Un malaise couve à l’enseignement catholique de Kinshasa. Des sources dans le secteur expriment leur ras-le-bol et accusent leur hiérarchie. Parmi les griefs, les enseignants se posent des questions sur la gestion et l’affectation de 10 % que la hiérarchie – l’archevêché de Kinshasa – prélève sur la contribution des parents pour leur motivation, dont la hauteur serait évaluée à plus ou moins 5.000.000 $ par an.
Selon un de ces enseignants, la prédation ne s’arrête pas là car, même des biens légués aux prêtres subissent le même sort. Il cite le cas de l’Ecole de feu Monseigneur Moke dont les recettes, destinées à leur permettre de suivre des soins médicaux au pays ou à l’étranger, prennent une direction mystérieuse.
Ce leg ne profite pas aux ayants-droits que sont les prêtres séculiers du diocèse catholique de la capitale. « Que fait-on de ce que génère ce cadeau de Monseigneur Moke à nos enfants ? », s’interroge ce sexagénaire qui a consacré près de quarante ans à l’éducation des enfants de Kinshasa. « L’opacité règne partout. Il faudrait des explications », ajoute-t-il.
La branche de l’église catholique à Kinshasa semble perdue dans la non-transparence en matière de gestion. Et le doute s’installe parmi les fidèles devant cette situation qui risque, si on n’y prend garde, de causer des dégâts à la crédibilité de l’institution.
Parents d’élèves, fidèles de l’église, abbés et séminaristes ne s’expliquent pas cette course à l’enrichissement sans cause que l’on déplore à l’archidiocèse de Kinshasa.
Les parents, quoique peu désireux de s’engager dans un bras de fer avec la hiérarchie de peur de se faire purement et simplement broyer par cette puissance qui a la mainmise sur tout, estiment, meza vocce, que les choses doivent changer et que la hiérarchie catholique a encore beaucoup à faire dans ce sens. Soucieux de l’éducation de leurs enfants, ils avaient entrepris, il y a quelque temps, de se cotiser pour construire une école, le Complexe scolaire Saint Raphaël. Mais ils n’ont aucune information sur le statut et la gestion de l’institution d’enseignement primaire et secondaire.
Beaucoup se rappellent les moments où l’église catholique avait la réputation modèle de la société, les moments où la droiture des hommes, la transparence dans la gestion, en étaient les maîtres-mots. Que faut-il faire pour redorer cette image aujourd’hui ternie ? « Nous constatons seulement que la hiérarchie de notre église a sacrifié le spirituel au temporel », s’indigne ce prêtre incardiné du principal diocèse du pays. Dès lors, que reproche-t-on au Gouvernement en matière de gestion ? N’est-ce pas l’histoire biblique de la paille et de la poutre ?
François NKOY
Correspondance Particulière.