Fin de mois de juillet et début d’août mouvementé au siège de la centrale électorale rd congolaise, sur boulevard du 30 juin à la Gombe où audiences, réceptions et réunions se succèdent à une cadence insoupçonnée depuis quelques jours. Acteurs politiques, représentants d’organisations internationales et d’Etats étrangers se bousculent au portillon, signe que les lignes bougent. Dans le sens de la tenue de plus en plus certaines des scrutins électoraux en RD Congo, à des dates qui, certes, demeurent la grande inconnue. Mais n’en justifient pas moins le défilé observé depuis la fin du mois dernier, lorsque les Nations-Unies ont expédié Wane El Ghassim, l’Assistant du Secrétaire Général en charge des opérations, s’assurer du déroulement des opérations préélectorales.
S’en est suivi, mercredi 2 août dernier, cette importante réunion des partenaires techniques et financiers du processus électoral en RD Congo, qui a fait un état des lieux des mêmes opérations électorales. Mais surtout s’est laissé dire qu’au 31 juillet 2017, le point de non-retour avait largement été dépassé : 31 sur les 42 millions d’électeurs attendus avaient été enrôlés. Soit 91 % de l’électorat, et donc près du double du nombre d’enrôlés pour les scrutins de 2006 et 2011.
Poids électoral révélateur
Ne restent donc plus à intégrer le nouveau fichier que les électeurs des provinces kasaïennes dont l’enrôlement a été retardé par l’insécurité causée par les milices se réclamant du Kamwina Nsapu. Ce sont eux qui représentent les 5 millions attendus, soit 9 % de l’électorat national. Des chiffres et des statistiques qui étonnent, compte tenu du poids électoral réel de ces provinces pourvoyeuse d’un impressionnant nombre de leaders politiques.
Le retour du président de la Commission Electorale Indépendante à Kinshasa, au terme d’une mission qu’il a conduit dans les provinces kasaiennes semble avoir sonné l’hallali. De Tshikapa, le chef-lieu de la province du Kasai, où les populations pourtant meurtries par les exactions des terroristes « Kamwina Nsapu » ont fait preuve d’un engouement édifiant pour les scrutins à venir, Corneille Nangaa a annoncé le lancement imminent des dernières opérations d’identification et d’enrôlement du processus en cours. L’information semble avoir ébranlé plus d’un acteur politique, dans les rangs de l’opposition radicale jusque-là peu enthousiaste et pessimiste.
Les radicaux chez Nangaa
Mercredi dernier, Jean-Bertrand Ewanga Is’Ewanga, porte-parole de l’Alliance pour le Renouveau, une plateforme du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (RasOp/Limete), s’est astreint au déplacement du siège de la CENI. Pour y déposer un mémo du RasOP, a-t-on assuré. Mais surtout pour se rendre compte de l’irréversibilité du processus et tenter d’en tirer autant d’avantages politiques que possible.
Le contenu du mémo des radicaux, l’ancien gouverneur de l’Equateur pour le compte du PPRD en fait état : il exige, conformément aux résolutions du dernier conclave des Katumbistes, convocation de l’électorat, publication du calendrier électoral, organisation des élections en 2017.
Les statistiques seront publiées
De la CENI, la délégation de Jean-Bertrand Ewanga est ressortie nantie de quelques assurances : des résultats partiels de l’enrôlement des électeurs seront rendus publics. «Nous venons de recevoir une forte délégation du Rassemblement qui est venue nous déposer un mémorandum. Bien attendu nous allons réserver une réponse écrite, nous en avons profité pour échanger avec la délégation sur des questions majeures touchant le processus électoral. Il y a certains conseils qu’ils nous ont prodigués. Ils nous ont demandé que quelles que soient les contraintes liées au fait qu’on n’a pas pu clôturer l’opération le 31 juillet, il serait quand-même indiqué que la CENI publie partiellement les résultats de l’enrôlement requête à laquelle la CENI a cédé. Nous allons donner les statistiques de l’enrôlement. Toutefois, nous avons précisé que les données publiées sont les données brutes qui pourront subir des modifications mais pour de raisons de transparence nous allons le faire», a expliqué le président de la centrale électorale à la presse au sortir de l’entrevue de près de 2 heures accordée aux radicaux de l’opposition. Rien de plus, à en juger par un compte-rendu de la rencontre parvenu au Maximum. Le document renseigne que Jean-Bertrand Ewanga a suggéré « qu’en cas de force majeure de non tenue des dates telles que décidées dans l’accord de la Saint Sylvestre, la CENI doit avant tout privilégier d’organiser l’élection présidentielle ». Ce qui représente une autre paire des manches, parce qu’il n’appartient pas une frange de l’opposition de décider des priorités des scrutins à organiser, s’il faut s’en tenir à l’Accord de la Saint Sylvestre qui stipulent que l’organisation en une fois des trois séquences électorales : la présidentielle, les législatives nationales et les législatives provinciales. La demande de la délégation indique qu’un vent de panique gagne les esprits parmi ceux qui ont mis du temps à croire en la tenue d’élections dans un délai raisonnable en RD Congo.
J.N.