Après l’Institut de recherche en droits humains (IRDH), c’est au tour de la fameuse « coalition de 33 ONG » d’afficher son allégeance aux maîtres occidentaux impliqués dans la prédation impérialiste de la RDC. Dans un communiqué, lundi 10 juillet 2017, l’inévitable Georges Kapiamba a signé au nom de ses fameuses 33 ONG un des brûlots habituels pour condamner ce qu’il qualifie de « décision » du président de la centrale électorale congolaise, Corneille Nangaa, qui, à leur analyse, « participe subtilement au glissement et aggrave la crise politique et sociale en RDC ». Un long argumentaire a été développé pour ce faire, les « 33 ONG », qui n’existent que dans l’imagination féconde de l’avocat-activiste du Rassemblement katumbiste, allant jusqu’à menacer de « porter l’affaire au Conseil de sécurité pour que des sanctions individuelles et ciblées soient appliquées à son encontre » au cas où il ne reviendrait pas « à la raison ».
L’on peut se rappeler que le numéro un de la centrale électorale avait, le week-end dernier depuis Paris, au cours d’échanges avec les experts de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie), annoncé l’impossibilité de la tenue des élections prévues dans l’accord de la Saint Sylvestre cette année.
L’opinion peut se souvenir de ce qu’après les bisbilles qui ont éclaté dans les relations entre Joseph Kabila et certaines puissances occidentales du fait qu’il s’employait à s’émanciper de leur tutelle pour se tourner vers de nouveaux partenaires comme la Chine et d’autres pays des BRICS, certains milieux nostalgiques des vieilles structures économiques périmées avaient résolu de le supplanter à la magistrature suprême. Mais il n’y a pas que ses raisons. Des spécialistes de la région des Grands-Lacs évoquent aussi, notamment, le refus de Joseph Kabila de mettre sous contrôle de certains « bienfaiteurs » étrangers le sommet de l’armée congolaise. Un refus d’obtempérer qui irrite beaucoup les Occidentaux et qui explique leur méfiance profonde le Chef de l’Etat de la RDC et le traitement dénigrant de sa personne dans les médias occidentaux. Tony Busselen, un spécialiste belge de la sous-région des Grands-Lacs, a révélé pour sa part que le désamour des occidentaux à l’égard de Joseph Kabila, titillé par Bruxelles, aurait été aggravé par la fin de non-recevoir réservée par le président congolais à une proposition du ministre libéral belge, Didier Reynders, de retirer la loi agricole qui prévoit que plus que 50% des actions des sociétés agricoles doivent être détenues par des nationaux congolais. Mais aussi, par le refus pour les multinationales actives dans le secteur minier de se conformer à la législation congolaise, avec l’appui de leurs gouvernements respectifs, et la campagne battue contre lui, chaque fois que son gouvernement essaie d’insérer dans le code minier des clauses susceptibles de mettre un terme aux clauses léonines en vigueur jusqu’ici.
Des sources affirment que quelques faucons au sein de la décadente Union européenne avaient envisagé la manière forte qui devait être utilisée depuis la fin de la première mandature de Joseph Kabila pour l’évincer du pouvoir. Les USA auraient alors estimé qu’il valait mieux différer le projet de défenestration et le laisser accomplir son second mandat tout en empêchant toute révision constitutionnelle pour l’écarter du pouvoir. D’abord, les USA, durant le sommet USA-African Leaders en août 2014, selon Luc Michel, inscrivent la RDC sur la liste des pays africains où devait se réaliser une révolution orange. Ensuite, ils ont invité à Washington des opposants congolais pour essayer de choisir, parmi eux, leur homme de paille, qui devait être une marionnette obéissant au doigt et à l’œil aux injonctions de la « communauté internationale ». Au sujet de cet oiseau rare, l’Abbé Jean-Pierre Mbelu écrivait déjà en 2015 que « Quand les camps impliqués dans cette mise en scène disent qu’ils défendent la Constitution, la démocratie, ils mentent. Ce qui se passe, c’est que les faiseurs de rois sont en train de chercher leur oiseau rare. C’est ainsi qu’ils ont ameuté les deux camps. Quand ils l’auront trouvé, ils vont passer à la vitesse supérieure, et faire que les deux camps s’entrechoquent et qu’ils en arrivent à imposer leur oiseau rare. Cette mise en scène implique beaucoup d’acteurs apparents. Ils sont utilisés comme des marionnettes dans le jeu des faiseurs de rois…»
Passer à la vitesse supérieure
Christophe Boisbouvier avait déclaré au cours d’une émission Afrique-presse en 2015 que Moïse Katumbi était le candidat préféré des Américains. Le 5 août 2015, l’ONG, United for Africa’s Democratic Future (« Unis pour l’avenir démocratique de l’Afrique ») de Katumbi sera donc créée avec l’aide de ses amis américains. Elle préconise et mène des actions pour le départ de Joseph Kabila du pouvoir après le 19 décembre 2016. Avant de passer à l’opposition, Moïse Katumbi flirtait déjà avec les autres opposants et les Occidentaux. Tout était mis en place pour réussir l’éviction de Joseph Kabila du pouvoir même avant le 19 décembre 2016. S’inspirant du modèle burkinabè mis en œuvre avec succès au dernier trimestre de 2014, en janvier 2015, l’opposition congolaise a tenté son va-tout par une action musclée contre le régime Kabila, mettant à profit la mauvaise interprétation de l’alinéa 2 de l’article 8 du projet de loi électorale.
