncident avec les périodes de vaches maigres, sous la deuxième République de Mobutu Sese Seko. Vers la fin de la décennie ’70, plus ou moins, lorsque l’économie extrêmement extravertie et dépendante du sous-sol avait commencé à être frappée de plein fouet par la crise économique mondiale (selon les explications qu’en donnaient les barons des pouvoirs publics mobutistes …). Certes, on ne peut pas affirmer qu’il n’ait pas existé d’organisation internationale avant cette période : des organisations comme l’OMS, l’Unicef, la FAO et autres étaient bien représentées au Zaïre de Mobutu. Mais ainsi que témoigne cet ancien de l’Université Lovanium de Kinshasa, elles étaient plus discrètes. « On n’en entendait pas parler … ». Organisations non gouvernementales et organisations internationales ont poussé avec la crise, à l’évidence. Au point que dans l’imaginaire fertile de certains en RD Congo, elles sont … la crise elle-même, au propre comme au figuré.
Au pays de Lumumba, les succès mitigés de la plus grande de toutes les organisations internationales, l’ONU, ne sont pas étrangers à cette perception de plus en plus négative de l’apport des internationaux dans le bien être communautaire et national. C’est depuis la fin de la bien nommée première guerre mondiale africaine au cours de laquelle près d’une dizaine de pays se sont militairement affrontés sur le territoire national, en 2000, que les onusiens sont là. Cela fait 17 ans que la plus grande force des Nations-Unies, forte de près de 20.000 hommes, peine à imposer la paix. Mais elle n’en demeure pas moins maintenue malgré le coût exorbitant qu’elle coûte à la communauté internationale, au point qu’aux yeux de certains observateurs, et même des pouvoirs publics qui réclament sans beaucoup de succès la réduction de ses effectifs, elle a fini par prendre les allures d’une véritable force d’occupation étrangère comme une autre.
Résultats mitigés
D’autres organisations du genre semblent, elles aussi, se complaire des crises que traversent le pays, qui attirent ou procurent, c’est selon, des milliards en devises fortes, dollars ou euros. Lundi 14 août 2017, la FAO (Agence des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) lançait un véritable cri d’alarme sur la famine qui menacerait rien moins que 7,7 millions de personnes en RD Congo. Du fait des actes de violences couplés à l’invasion des chenilles légionnaires qui déciment les cultures. Le même jour, Ocha, le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, a fait état de quelque 2,8 millions de personnes en grave insécurité alimentaire dans les deux provinces du Kasaï perturbées par la milice armée ‘Kamuina Nsapu’. Et d’un financement disponible, sans doute encore insuffisant, d’1,3 millions de dollars, don de la coopération Suisse. Parce que c’est 812 millions de dollars américains que Ocha a sollicités des bailleurs de fonds pour faire face à la crise humanitaire en RD Congo. Seulement, lorsque le même lundi 14 août, des mouvements spontanés de retour des réfugiés rd congolais de l’Angola voisin où ils avaient fui l’insécurité régnant dans leurs villages sont annoncés, Ocha se rebiffera quelque peu. Car, dans les provinces kasaiennes ravagées par les violences perpétrées par des milices se réclamant de Kamwina Nsapu, les efforts de pacification entrepris par le gouvernement avaient porté les fruits escomptés.
Petit à petit, la paix revient dans les villages et agglomérations désertées il y a quelques mois. A Luebo, par exemple, l’évêque catholique du lieu est récemment retourné dans son diocèse. Sur les quelque 30.000 réfugiés rd congolais en Angola, près de 20.000 réfugiés avaient pris le chemin du retour chez eux (12.200 au Kasai Central et 9.000 dans la province de la Lomami), selon un rapport … d’Ocha. Mais, paradoxalement, cette perspective de normalisation a semblé déranger de certaines ONG et organisations internationales, dont Ocha, aussi curieux que cela paraisse. Ces mouvements de retour « … ne justifient pas l’amélioration de la situation humanitaire dans des zones affectées par des violences », s’est défendu cette dernière dans une communication rendue publique quatre jours plus tard, le 18 août 2017.
Contre-pouvoirs
Sur ce registre de la chicanerie rituelle sur fond d’insatisfaction chronique, une ONG internationale, Human Right Watch (HRW), fait figure de championne en RD Congo et prolifère en communiqués et rapports uniformément désastreux sur la situation politique et sécuritaire du pays. Dans l’enquête sur le double meurtre d’experts onusiens assassinés en mars dernier dans cette même région kasaïenne, au moins deux rapports onusiens avaient fait état de la responsabilité probable de terroristes se revendiquant des milices Kamwina Nsapu ou d’un groupe hétéroclite d’individus qui pourrait impliquer des forces de sécurité gouvernementale. Comme si les deux entités qui n’ont eu de cesse de se faire la guerre dans cette partie du territoire étaient alliées et interchangeables…
Les multiples rapports disséminés aux quatre vents par Ida Sawyer, la « spécialiste » de la RDC chez Human Rights Watch, ne tiennent aucun compte du fait notoire et avéré que la justice militaire rd congolaise qui instruit le dossier de l’assassinat de la Suédoise Zaida Catalan et de son collègue américain Michael Sharp a formellement inculpé des auteurs de ce crime crapuleux, dont des éléments Kamwina Nsapu, et pourrait clore le dossier d’ici quelques mois. Mais de toute évidence, une telle conclusion dérange au plus haut point HRW dont la chercheuse senior pour la RD Congo s’est fendue, le 17 août dernier, d’une déclaration selon laquelle « on ne peut pas se fier au gouvernement congolais pour trouver les tueurs ». En délicatesse avec les autorités congolaises qui ont refusé de renouveler son visa professionnel à cause de ses excentricités légendaires, dame Sawyer a ajouté que « M. Guterres devrait mettre en place une enquête des Nations Unies pour faire toute la lumière et aider les autorités américaines et suédoises dans leurs efforts pour constituer des dossiers contre les responsables de ce crime odieux », piétinant allègrement aussi bien une résolution adoptée en bonne et due forme par le Conseil des Droits de l’Homme des Nations-Unies de Genève que les lois internationales qui veulent que ce soient les autorités du pays membre de l’ONU où surviennent de tels incidents qui se chargent de l’instruction du dossier ainsi que de la poursuite et du jugement de leurs présumés auteurs.
Financements obscurs et intéressés
La tendance des ONG et autres organisations internationales à se substituer aux pouvoirs publics dans les Etats Africains, particulièrement en RD Congo, est donc plus que manifeste. On n’est pas loin d’une tentative de recolonisation de fait du pays et du continent par ONG occidentales interposées avec l’appui plus ou moins subtil de certaines organisations internationales. Les révélations autour des financements et d’appuis internationaux dont bénéficient ces organisations et autres « mouvements citoyens » qui se sont chargés de « dégager » des dirigeants dans certains pays ces dernières années sont de nature à le confirmer. Une récente enquête de nos confrères de Jeune Afrique en a révélé quelques pans, en ce qui concerne des organisations réputées recommandables comme Oxfam, Global Witness, l’Open Society Foundation (OSF). Même la très célèbre Cour Pénale Internationale de la Haye n’est pas à l’abri de ces soupçons. Toutes sont des organisations et institutions qui seraient soutenues à coups de milliards, entre autres, par le milliardaire juif américain d’origine hongroise, George Soros (né György Schwartz), dont les intérêts financiers et des affaires ne sont jamais évoqués par les fins limiers de la presse d’investigation occidentale. L’homme qui est également à l’origine de la création de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries d’Extraction minière (ITIE), ne crache pourtant pas sur les richesses naturelles du continent qui lui ont déjà permis de réaliser ses plus beaux coups financiers. « Au début de 2016, il (Soros) achète 19,41 millions d’actions du minier Barrick Gold (notamment présent au Mali, au Burkina, au Kenya et en Tanzanie à travers sa filiale Acacia Mining), puis en revend 94 % alors que l’action a grimpé de 191,46 % », rapporte JA. Le bienfaiteur autoproclamé de la veuve et de l’orphelin africain a réalisé ainsi en quelques trois mois seulement une plus-value estimée à quelques 127 millions de dollars US sur le dos des damnés de la terre au secours desquels il prétend se déployer…
L’exemple Global Witness
Lorsque Global Witness, par exemple, tire la sonnette d’alarme sur la crainte de l’utilisation des ressources naturelles de la RD Congo à « des fins électorales », le 11 mai 2017, la toute puissante ONG financée (entre autres) par George Soros se garde de dire à quelles fins elle aurait souhaité que ses ressources soient utilisées. Mais elle n’en exerce pas moins une sorte de contrôle et de censure au nom de principes encore plus obscurs que leur utilisation au financement des élections qui font pourtant partie du processus de démocratisation du pays de Lumumba prétendument défendu par celui qui la soutient financièrement. Il y a donc plus qu’à boire et à manger dans cette nébuleuse ongdéïsante, et sûrement aussi … à s’étrangler de dégoût, lorsqu’on apprend que des organisations philanthropiques de façade comme l’OSF du même George Soros ont déjà réussi à positionner, ci et là à travers le continent africain, l’un ou l’autre de ses pions au sommet des appareils d’Etat…
L’enquête de Jeune Afrique ne s’arrête pas en si bon chemin. Elle révèle que la très respectable Mme Ellen Johnson Sirleaf, future ex. chef de l’Etat du Libéria, vainqueur du célèbre footballeur Georges Weah en 2006, n’avait été qu’une quasi-fabrication de la galaxie sorosienne. Elle fut en effet la première responsable d’OSIWA, la branche ouest-africaine de l’OSF de Soros. La West Africa Democracy Radio (WADR) qu’elle avait créée en 2005 a, elle aussi, bénéficié d’un juteux financement d’OSIWA…
Ellen Johnson Sirleaf ne serait pas le seul produit des bien-pensantes organisations internationales propulsé au sommet des Etats du continent, puisqu’il est fait état par nos confrères de liens très étroits entre l’actuel président de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, avec le milliardaire juif américain d’origine hongroise.
Dans ces conditions, l’invasion d’ONG et d’organisations internationales prétendument bienfaisantes devraient faire réfléchir davantage les Africains en général et les Rd congolais en particulier.
J.N.