Rarement on a assisté à un tel acharnement. Au point que cela finit par perdre toute crédibilité. Sur le jeune Chef de l’Etat de la RD Congo pleuvent, à une cadence effrénée, accusations et dénonciations, les unes plus rocambolesques que les autres, dans les médias occidentaux dits mondiaux. Il y avait déjà eue cette fausse affaire de la BGFI, la succursale d’une institution bancaire internationale qui compte un proche de Joseph Kabila parmi ses administrateurs et héberge les comptes de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Un de ses employés, manifestement circonvenu par des opposants au régime de Kinshasa, avait fait sensation en dénonçant des détournements de fonds décaissés par le gouvernement en faveur de la centrale électorale. Sans grand succès, parce que l’affaire qui a fait la une des plus grands quotidiens européens s’était avérée fausse après les démentis de la CENI aussi bien que de la BGFI. Ensuite, rien qu’en ce mois de juillet 2017, au moins trois « affaires » de détournements ou d’enrichissement illicite présumés de « proches de Joseph Kabila » ont fait la Une de la grande presse européenne. A commencer par cette affaire du Yacht de luxe, propriété d’Afritec SA et de l’héritier de l’entreprise de construction rd congolaise, Alain Wan, attribuée à Joseph Kabila. Le bateau amarré dans un port sud-africain aurait couté la bagatelle somme de 25 millions d’Euros, un pactole présenté comme acquis par des moyens illicites par cette entreprise qui existe depuis les années ’70 en RD Congo.
Bloomberg, GEC, Global Witness
La semaine dernière, c’est l’agence Bloomberg et Global Witness qui sont montés au créneau. L’agence de presse économique a fait sensation en révélant que Zoé Kabila, le jeune frère du Chef de l’Etat de la RD Congo, aurait créé ou détenu des parts dans au moins une douzaine d’entreprises brassant « des millions de dollars US ». Mais Bloomberg a été doublé, sur ce terrain de la dénonciation des richesses présidentielles, par un ancien expert onusien reconverti en chercheur … contre le pouvoir en place à Kinshasa. Jason Stearn, qui a déjà eu maille à partir avec le gouvernement rd congolais pour ses rapports « un peu trop intéressés ». Se parant du manteau d’un lanceur d’alerte, il a fait état de la possession ou de la participation de proches de Kabila dans près de … 80 entreprises en RD Congo. C’est dans cette foulée que Global Witness a fait état de « quelques 750 millions de recettes minières détournés en trois ans en RD Congo », sans préciser par qui. Même si dans un rapport rendu public le 21 juillet 2017, l’Ong internationale a accusé des administrations fiscales et des entreprises minières installées au pays d’y être impliquées. Global Witness estime en fait que les sommes perçues par ces administrations fiscales et entreprises minières publiques et qui « n’ont pas été versées au Trésor public » représentaient 149 millions de dollars en 2013, 314 millions de dollars en 2014 et 291 millions de dollars en 2015, apprend-on.
Couler Kabila
Ces dénonciations surviennent à un moment plus que suspect, caractérisé par la multiplication d’initiatives politiques étrangères, essentiellement occidentales, pour le moins saugrenues, dans le but à peine voilé de « couler » le pouvoir en place à Kinshasa depuis au moins 2006. « Arrivé à la fin de son dernier mandat présidentiel, Joseph Kabila doit partir », répète-t-on avec insistance. Fin décembre 2016, par l’intermédiaire de ses relais cléricaux en RD Congo, les évêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), les mêmes puissances occidentales avaient réussi à faire signer à une trentaine d’acteurs politiques et de la société civile un accord politique. L’Accord dit de la Saint Sylvestre, conclu le 31 décembre 2016, est une entente de gestion concertée du pouvoir durant la période préélectorale en RD Congo, conçue pour « assurer une transition pacifique au sommet de l’Etat ». En principe. Mais dans la pratique, tout se passe comme si les puissances économiques et financières occidentales voulaient substituer cet arrangement particulier entre acteurs politiques et sociaux à la constitution rd congolaise, et ainsi régler les comptes une fois pour toutes au jeune Chef de l’Etat rd congolais. « Il doit être appliqué dans son intégralité », insiste-t-on dans une certaine communauté internationale ainsi que dans les rangs d’une partie de l’opposition rd congolaise chauffée à blanc. C’est-à-dire, en fait, que cet accord doit être appliqué en ce qu’il réduit les pouvoirs du Président de la République avant la tenue des élections. L’objectif poursuivi par les auteurs de cette véritable conspiration est de s’assurer que Kabila, ses proches et ceux qui le soutiennent quittent effectivement le pouvoir « coûte que coûte » et quoiqu’en dise la constitution évoquée désormais uniquement pour des raisons purement cosmétiques.
Couplée à cette hargne des puissances occidentales, connues pour leurs propensions prédatrices sur le continent africain, la pluie de dénonciations sur Joseph Kabila et ses proches est à cet égard plus que suspecte.
J.N.