Devant de nombreux combattants, mardi dernier au siège de l’UDPS à Limete, Félix Tshilombo Tshisekedi a pris ses marques en se déclarant, lui aussi, candidat à la prochaine présidentielle rd congolaise. Une révélation qui fait sourire plus d’un dans la classe politique et l’opinion nationale, le fils du défunt Etienne Tshisekedi étant notoirement connu pour l’exiguïté de son bagage intellectuel et politique. Mais l’annonce avait aussi pour objectif de rasséréner plus d’un à l’UDPS où beaucoup reprochaient à l’héritier qui n’a pas encore été fichu d’offrir une sépulture à son géniteur d’avoir vendu à vil prix le parti et l’aura de « Papa » à Moïse Katumbi Chapwe, l’ex gouverneur de la riche province du Katanga, candidat à la prochaine présidentielle lui aussi, perçu ici comme un arriviste sans foi ni lois. Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (RASSOP) n’est pas une plate-forme électorale, se défendent, non sans une pointe soulagement, les proches de Fatshi comme pour anticiper sur d’inévitables accusations de trahison.
Aussitôt ses fantasmes rendus publics, Félix Tshisekedi a appelé à « une transition sans Kabila ». Exactement comme son défunt père qui, durant au moins deux bonnes décennies, n’a eu de cesse d’appeler sans succès au départ de son ami des premières années de la deuxième République, feu le Maréchal Mobutu Sese Seko, à « la démission, si il ne veut pas finir entre les quatre murs d’une prison ». Dès ce vendredi 14 juillet, Tshisekedi Junior se lance dans une sorte de campagne de persuasion des combattants du parti, qu’il a convié à une sorte de meeting de réarmement moral. Pas pour les élections mais bien pour manifester contre ce qu’il présente comme une dictature : la présence de Joseph Kabila Kabila au pouvoir après 2017.
La croisade de Tshisekedi fils tombe à point nommé, comme on dit. La semaine dernière, le Fonds Monétaire International a redit au Premier Ministre Bruno Tshibala, dont le Directeur de Cabinet s’était fendu d’une bien curieuse initiative de requête d’un appui budgétaire à l’insu du gouvernement d’union nationale en place à Kinshasa, ses conditions pour recevoir une pareille aide financière. Pas un sou sans « une trajectoire visible vers la stabilité politique », a rétorqué l’institution de Bretton Woods entièrement à la solde des milieux les plus nostalgiques de l’impérialisme européo-occidental à cette demande d’un soutien financier dans le cadre de la facilité des crédits rapides du FMI. C’est-à-dire, sans la mise en œuvre intégrale de l’Accord de la Saint-Sylvestre, et donc, le partage du pouvoir avec les hommes-liges des Occidentaux avant les prochaines élections.
Mardi 11 juillet 2017, par la bouche de la numéro 2 de son ambassade à l’ONU, les Etats-Unis ont confirmé aux yeux de ceux qui en doutaient encore l’agenda occidental et de l’opposition radicale sur les riches terres rd congolaises en menaçant ses autorités congolaises de nouvelles sanctions si les élections n’étaient pas organisées d’ici décembre prochain. “La communauté internationale doit prendre les devants et intensifier la pression non seulement sur le président Kabila et son gouvernement, mais aussi sur la commission électorale nationale indépendante”, a déclaré Michele Sison au cours d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. Mais c’est le patron des opérations de maintien de la paix en RD Congo, le Français Jean-Pierre Lacroix, qui s’est montré encore plus explicite en dénonçant ce qu’il a présenté avec une déroutante malhonnêteté comme « une application partielle de l’Accord du 31 décembre 2017 ».
L’Agenda occidental en RD Congo est donc clair : les faiseurs de rois ont décidé l’asphyxie économique et des pressions politiques sur Kinshasa pour faire place nette à leurs affidés. Si ce projet politique peut paraître clair, ses aspects économiques le sont moins. Est-ce en faveur du peuple de la RD Congo qu’Européens et Américains veulent régenter un pays qu’ils n’ont en fait jamais cessé d’exploiter depuis le siècle dernier ?
J.N.