Dans la foulée des récriminations en tous genres qui s’abattent depuis quelques jours sur le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Corneille Nangaa, figurent en bonne place celles des médias dits mondiaux. Dont RFI Afrique. Au cours d’une interview diffusée par la radio publique française, le patron de la Centrale électorale de la RD Congo s’est défendu des accusations portées contre sa personne et l’institution qu’il dirige. Compte-rendu.
Avant d’expliquer les raisons à la base d’un éventuel report des scrutins électoraux projetés en décembre 2017, Corneille Nangaa a fait état des statistiques des opérations d’enrôlement, qui démentent ceux qui l’accusent faussement d’œuvrer contre l’organisation des élections en RD Congo. A ce jour, 33 millions d’électeurs sont déjà enrôlés sur le 41.500 millions attendus. Soit plus de 80% atteints, a révélé Corneille Nangaa. Expliquant que certes, un report est incontournable, mais il ne viole en rien l’accord du 31 décembre 2016. Ce report est consécutif aux hypothèques et paramètres techniques contraignant qui obligent le report. Mais pour des dates le plus proche possible, étant donné les avancées déjà enregistrées, explique le président de la centrale électorale. Il s’agit d’un retard dû d’abord, aux contraintes d’ordre technico-opérationnelles, aux problèmes de communications et de la logistique. Ensuite, à la suspension de l’’enrôlement dans les provinces du Kasaï Central et du Kasai, ainsi que dans les territoires de Kamiji et Luilu (Kasai Oriental) pour cause d’insécurité. La CENI a perdu sept de ses agents, kidnappés et décapités et payé un lourd tribut. Mais, le retour progressif de la sécurité est rassurant, estime-t-il. Corneille Nangaa a annoncé le lancement des opérations d’enrôlement dans ces provinces affectées par l’insécurité le 20 juillet 2017. Ce n’était qu’une partie remise, a-t-il expliqué.
Sur RFI, le président de la CENI a affirmé œuvrer à la sortie de la crise en RD Congo à travers l’organisation des élections dans les plus brefs délais. Expliquant les problèmes sécuritaires auxquels l’institution d’appui à la démocratie a dû faire face, il a révélé que contrairement à l’insécurité qui prévalait au Nord-Kivu, dans les Kasaï, la CENI était la cible, alors qu’à l’Est, c’était différent. Les groupes armés leur avaient même facilité la tâche pendant l’enrôlement qui a pu se terminer sans trop de gâchis.
Le président de la CENI a également soutenu que les violences déplorées n’ont pas été exploitées par qui que ce soit pour retarder les élections. Ce serait cynique et inacceptable.
A Kinshasa, l’enrôlement a atteint sa vitesse de croisière depuis son lancement le 28 mai. Les statistiques renseignent qu’on a atteint plus de 2 millions d’électeurs sur les 4,5 millions attendus. Pas d’inquiétude ni de retard donc, ici aussi.
La fin des opérations d’enrôlement sera connue après la publication du chronogramme des activités restantes. C’est ce qui permettra de connaître la date de la fin des opérations préélectorales. Les étapes suivantes interviendront après la clôture de l’enrôlement : Le vote par le Parlement de la loi portant répartition des sièges et la convocation de l’électorat. Ces étapes seront inscrites dans le calendrier qui sera publié dans un ou deux mois, affirme le président de la CENI.
Et en décembre 2017, on n’aura probablement pas encore des élections. Ce qui est sûr est que les votes seront organisés le plus rapidement possible après ces opérations. La CENI n’ira pas jussqu’en 2019 ou 2020 pour faire voter.
Le calendrier électoral sera publié par la CENI en toute indépendance d’ici un ou deux mois, dès que possible. La démission de Nangaa n’est pas à l’ordre du jour. Il n’est qu’un serviteur du peuple congolais, qui n’est pas indispensable.
Les opposants qui voient d’un mauvais œil le report éventuel des élections ne tiennent pas compte des contraintes précitées. Ils font des déclarations politiques, ce n’est que normal. Ils peuvent prendre aussi l’avis de la majorité présidentielle. La CENI est en train de jouer son rôle d’organiser les élections sans désemparer. Elle est très avancée et passera aux activités du scrutin. Toutes les dates seront connues d’ici peu, a expliqué Corneille Nangaa.
DAVID MUTEBA KADIMA