Beaucoup de peurs, et sans doute assez de mal, compte tenu des dégâts matériels enregistrés au début du week-end dernier sur le campus de l’Université de Kinshasa. Mais les incidents n’ont certainement pas eu la portée que certains, à Kinshasa et dans la communauté internationale, ont espéré leur donné. Vendredi 21 juillet dernier, Olivier Kamitatu, le porte-parole manifestement en panne d’inspiration de Moïse Katumbi Chapwe, annonçait dans un tweet quelque chose qui ressemblait à une guerre de tranchées sur le campus universitaire, où des « vaillants compatriotes » affrontaient des éléments des forces de l’ordre. Sur les raisons de cet « affrontement », le président de l’Alliance pour le Renouveau du Congo (ARC) a préféré ne pas piper mot. Tout autant que Ida Sawyer, la chercheuse senior de Human Right Watch (HRW) en délicatesse avec l’immigration rd congolaise, qui ne rate pas une occasion pour tirer sur les autorités de la RD Congo. Vendredi dernier, elle a annoncé que face aux manifestants à l’université de Kinshasa, la police tirait à balles réelles. Ce qui impliquait logiquement un bilan de blessés et de morts, que les internautes attendront sans doute longtemps. Parce qu’à l’Unikin, il n’y a point eu de morts, seulement un blessé (aux jambes), un des jeunes des quartiers riverains de l’université qui s’étaient mêlés aux étudiants. Ainsi que des dégâts matériels, notamment des véhicules de l’université et des privés, incendiés par les camarades en furie.
Un criminel chez les étudiants
Les incidents déplorés au début du week-end dernier sont nés d’une expédition de la police nationale à la recherche du cerveau moteur d’actes de terrorisme qui ont endeuillé Kinshasa ces derniers mois. Un certain Ben Cimanga wa Cimanga, recherché pour sa participation dans la récente attaque du marché central de Kinshasa au cours duquel Madame l’administrateur de ce lieu de négoce, Chantal Mboyo, a été tuée par balles, s’était retranché dans les quartiers riverains de l’université. Au terme de l’opération lancée jeudi 20 juillet dans la soirée, le criminel présumé a été arrêté, selon un communiqué rendu public par la police le 21 juillet 2017. Mais aussi au moins deux étudiants qui avaient tenté de le protéger en empêchant l’intervention des agents de l’ordre. C’est contre ces interpellations que les étudiants ont réagi en cassant tout sur leur passage. « On avait enlevé un étudiant hier. Aujourd’hui, les autres étudiants sont sortis pour manifester. Il s’agit d’un étudiant de première licence Environnement. Il nous est maintenant remis. Actuellement, les étudiants sont dans la rue », a expliqué à nos confrères de Politico.cd, Fabrice Bokembe, le coordonnateur des étudiants de l’Unikin. « Ils ont cassé. Ils ont aussi brûlé même des véhicules. La police est là. Le calme revient. Ça va mieux maintenant. Il n’y a pas de mort. Il y a un jeune qui est blessé et qu’on a emmené à l’hôpital », a-t-il ajouté, confirmant ainsi le communiqué des services de police.
J.N.