Alors qu’il a échafaudé son budget 2017 avec un taux du dollar moyen à 1452 FC/USD, et à fin période, à 1688 FC/USD, Bruno Tshibala veut le ramener à 1.000 FC le dollar. Pour certains analystes, Le Premier ministre issu des rangs de l’opposition s’emmêlerait les pinceaux sur les chiffres. Donquichottisme ?
Le Premier ministre se tromperait d’époque, foi d’experts. Du temps du régime de transition sous Mobutu, entre 1990 et 1997, il suffisait que Tshisekedi soit nommé Premier ministre pour que la monnaie nationale d’alors, le Nouveau Zaïre, reprenne du poil de la bête face au dollar. A l’époque, la Banque centrale (BCC) se ravitaillait en devises auprès des milieux diamantaires kasaïens, archi-favorables à la cause de l’UDPS. Aujourd’hui, la BCC a repris ses missions régaliennes et régente le marché monétaire. La Primature travaille désormais mano à mano avec la BCC pour juguler la dépréciation du Franc national face au dollar. Seulement, ce n’est pas du tout une révélation, le Dircab de Tshibala, le prof Michel Somwe qui conduit ce dossier, a un passé ombrageux à la BCC. Ses rapports avec les autorités de la Banque centrale sont demeurées on ne peut plus sulfureux, tant Somwe n’épargne guère la BCC d’acerbes critiques dans ses interventions dans la presse, notamment sur la radio onusienne Okapi sur les questions Ecofin.
Pourtant, Bruno Tshibala voit grand et gros. Même si son budget 2017 n’excède pas les 4 milliards et demi en ressources propres, le 1Er de tous les ministres du gouvernement d’union nationale compte engager près de 30 milliards de dollars, soit 44.723,7 milliards de FC, pour des dépenses publiques entre 2017 et 2019. Selon ses projections, les dépenses du pouvoir central doivent se situer à hauteur de 36.312,3milliards de FC, celles des provinces de l’ordre de 8.101,2 milliards de FC et des ETD de 310,2 milliards de FC.
Les dépenses courantes se situeraient à 5.493,9 milliards de FC en 2017, 6.523,6 milliards de FC en 2018 et 7.053,8milliards de FC en2019. Pour leur part, les dépenses en capital s’élèveraient respectivement à 4.519,8milliards de FC, 3.570,7milliardsdeFC et 4.979,3milliardsdeFC pour les mêmes exercices budgétaires.
Des 36.312,3 milliards de FC de dépenses totales du pouvoir central, 32.141,3milliards de FC seraient liés au budget général, 2.845,1 milliardsdeFC aux budgets annexes et 1.325,9 milliards de FC aux comptes spéciaux.
Les recettes du pouvoir central seraient constituées de 31.947,4 milliards de FC au titre de budget général, de 2.845,1milliards de FC des budgets annexes et de 1.325,9 milliards de FC de comptes spéciaux. Les recettes courantes se situeraient en moyenne à 7.673,4 milliards de FC entre 2017 et 2019, soit 6.166,5 milliards de FC en 2017, 7.681,7 milliards de FC en 2018 et 9.172,0 milliards de FC en 2019.Comparées au produit intérieur brut, il se dégagerait une pression fiscale de 13,0%, 14,0% et 15,0%, respectivement en 2017,2018 et 2019.
Quant aux recettes extérieures, elles passeraient de 3.847,3 milliards de FC en 2017 à 2.844,7 milliards de FC en2019, soit une moyenne annuelle de 2.975,7 milliards de FC au cours de la période 2017-2019. Quant aux recettes courantes des provinces, elles s’établiraient, au cours de la même période, à 7.517,9 milliards de FC, soit une moyenne annuelle de 2.506,0 milliards de FC, provenant des recettes à caractère national, des recettes d’intérêt commun et des recettes spécifiques. Les recettes des budgets annexes atteindraient une moyenne de 25,1milliards de FC sur la période susvisée. Alors que les recettes des entités territoriales décentralisées seraient constituées essentiellement de recettes spécifiques qui se situeraient à 310,2 milliards de FC, soit une moyenne annuelle de 103,4milliards de FC.
L’évolution des recettes et des dépenses dégage un solde global nul en 2017 et des soldes négatifs en 2018 et 2019, respectivement de 156,0 milliards de FC et de 162,4 milliards de FC. S’agissant particulièrement du gouvernement (pouvoir central), le solde négatif se situerait à 1.311,3 milliards de FC en 2018 et 1.365,0 milliards de FC en 2019. Ce niveau de déficit, qui avoisine 0,02% des recettes courantes en 2018 et 0,05% en 2019, nécessite un financement à concurrence des mêmes montants pour couvrir l’ensemble de dépenses projetées pour la même période.
La reprise de l’activité économique attendue par le gouvernement serait tirée par les secteurs primaire et tertiaire. Les industries extractives ainsi que l’agriculture, la chasse, les sylvicultures et la pêche pour le secteur primaire, alors que transport, communication et commerces de gros et détails composent le secteur tertiaire.
La contribution escomptée dans le secteur primaire est tributaire du dynamisme des industries extractives dans l’hypothèse du maintien à la hausse des cours du cuivre et de la reprise de quelques projets miniers de grande envergure, dont KCC, ainsi que de la relance de l’agriculture dans la perspective de la mise en œuvre du Plan National d’Investissement Agricole (PNIA). Ce secteur sera également boosté par l’entrée en activité de deux nouvelles cimenteries dans la province du Kongo central. Il s’agit de la cimenterie PPC Barnet et de la cimenterie Kongo (CIMKO), dont la production attendue est respectivement de 1 million et 1,2 million de tonnes de ciment par an. La contribution du secteur tertiaire serait boostée principalement par la branche Transports et communications, du fait du développement du trafic routier au niveau national et de la concrétisation du projet de modernisation routier à Kinshasa.
Le gouvernement entend aussi maximiser les recettes pour le financement de son programme à travers notamment le recours à l’emprunt intérieur et extérieur ainsi qu’au partenariat public-privé. Les efforts du gouvernement se polariseront sur la réforme fiscale dans le sens de l’élargissement de l’assiette fiscale et de l’allègement de la législation fiscale, aux fins de la rendre plus attractive, et sur la redynamisation de l’administration fiscale… Une attention particulière sera portée sur l’évaluation de la réforme de la TVA, l’augmentation du capital minimum des banques, la création du fonds de garantie des dépôts et des crédits, la création d’un fonds de garantie des assurances et la restructuration de la SONAS, l‘assureur public.
Planche à billet exclu.
En vue de préserver l’équilibre entre les recettes et les dépenses publiques, et dans le souci d’éviter tout recours au financement monétaire, les dépenses devront être contenues dans les limites des prévisions, lit-on dans le CBMT. Pour ce faire, le gouvernement « entend maintenir la discipline budgétaire, à travers le respect du plan d’engagement budgétaire cohérent avec le plan de trésorerie et la poursuite de la gestion sur base caisse ». Par ailleurs, poursuit le même document, le gouvernement poursuivra la mise en œuvre des réformes visant la maitrise des effectifs et des masses salariales, le respect des règles de passation des marchés publics et des procédures d’exécution de la dépense publique et la rationalisation des structures administratives.
Le gouvernement s’est aussi engagé au cours de la période 2017-2019, à poursuivre la mise en œuvre des politiques prioritaires retenues dans la planification nationale de développement, notamment celles relatives aux cinq secteurs prioritaires traditionnels dont la santé, l’éducation et l’énergie, aux secteurs à lois de programmation et à grandes réformes ainsi qu’aux secteurs porteurs de croissance. Particulièrement pour 2017, le gouvernement accordera une priorité aux actions, mesures et projets devant concourir à l’organisation des élections, l’arrêt de la dégradation de la situation économique du pays, l’amélioration des conditions de vie de la population et la restauration de la sécurité des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national. La mise en œuvre de ces priorités en 2017 requiert l’allocation des enveloppes budgétaires aux actions devant permettre de répondre aux priorités du gouvernement ci-haut indiquées.
ABIJA BENAJA