De passage à Paris, l’homme qui avait déclaré dans une interview à «Jeune Afrique» le 19 septembre 2016 que les manifestations organisées visaient la disqualification de la Céni pour cause d’incapacité à convoquer le corps électoral et la mobilisation du peuple congolais pour «emboîter le pas au peuple burkinabé qui s’est libéré des affres de Blaise Compaoré », c’est-à-dire, obtenir par le même schéma le départ de Joseph Kabila, a accordé à Rfi une interview diffusée le 20 juin 2017. Lorsque Christophe Boisbouvier lui demande si, avec le décès d’Etienne Tshisekedi le 1er février 2017, les membres du «Rassemblement» ne se sentent pas affaiblis, Fayulu répond : «Oui, nous sommes affaiblis, il faut se le dire, on ne remplace pas Etienne Tshisekedi par un coup de baguette magique, et il faut se le dire aussi, on n’était pas préparés pour remplacer Etienne Tshisekedi et on a fait une restructuration précipitée et cette restructuration a causé des dégâts au sein du Rassemblement. Mais nous allons bientôt entrer en conclave et au sortir de ce conclave, il y aura des résolutions fortes pour redynamiser le peuple congolais»…
Dans cette interview, d’autres sujets sont abordés. Entre autres l’affaire Katumbi, l’affaire Thambwe Mwamba, les événements du Kasaï et la primature confiée à Bruno Tshibala.
Sur Moïse Katumbi, poursuivi pour spoliation des biens immobiliers en RD Congo, le président de l’Ecidé est catégorique : «L’affaire étant un montage, s’il y a une bonne justice, et nous demandons une bonne justice, ça ne pourra pas tenir». Au sujet de Thambwe, visé par une plainte pour crime contre l’humanité à la suite du crash de le destruction d’un avion civil, il tranche carrément : «…je pense que chacun doit s’assumer. Monsieur Thambwe Mwamba avait dit qu’ils ont abattu un avion, maintenant il doit répondre de cet acte. Et je crois que c’est une très bonne chose que monsieur Thambwe se présente devant la justice pour répondre de ces déclarations». Et d’ajouter : «S’il n’est pas coupable, il sera acquitté mais aujourd’hui ces déclarations le condamnent».
Naturellement, ces réponses sont politiquement motivées !
Bruno Tshibala, le dernier des Mohicans
La partie la plus intéressante de l’interview Fayulu concerne le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Montée au conclave de Bruxelles-Genval en juin 2016, cette plateforme a fonctionné jusqu’en mars 2017 sans statuts ni règlement intérieur. Il a d’ailleurs fallu attendre le décès d’Etienne Tshisekedi le 1er février 2017 pour que le scandale apparaisse apparaisse au grand jour. Scandale, quand on sait que sans disposer du moindre acte de reconnaissance officiel, le «Rassemblement» a organisé des manifestations publiques dont certaines, empreintes de violence sans commune mesure, ont porté de graves atteintes à la liberté d’autrui, au à la sécurité publique, au droit de propriété privée, etc. Pire, le « Rassemblement a participé aux négociations du centre catholique interdiocésain sans le moindre document officiel attestant de sa nature réelle, alors que l’interlocuteur principal, en l’occurrence la Majorité présidentielle, détient des statuts et un règlement intérieur notariés.
Conséquence : faute de pouvoir assurer la succession du lider maximo par manque de textes légaux quant à ce, le G7, la plateforme la plus imposante du « Rassemblement » en termes d’expertise, de porte-monnaie et de parrainage, a imposé sa volonté à toutes les autres composantes. Il a carrément pris le poste, rendu vacant, de président du Conseil des Sages et expédié Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi à celui inexistant de président ! D’où la crise qui a entraîné la scission du groupe en trois ailes. Dont deux se réclamant d’Etienne Tshisekedi : aile dite Limete avec Fatshi, Lumbi et Cie (en fait Katumbi) et aile dite Kasa-Vubu avec Olenghankoy, Tshibala…
Pour peu qu’on soit honnête, on doit reconnaître que le vrai «Rassemblement» est celui du dernier des Mohicans : Bruno Tshibala. Pour rappel, dans sa formule initiale, le «Rassemblement» avait juste trois postes attribués : ceux de président et de vice-président du Conseil des sages ainsi que celui de porte-parole. La succession de décès au sein de la plateforme katumbiste a commencé par frapper le vice-président, Charles Mwando Nsimba, avant le président Etienne Tshisekedi. N’est resté en vie et en fonction que le porte-parole, Bruno Tshibala. Celui-là même qui signa pour le compte du «Rassemblement» le communiqué nécrologique relatif au décès du Sphinx de Limete.