Peu avant cet épisode, de pseudo-mouvements citoyens, notamment Lucha et Filimbi, avaient été créés et déployaient leurs activités de l’Est vers l’Ouest du pays. Le dialogue annoncé par le régime congolais ne doit pas faire capoter le plan occidental. La messe noire sur l’île de Gorée sera célébrée en décembre 2015 pour « réfléchir sur les meilleurs moyens pour un soulèvement populaire en RDC, la constitution d’un front anti-dialogue et l’obtention des moyens financiers aux fins d’actions de déstabilisation… ». Un Front citoyen 2016 sera créé, mais se caractérisera par une inefficacité qui en fera un mort-né. Durant le premier semestre de 2016, en janvier, en février et fin mai, les recrues des impérialistes occidentaux n’ont rien réussi d’éclatant contre le régime congolais. Aussi se sont-ils évertués à recruter, à la faveur du conclave de Genval organisé et financé directement par Bruxelles en juin, Etienne Tshisekedi wa Mulumba pour sa capacité à mobiliser les masses, qui se verra offrir sur un plateau la présidence intérimaire de la RDC si le coup réussissait. Il est plus que jamais question d’exploiter l’alibi constitutionnel pour en découdre avec Joseph Kabila. Le défunt Sphinx de Limete saute sur l’occasion et annonce les couleurs à son retour au cours d’un meeting le 31 juillet sur le Boulevard Triomphal. Tout reposait désormais sur le préavis accordé au pouvoir en place par le vieil opposant.
Du 19 au 20 septembre, une tentative plus sérieuse de confiscation de pouvoir des mains de Joseph Kabila échoue et le dialogue politique, qui avait commencé à la fin du mois de juillet, continue son bonhomme de chemin. Les conclusions contenues dans l’accord du 18 octobre n’arrangent pas les affaires des Occidentaux et leurs recrues congolaises qui se voyaient déjà au pouvoir du fait des appuis diplomatiques, médiatiques et financiers dont ils bénéficiaient. Il n’y a toujours pas de prétexte pour déclarer, comme en Syrie, une guerre ouverte au régime Kabila. A peine terminées les négociations parrainées par l’Union africaine au grand dam des occidentaux, ces derniers s’investissent dans la demande d’un nouveau round en prenant prétexte de la « solidarité » qu’il fallait manifester à l’égard des casseurs et des incendiaires qui avaient mis Kinshasa à feu et à sang quelques mois plus tôt. Avec la complicité de la très occidentalisée hiérarchie de l’église catholique romaine congolaise. C’est le dialogue du centre interdiocésain au cours duquel toutes les balises seront plantées pour que Joseph Kabila ne se présente plus pour un nouveau mandat tout en stipulant que les élections présidentielle, législatives nationales et provinciales devaient se tenir, sans autre forme de procès, avant la fin de l’année 2017.
Face au fin stratège qu’est devenu Joseph Kabila au fil de ses 16 années de pouvoir, les efforts tentés, pour que les acteurs les plus fidèles à l’Occident du Rassop/Limeté prennent les rênes du pouvoir, n’aboutiront finalement pas. Dépités, les occidentaux se sont alors repliés sur ce qui leur restait encore pour tourmenter le pouvoir kinois : la tenue des élections retenues avant fin 2017. Coûte que coûte. Un gisement d’alibis à partir duquel ils espèrent justifier tout leur acharnement contre le régime de Kinshasa. Ils savent que s’il y a élection et que Joseph Kabila ne se présente pas, il est fort possible qu’un de leurs protégés parvienne à capturer le ‘top job’ au Congo-Kinshasa. D’où l’exigence « non négociable » de la tenue des élections avant la fin de cette année. Car si, ne serait-ce que la présidentielle n’est pas tenue, cela n’arrangera pas leurs affaires. Ayant élevé l’accord de la Saint Sylvestre au rang d’une résolution onusienne, l’Occident et ses affidés avaient pensé avoir trouvé la formule magique qui les aiderait à faire partir Joseph Kabila et à impliquer les Nations unies au cas où cet accord n’était pas appliqué suivant leurs attentes.
C’est dans cette mouvance extravertie que s’inscrit Georges Kapiamba en brandissant, lui aussi, la menace de sanctions ciblées et individuelles contre Corneille Nangaa. L’avocat membre de l’UDPS pro-belge qui préside à une fantomatique ONG, l’ACAJ, espère ainsi épouvanter le président de la CENI afin qu’il cède aux exigences du camp auquel il appartient. Il a montré son zèle en faveur de l’accomplissement de l’agenda occidental à sa façon en RDC. Les prétextes vrais de la démocratie, de l’alternance, de l’intangibilité de la Constitution sont malignement utilisés pour se débarrasser de Joseph Kabila. Une démocratie tronquée, car on bloque l’auto-détermination et la liberté de choix du peuple congolais pour décider sur son sort comme il l’entend. On oriente les choses dans le sens qui sert le mieux les objectifs, non pas congolais mais occidentaux. On tient à imposer des marionnettes au pouvoir pour qu’ils dirigent la RDC par procuration et y réalisent tous des desseins propres à certains intérêts étrangers.
Samy BOSONGO avec Le Maximum