Détrompez-vous, quoique le stade des Martyrs de la Pentecôte soit plein comme un œuf lors de derbies de la Linafoot, V.Club-Mazembe, Renaissance-DCMP, etc, l’Etat n’y gagne rien. En tout cas, la DGRAD ne perçoit que du menu fretin.
La Jeunesse constitue aujourd’hui un ministère à part entière. Si, par une décision politique, les loisirs devenaient aussi un maroquin, les Sports seraient financièrement un portefeuille vide ou presque. En 2016, le taux de réalisation de ce service d’assiette n’était que 47.4%, soit 1,2 milliard de FC, contre des prévisions de 2,7 milliards de FC. Et ce, grâce…aux Loisirs.
Les Sports constituent, pourtant, sous d’autres cieux, à la fois un gros business et une source sûre des finances de l’Etat. En RD Congo, ils n’atteignent guère les assignations prévues depuis quelques années.
Les paris rapportent mieux
L’Etat a gagné plus de 1.2 milliard de FC, soit plus de 1,09 million de dollars en 2016 sur les jeux du hasard. Le ministère des Sports et Loisirs escompte percevoir pour 2017, plus de 1.2 million de dollars. L’actuel locataire du Stade des Martyrs, Papy Niango, va devoir compter davantage sur les jeux de hasard plutôt que des recettes du foot ou du basket.
En 2016, la seule taxe ad valorem sur les gains des parieurs a plus rapporté à l’Etat (888.823.348FC, soit 186% de réalisations) que certains ministères (services d’assiette) comme les Communication et Médias (105.957.812 FC), la Culture & Arts (255.482.509 FC), la Prévoyance sociale (0 FC), le Plan (41.643.341 FC), les Recherches scientifiques (12.958.160 FC).
L’autre taxe à laquelle sont assujettis les entrepreneurs du secteur des jeux de hasard porte sur l’autorisation d’exploitation d’une entreprise de jeux de hasard. Les assignations y relatives, selon le ministère des Sports, sont de l’ordre de 229,5 millions de FC, soit près de 180 % des recettes réalisées en 2016. Certes, au cours de l’exercice budgétaire écoulé, le ministère des sports et Loisirs n’a perçu que 126 millions de FC sur 271.558.366 FC des prévisions en 2016. Mais ces recettes sont en croissance considérable par rapport à celles versées en 2015 au Trésor public par le ministère des Sports et Loisirs via la DGRAD, qui étaient de 109,5 millions de FC.
Coulage des recettes.
Le ministère des Sports n’a perçu que du menu fretin sur les droits de location des complexes sportifs (aires de jeu, tribune, locaux, etc.,), juste 46.750 FC, soit environ 50 dollars en 2015 contre des prévisions de 8.5 millions de FC. En 2016, 53.806 FC soit autour de 60 dollars pour des prévisions de 8,3 millions de FC. Et pourtant, un richissime pasteur nigérian, Bishop Oyodepo, avait loué le stade des Martyrs courant 2016, perturbant même le calendrier de la LINAFOOT. Il sied de rappeler que ni le ministère des Sports, ni la FECOFA, ni le gestionnaire du stade des Martyrs, encore moins la DGRAD n’ont voulu avancer le moindre chiffre sur cette location. Un diacre de l’Eglise Chapelle des Vainqueurs à laquelle appartient le pasteur avait pourtant fait état « … d’une somme considérable… des dizaines des milliers de dollars».
Malgré les affiches omniprésentes de la firme Vodacom et d’autres firmes comme Canal+, la taxe sur la publicité dans les stades nationaux n’a rapporté que 1.1 million de FC, soit 0,4% de réalisation pour des prévisions de 240 millions de FC en 2016. En 2015 comme en 2016, aucun rond n’a été versé au Trésor public pour le compte des droits des transferts internationaux. Entre janvier et mars 2017, à l’époque du régime des crédits provisoires, sous Samy Badibanga, plus de 81 millions de FC sont quand même tombés dans les caisses de l’Etat. Curieusement, dans le budget 2017, le ministère des sports qui est sous la régence de Papy Nyango Mushemvula, un élu de l’opposition dans l’ex-Bandundu, aucun rond n’est prévu au titre des transferts d’athlètes à l’international. Les prévisions globales du ministère des Sports et Loisirs pour 2017 se chiffrent, en effet, à 2.366.078.184 FC, soit un peu plus de 1,6 million de dollars, plus de 70 % de ses prévisions, soit 1.846.918.590 FC (1.2 million de dollars) sont assurées par deux principales taxes évoquées ci-haut, auxquelles sont assujetties les entreprises ludiques.
L’autre taxe qui rapporte de substantiels revenus porte sur l’agrément des établissements des loisirs : 171.503.887 FC. Si l’on ne s’en tenait qu’aux considérations financières, Papy Nyango Mushemvula se révelerait davantage ministre des Loisirs que des Sports proprement dits. Mais il est une donne dans ce portefeuille non négligeable : l’apport financier du Comité international olympique ou encore des instances sportives internationales à différentes fédérations, la FIFA pour la FECOFA, la FIBA pour le basket, etc., pour lequel la signature du ministre des Sports constitue le précieux sésame qui ouvre aux fédérations la porte d’obtention des appuis budgétaires. En 2015, l’alors Premier ministre, Matata Ponyo, avait accusé la FECOFA de détournement de deniers publics. Quelque 750.000 dollars qui devait revenir à l’Etat suite à la campagne CAN des Léopards Foot. Il appert que la FECOFA n’était pas la seule instance sportive à avoir fait main basse sur cette enveloppe. En son temps, le professeur Daniel Mukoko Samba, alors ministre du Budget, s’est employé à canaliser ces appuis financiers internationaux vers le Trésor public afin que la DGRAD capte les droits dus à l’Etat. Hélas, sa démarche s’est heurtée à des intérêts égoïstes mais néanmoins puissants, certaines fédérations étant dirigées, a-t-on appris, par des personnalités peu malmenables par le commun des mortels. Daniel Mukoko en était.
POLD LEVI.