Des médias périphériques y vont volontiers de leurs lapsus : le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement/aile Katumbi serait, selon eux, la fusion de l’UDPS de Félix Tshilombo Tshisekedi et du G7, cette plate-forme créée par Moïse Katumbi. Que non ! Le G7 est un regroupement de 7 partis et/ou personnalités politiques qui ont décidé de passer par la « blanchisserie » de l’opposition pour porter au pouvoir Moïse Katumbi Chapwe, alias Moses d’Agnano Katumbi. En clair, Moïse Katumbi, qui ne dirige et n’appartient à aucun parti politique depuis son départ du PPRD, sous-traite cette constellation des 7 partis politiques à des fins électorales. D’où une subreptice mutation du G7 en un parti politique dont il serait l’initiateur.
C’est un secret de Polichinelle : Moïse Katumbi, inconsolable de n’avoir pas été adoubé comme dauphin par l’imperturbable Joseph Kabila Kabange, avait fait défection pour assouvir ses ambitions présidentielles. Le G7 est donc une sorte d’astuce conçue dans le but de rechercher le raccourci le plus sûr pour s’adjuger le ‘top job’ dans ce Congo où tout semble permis selon une idée bien répandue chez certains aventuriers de la politique. Dans cette équipée de campagne, chacun devrait apporter du sien pour mériter les juteuses prébendes du richissime homme d’affaires candidat à la prochaine présidentielle rd congolaise
La méthode est aussi vieille que le Congo indépendant. En politique, Katumbi a un modèle sur les traces duquel il a toujours marché : un autre Moïse, l’homme d’affaires katangais des années ’60, Moïse Kapend Tshombe, le leader de la Conakat qui avait manifesté, lui aussi, de sérieuses velléités à ‘’s’offrir’’ la magistrature suprême en recourant aux mêmes expédients.
Fortune amassée
Grâce à une fortune amassée au Katanga, notamment auprès de l’Union Minière (à capitaux belges), le célèbre sécessionniste katangais avait usé de son entregent pour se faire nommer premier Ministre du pays dont il avait mis à mal l’unité quelques années plus tôt. Catapulté dans la Capitale rd congolaise, il créera un parti politique qui parvint, à coup de billets de banque, à rafler la majorité des sièges au parlement, avec notamment dans ses rangs – comme l’histoire se répète ! – le député Etienne Tshisekedi, élu de Kabeya Kamwanga. Pour ratisser opportunément large, Moïse Tshombe était allègrement passé de la Conakat (Convention Nationale Katangaise) à la Conaco (Convention Nationale Congolaise), avec pour seule idéologie l’argent et le débauchage comme le fait Katumbi aujourd’hui avec le G7.
Ce fût sans compter avec la méfiance naturelle kongo du président Joseph Kasavubu qui s’arrangera pour imposer un autre Katangais, Evariste Kimba, dont la majorité au parlement eut du mal à se dessiner. C’est sur ces entrefaites qu’un certain Joseph-Désiré Mobutu perpétra son deuxième coup d’Etat pour neutraliser les uns et les autres. Quant à Moïse Tshombe, il n’aura d’autre choix que de rentrer en Europe chez ses mentors. A l’instar de son fidèle continuateur d’aujourd’hui, pour rabibocher les réseaux des nostalgiques en goguette en vue de revenir en force … jusqu’à ce rapt organisé par un certain Francis Bodenan, circonvenu par Mobutu, lors d’un vol fatidique parti de Barcelone et détourné sur Alger où il mourra dans des conditions non élucidées à ce jour.
Nouveau Moïse
Sans prédire un destin identique au disciple du nouveau Moïse, l’on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi l’ancien gouverneur de l’ex province du Katanga reproduit à la manière d’un copier-coller, toutes les tares de son homonyme et inspirateur, le « Monsieur tiroir-caisse du Katanga » des années ‘60.
La verve truculente de son factotum Gabriel Kyungu – wa – Kumwanza n’ayant pas réussi à embraser le Katanga, d’où devait être entonnée l’ode à la contestation populaire, Moïse Katumbi se rabat sur une politique de la terre brûlée, conscient que dans les règles de l’art d’une compétition électorale classique, tout plaide en défaveur de ses ambitions présidentielles. Ses ennuis judiciaires avec le Grec Stoupis, les lettres ouvertes de l’avocat Jean-Claude Muyambo Kyasa qui constituent une véritable mine d’or pour le Parquet rd congolais, ses nationalités italiennes et zambiennes acquises pour couvrir et sécuriser des aventures contrebandières, et last but not least, le fait que les électeurs de la République Démocratique du Congo auront du mal à jeter leur dévolu sur un troisième katangais successif après Joseph Kabila, comme si cette province détenait le monopole des candidatures à la présidence de la République, le poussent à des extrémités …
Face à ces obstacles difficilement surmontables, la stratégie de Katumbi et ses affidés du fameux G7, est tournée vers des voies de moins en moins conventionnelles de nature à créer une situation de fait par laquelle, après avoir pactisé avec le diable, il espère arriver enfin à rentrer dans son investissement en devenant le seul chef de l’unique entreprise qui échappe encore à sa boulimie du gain facile : la République Démocratique du Congo.
Congo Bashing
L’une des toutes premières stratégies susceptibles de créer une confusion favorable à l’émergence de Katumbi est le ‘Congo-bashing’. Jamais un Congolais n’avait mis autant d’énergies financières, diplomatiques et médiatiques pour médire de son pays et de ses institutions. Pour Moïse Katumbi et son G7, l’apocalypse est congolaise. Même si, curieusement, cette hécatombe n’est évidente que depuis l’entrée en dissidence d’un quarteron d’acteurs politiques rd congolais.
Un tabloïd kinois, le quotidien Le Potentiel, propriété du G7 Modeste Mutinga Mutuishayi, s’est spécialisé dans la diffusion de légendes d’infamies destinées à ternir systématiquement l’image de marque d’un Congo sans le « messie » Katumbi. La dernière trouvaille de cette véritable industrie de Congo-bashing alimentée par un think-tank animé par Olivier Kamitatu Etsu, c’est un ordre purement imaginaire intimé aux banques européennes par le Trésor Américain de « ne plus autoriser les transactions en dollars américains avec les banques congolaises » (sic !). Derrière cette vente d’illusions, le G7 rêve de paralyser par un vent de panique généralisée l’économie congolaise en créant une cohorte de misères pour les 70 millions de Congolais. En d’autres termes, les Congolais peuvent déstructurer leur économie en thésaurisant à la suite d’une méfiance du public à l’égard du système bancaire et donc broyer du noir, être décimés par des milices, subir la loi de la jungle, c’est tout bénéfice pour le G7 … Il n’y a que de cette manière que le rêve téméraire de porter Moïse Katumbi Chapwe au pouvoir peut se réaliser.
Il faut dire que la stratégie du G7 a jusqu’ici réussi à fonctionner. Beaucoup sont passés à la trappe, au premier rang desquels le Rassemblement de l’opposition aussitôt créé à Genval près de Bruxelles, et aussitôt noyauté par Moïse Katumbi. Dans cette fournaise, toutes les velléités d’ambitions présidentielles sont passées à la moulinette. D’Etienne Tshisekedi à Félix Tshisekedi, en passant par Martin Fayulu, Matungulu … tous ont été amenés à troquer leurs candidatures à la présidentielle contre la seule visible depuis l’Occident, celle de Moïse Katumbi. L’homme qui avait réussi préalablement une OPA sur l’UDPS d’Etienne Tshisekedi en sabotant la transition pacifique que cette « fille aînée de l’opposition » préparait laborieusement avec le pouvoir en vue de sauver le processus électoral des vagues conjoncturelles aussi bien endogènes qu’exogènes. Au jour d’aujourd’hui, le seul agenda qui s’impose au Rassemblement est celui du G7 dont les stratèges tentent d’oblitérer, à défaut de les paralyser, les desseins des autres composantes de cette plate-forme de l’opposition.
Organisations internationales circonvenues
A l’international, la politique de la terre brûlée du G7 de Moïse Katumbi a certes glané quelques victoires çà et là. Que des organisations régionales comme l’UE et les USA en soient arrivées à passer outre le droit international en imposant des sanctions unilatérales et illégales à des adversaires du G7 n’est pas un fait du hasard. La tirelire et l’entregent de Moïse Katumbi qui a toujours « prophétisé » sur ces sanctions y sont pour quelque chose. Sous un autre angle de vue, que l’opinion internationale que l’on sait allergique au terrorisme en arrive à prendre en affection les terroristes opérant au Kasaï sous pavillon « Kamwina Nsapu », cela révèle la capacité machiavélique du G7 et de ses comparses à travestir la vérité.
A cette allure, si par absurde on laissait le G7 dérouler jusqu’au bout ses stratégies les unes après les autres sans le mettre en déroute, le seul à en sortir gagnant sera le mercantiliste Moïse Katumbi Chapwe qui aura certainement à cœur de rentrer aussi vite que possible dans son « investissement ». Quant à ceux qui applaudissent par syndrome de Barabas leur fossoyeur, c’est du fond de leur tombe qu’ils regretteront bientôt de s’être trompés de messie.
Heureusement pour le pays de Kimbangu et de Lumumba, la vérité ne se cache jamais indéfiniment. L’usure du temps déjà passé jusqu’ici a permis de mettre en lumière les agitations du G7 dont la machine à produire les « fake-news » commence à gripper. En témoigne l’éclatement du Rassemblement avec une aile fidèle aux idéaux de Tshisekedi père animée par des personnalités comme Bruno Tshibala et Joseph Olenghankoy, et une autre, engluée dans les prébendes du nouveau « Monsieur Tiroir-caisse. En témoigne aussi, les capacités organisationnelles de la CENI qui rendent inévitable la tenue prochaine dans les normes des élections à tous les niveaux, de même que la diplomatie méthodique du Gouvernement de la République Démocratique du Congo qui, sans chercher à impressionner, engrange des victoires diplomatiques qui désillusionnent ceux qui voulaient se servir de l’épouvantail des « massacres » des terroristes Kamwina Nsapu pour jeter en pâture à l’opinion internationale les forces de défense et de sécurité de la RD Congo. Ils devront encore ronger leurs freins face à l’entente trouvée entre la communauté internationale et la RDC qui mèneront dorénavant des enquêtes conjointes sous la houlette des magistrats congolais. Quid latet apparebit, disaient les latins. Le G7 s’est largement dévoilé en cherchant désespérément à voiler ses desseins macabres.
A tout prendre, les aboiements du G7 ne semblent guère empêcher à la caravane de l’histoire congolaise de poursuivre son bonhomme de chemin. Malgré les millions de dollars volés au Katanga et dépensés pour de coûteux lobbyings à l’international, malgré tout le talent des journalistes stipendiés pour travestir les faits historiques au lieu de se limiter à les rapporter comme l’exige la déontologie professionnelle, malgré la mise au pas d’une partie de l’opposition congolaise astucieusement menée en bateau, le G7 va bientôt se retrouver en face de son pire cauchemar : la tenue des élections transparentes à tous les niveaux. A force de chercher à éviter la mort certaine en escomptant celle des autres et du Congo, le G7 risque de ne pas renaître de ses cendres devant ces élections qui arrivent lentement, mais sûrement.
Jean Bodin SHIMUNA