Déjà, la deuxième structure prévue dans l’Acte constitutif, la Coordination des Actions, n’ayant jamais fonctionné, la logique plaçait le porte-parole en position de convoquer toute réunion visant la restructuration de la plateforme. Il était comme le gardien du temple.
Félix Tshilombo Tshisekedi est comme encerclé
Que l’Udps l’ait révoqué pour s’être retiré de la réunion visant la restructuration de la plateforme, c’est là une bonne raison de plus qui confirme l’emprise du G7 sur ce parti.
On sait qu’après le deal «Félix-Moïse» à Paris le 10 décembre 2015, le fils biologique a accéléré la «mise en quarantaine» des vieux compagnons de son père. Premier visé : Joseph Kapika, «dépositaire» des actes de Venise-Ibiza-Paris-La Haye-Bruxelles. Les négociations du centre interdiocésain seront l’occasion de viser un autre : Valentin Mubake. L’exclusion de Bruno Tshibala était donc programmée.
A qui profitait le «crime» ? Apparemment à Fatshi. Mais, en réalité, au G7 dont l’objectif réel était, est et reste, de prendre la place de l’Udps dans le leadership de l’Opposition politique radicale. Etienne Tshisekedi mort, Joseph Kapika, Valentin Mubake et Bruno Tshibala éliminés, Jean-Marc Kabund ayant pris les choses en mains au sein du parti, Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi est comme encerclé ! Pour ne pas dire neutralisé.
En toute logique, les décisions frappant les « vieux compagnons » du père étant prises en violation flagrante des statuts, Kapika, Mubake et Tshibala sont en droit de continuer de se considérer comme membres à part entière de l’Udps jusqu’à ce que le congrès à convoquer conformément à l’article 27 en décide autrement. D’ailleurs, laisse-t-on entendre, ils attendent le congrès prévu pour l’intérim du président du parti en cas de décès, de démission ou d’empêchement définitif.
Martin Fayulu a donc tort d’accuser Joseph Kabila de débauchage.
La dure réalité est que la légitimité que s’attribue Fatshi pour la direction de l’UDPS tient principalement de la filiation biologique puisque si on s’en tient aux textes qui régissent le fonctionnement du parti paternel, le poste de secrétaire général adjoint n’est même pas statutaire. Le seul poste statutaire est celui du secrétaire général. A l’article 19, les statuts présentent la Présidence de l’Udps en structure comprenant «Un (une) Président(e), des Secrétaires du Parti, Chefs de mission; un Secrétaire Général du Parti; des Secrétaires du Parti, Chefs de Départements et un Trésorier Général». Il n’y a pas de secrétaires généraux adjoints.
Aussi, lorsque Martin Fayulu, en réponse à la question de Rfi de savoir si Félix a la carrure pour succéder à son père, soutient qu’il l’a effectivement et ajoute même qu’«Il est déjà président du Rassemblement. Et s’il est président du Rassemblement, je crois qu’il ne se pose pas de problème pour qu’il dirige l’UDPS», il va en réalité vite en besogne. Chantre de l’Etat de droit et du respect des textes, il aurait dû s’en remettre aux statuts de l’UDPS.
La vérité connue des observateurs avisés est que ce parti n’a jamais favorisé l’avènement de la démocratie aussi bien en interne qu’en externe. Il a ruiné les espoirs de toutes les plateformes dont il a pris le leadership.
Cette fois, le G7 a décidé de prendre les devants.Il a précipité la restructuration de «Rassemblement», peu importe les dégâts sur toutes les autres composantes, au nombre desquelles la «Dynamique» de Martin Fayulu…
Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum