Les membres de l’aile katumbiste du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop/Limete) avaient besoin des effets de l’annihilation de la manifestation des adeptes de Bundu dia Kongo de lundi dernier pour la réussite de l’appel à l’observation de deux journées de « ville morte » par une population apeurée. Raté : la population a vaqué librement à ses occupations…
Sous le titre “Evénements du 7 août : Katumbi évoque une stratégie pensée et exécutée par le régime”, nos confrères en ligne, Actualite.cd ont repris le même jour les propos du candidat du G7 à la présidentielle en rapport avec les troubles survenus à Kinshasa et au Kongo central sous la responsabilité du mouvement politico-religieux Bundu Dia Kongo. “Cet épisode de violence, qui vient de s’ajouter à tant d’autres depuis plus d’un an, a été pensé et exécuté par le régime dont la stratégie est claire : faire régner le chaos dans le pays afin d’instaurer l’état d’urgence et ainsi créer un environnement propice à son maintien illégal au pouvoir”, a-t-il annoncé dans un communiqué de presse. Condamnant avec la dernière énergie ce qu’il qualifie de “stratégie criminelle”, l’ancien gouverneur du Katanga “révèle, pour ceux qui en doutaient encore, le vrai visage de Joseph Kabila qui sacrifie des vies d’innocents pour parvenir à son objectif de pouvoir à vie”. Actualité.cd termine sa dépêche par l’invitation adressé par Moïse Katumbi aux “Congolais à observer les journées villes-mortes les 8 et 9 août, comme programmé par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement“…
La logique veut qu’une journée ville morte soit réellement une journée au cours de laquelle aucun mouvement n’est observable sur la voie publique. C’est-à-dire, pas de circulation d’hommes ni de véhicules, à quelques exceptions près.
Reste à savoir par quelles voies réussir une telle opération, à Kinshasa particulièrement. A en juger par la réaction des kinois à l’appel des radicaux de l’opposition après les incidents BDM de lundi dernier, la répression brutale de la manifestation n’en est pas une. Parce qu’elle ne peut avoir pour effet que d’inciter les gens à se terrer chez eux plutôt qu’à se hasarder dehors. L’annihilation de la tentative insurrectionnelle BDM de lundi dernier ne peut donc avoir profité qu’aux radicaux de l’opposition.
Déflagration escomptée
D’ailleurs, il ne pouvait en aller autrement, quand on analyse froidement les trois faits ci-après :
– La manif’ BDM a été annoncée pour le 7 août 2017 bien avant le conclave du “Rassop/Limete” tenu du 21 au 22 juillet dernier, dont les participants au centre Béthanie à la Gombe et au siège de l’UDPS à Limete étaient au courant. En programmant des journées mortes les 8 et 9 août, les radicaux de Limete savaient pouvoir compter sur l’effet multiplicateur du programme BDM. Et escomptaient sans doute une de “Trois Glorieuses” allant du 7 au 8 et du 9 août 2017.
– Les membres de “Rassop/Limete” ont retenu les dates du 8 et du 9 août 2017 avant même de leur trouver un justificatif étant donné que le 2 août, ils ont remis à la Céni leur mémorandum exigeant :
“a. la publication du calendrier électoral au plus tard le 1er septembre 2017 en vue de respecter le délai pour la convocation du corps électoral pour le scrutin présidentiel;
b. la publication des résultats des opérations d’enrôlement des électeurs au plus tard le 31 juillet 2017 par la CENI comme elle s’y est engagée ;
c. la convocation de l’électorat au plus tard le 30 septembre 2017”.
En toute logique, une “journée ville morte” n’a de sens qu’après constat du non-respect, par la Centrale électorale, des exigences exprimées, et non avant.
– Les pro-Katumbi du “Rassop/Limete” n’avaient pas besoin d’être absents du pays pendant ces “Trois Glorieuses”. Les sujets pour lesquels ils devaient se retrouver à Bruxelles – les mêmes repris dans les déclarations du G7 et du “Rassop/L” entre juin et juillet – ne nécessitaient pas absolument le déplacement dans la capitale belge trois ou quatre jours avant les “journées ville-morte” programmées. Or, ils s’y sont rendus comme pour se mettre à l’abri d’une déflagration escomptée…
Ces trois faits à eux seuls incitent à croire que le “Rassop/L” a proprement piégé la journée ville-morte du 8 août en espérant tirer profit de la manif’ BDM.
Raté : est pris qui croyait prendre !
Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum