Elle aura certainement une des stars, d’hier ?, à laquelle l’explosion tant sur le plan discographique que scénique a conféré une notoriété incontestable. Grâce à une voix limpide qui la distinguée durant ses années de « collaboration » avec le Seigneur Rochereau Tabu Ley au sein de l’Afriza international.
Sur scène, Mbilia Bel captivait plus d’un spectateur par ses coups des reins renversants et une technique de danse éprouvés qui ont rapidement fait d’elle la meilleure chanteuse du pays entre les années 1985 et 1987. Vedette féminine la mieux cotée du Zaïre de l’époque, Mbilia a gravé dans les cœurs de nombreux mélomanes congolais et étrangers, beaucoup de souvenirs agréables. Marie-Claire a marqué, par sa stature phénoménale d’artiste-musicienne, d’une empreinte indélébile sa présence dans l’Afrisa International de Tabu Ley Seigneur Rochereau, son maître, encadreur et formateur avec qui elle a fait une fille, Mélodie Tabu.
Les mélomanes des séries 30, 40, 50 et 60 le reconnaissent : Mbilia Bel avait réellement pris la relève de ses aînées disparues : les chanteuses Kitoto, Lucie Eyenga, Fothas et tant d’autres qui, de leur vivant, avaient pris le courage de s’engager dans cette sinueuse et difficile carrière musicale pour rivaliser, si pas briser, le mythe qui faisait à l’époque que la musique soit l’apanage – pour ne pas dire, la chasse gardée –du sexe masculin. Les précitées se seront sacrifiées en déblayant le chemin pour les générations féminines futures qui évoluent aujourd’hui à leur guise dans la carrière musicale. Des chanteuses, instrumentistes ou danseuses, pullulent aujourd’hui à leur guise. Certaines osant même se lancer dans la carrière encore plus laborieuse de manager ou de porte-parole, comme la célèbre et intrépide Kisindjora, sœur ainée du défunt Ndonga Babia du Quartier Latin international de Koffi Olomide.
Prédestinée
Marie-Claire Mboyo « Mbilia Bel » est née à Kinshasa le 30 août 1959. Son père, Mbala Mbondo dit « Louis XIV”, était déjà un amoureux de la musique, célèbre danseur de la charanga à Bumba, dans la province de la Mongala. La mère de Marie-Claire s’appelle Mboyo Mbilia.
A l’âge de 10 ans, Mbilia Bel était déjà attirée par la musique et n’a pu opposer la moindre résistance pour s’y laisser emporter. Au cours d’une longue entrevue en sa résidence du quartier Bon Marché dans la commune de Barumbu, elle déclarait que c’est la togolaise Bella Below, en tournée au Zaïre en 1969, qui l’avait marquée de sa voix charmante envoûtante. Depuis, Mbilia avait pris l’option non seulement de chanter comme elle, mais aussi devenir une grande star féminine de la musique africaine. Mbilia s’appliquait bien à l’école. Elle a fait 6 années primaires et quelques années des Humanités qu’elle n’a pas terminées, a-t-elle confié.
En 1976 – elle a 17 ans -, Mbilia suivait un communiqué radiodiffusé qui annonçait que la chanteuse Abeti Masikini recherchait des choristes pour son groupe. Elle sauta sur l’occasion, d’autant plus que choriste, elle l’était déjà à la paroisse catholique du quartier 12 dans la commune de Ndjili. Après un test concluant, elle est engagée dans le groupe de la « Tigresse aux griffes d’or », ainsi qu’était surnommée Abeti Masikini. Deux ans après, des danseuses quittent en masse le groupe laissant ainsi des vides à combler. Abeti découvre ainsi Mbilia qui abandonne le micro en faveur de la chorégraphie. Elle s’y prend tellement bien que l’auteure de Likayabu et patronne du groupe en fait sa danseuse principale. Quelques mois après, Mbilia quitte « Les Redoutables » (c’est le nom de l’orchestre de la Tantine Abeti) et décide de ne plus rien faire, pendant un an.
Choriste dans le groupe « Les Redoutables »
En 1979, Abeti se souvient de Mbilia Bel qu’elle va personnellement chercher à Ndjili, chez ses parents. Mbilia regagne « Les Redoutables » et reprend sa place de danseuse principale. Pas pour longtemps car, elle brisera encore la chaîne…En 1980, Marie-Claire Moseka pense reprendre ses études. Elle s’en va s’inscrire dans une école à la Gombe pour une formation en secrétariat de direction. Tout se passe bien jusqu’à la mi-‘81, lorsque le célèbre chanteur Sam Mangwana lui proposer d’accompagner l’orchestre Bo-Bongo pour quelques concerts. La jeune femme mord à l’hameçon. Au cours d’une tournée au Shaba, actuellement Katanga, Mbilia s’estime floué. Elle « cochonnée », dit-elle. Et décide cette fois mettre un point final à la carrière musicale.
L’homme propose, Dieu dispose… Pendant que cette artiste innée usait ses savates sur le chemin d’un centre de formation à la dactylographie et à la sténographie, Michel Sax, saxophoniste de l’Afriza du Seigneur Tabu Ley, lui propose de remplacer les « Yondo Sisters », deux sœurs, danseuses et chanteuses, qui viennent de quitter le groupe.
Afrisa International.
Mbilia oublie sa décision de ne plus faire de la musique. Rochereau l’accueille à bras ouverts, mais la soumet à un test au chant et à la danse. Mbilia épate le patron de l’Afrisa qui n’hésite pas à l’embaucher. Il la rebaptise, séance tenante, du surnom de « Mbilia Bel ». Les premières chansons : Mpeve a Longo et Eswi yo wapi qu’elle interprète au studio Vévé font rage sur le marché. Mbilia Bel monte aux firmaments. Elle s’impose davantage sur le marché du disque à travers Boya ye, Mbanda monument, Nakei Nairobi, Beyanga, Yamba nga, etc. La côte de l’Afriza va crescendo. Mbilia est sollicitée de partout pour des contrats fructueux. Rochereau, son faiseur, en est très content. Il réalise des chiffres d’affaires colossaux.1985, 1986 et 1987, Mbilia Bel est sans concurrente. Meilleure chanteuse et danseuse sur scène, elle se maintient au panthéon. Elle effectue, avec son maître, Tabu Ley, et l’Afriza International plusieurs voyages à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
« Phénomène 50 ans »
1988-1989, la chanteuse Mbilia collabore avec un virtuose de la guitare, Bamundele Rigo Star, installé en Europe. De cette collaboration naissent des tubes comme Phénomène 50 ans, Manzilili-manzili, Bolingo eponi ekolo te, etc. qui font bouger le monde musical. Des pêcheurs en eaux troubles et des jaloux fomentent un coup contre la perle féminine en propageant des nouvelles impropres.
En 1989, Mbilia est contrainte de regagner en catastrophe le pays. Depuis, elle se débrouille tant bien que mal pour sauver la face. Avec le producteur sénégalo-français Syllart, Mbilia réussit tout de même à larguer sur le marché les albums Bellissimo, Sucré salé, The Queen, etc. qui confirment son talen, mais faute de promotion appropriée, la commercialisation de ces œuvres n’aboutit pas et ne répond pas aux espoirs.
Signalons que Mbilia s’est toujours astreinte à une discipline exceptionnelle qu’elle respecte rigoureusement : elle ne boit pas d’alcool et ne fume pas. C’est exceptionnel dans les milieux de la musique rd congolaise. Quoique de moins en moins présente dans le monde de la musique, la mère de Mélodie Tabu n’a pas encore définitivement arrêté.
ZENGA NTU