La ville d’Isiro s’est réveillée le samedi 17 juin 2017, sous une atmosphère inhabituelle de forte tension. A l’origine, le décès inopiné d’un natif de la ville, originaire de la chefferie Mayogo-Mabozo et membre de la communauté « Amis Yogo », Dieudonné Ndombele. L’homme aurait succombé après avoir avalé une décoction administrée en guise de soins médicaux par un sujet Nande, originaire de Butembo, au Nord-Kivu. Selon des sources concordantes interrogées par Le Maximum, tout serait parti d’un chantier de coupe de bois à Banana, localité située à plus au moins 22 km d’Isiro, sur la route de Kisangani, dans la chefferie Mayo-Mabozo, le vendredi 16 juin 2017 dernier. Selon les témoins, la victime, âgée de 25 ans, célibataire de son état, transportait des planches sur un vélo, en compagnie d’un coéquipier Nande. Une dispute (ou une discussion, selon certains) serait intervenue entre les deux compères, avant que le sujet Nande n’offre à la victime un verre contenant une décoction à base de racines pour lui redonner de la force. Dès la première gorgée avalée, la Dieudonné Ndombele a perdu l’usage de la parole, ses yeux se sont révulsés et il a été pris de convulsions.
Pris de peur, le jeune frère de la victime, témoin oculaire de l’événement, et le machiniste Nande ont tenté d’acheminer le malade vers une structure sanitaire non loin du lieu de l’incident, mais c’était trop tard. Dieudonné est décédé vendredi 17 juin 2017 vers 17 heures locales.
Le cadavre du défunt a été remis à sa famille par une équipe de la police, dépêchée pour enquêter sur les lieux du drame. Après que ce décès eut mis une parte d’Isiro sens dessus sens dessous, paralysant toutes les activités dans la ville. Pour manifester leur mécontentement, les membres de la famille du défunt Dieudonné Mombele, en synergie avec les voisins et voisines, ainsi qu’un groupe d’élèves d’écoles de la place, sont descendus dans les rues.
Portant le corps inanimé du mort, munis d’armes blanches, de rameaux et fleurs et ils scandaient des chants hostiles à la communauté « Yira », une mutuelle des Nande d’Isiro. Les manifestants n’exigeaient rien moins que leur départ de « la sainte ville de la bienheureuse mémoire Anuarite », à l’immédiat.
Des dégâts matériels ont été enregistrés lors de ce soulèvement populaire à Isiro. Quelques maisons et un véhicule de privé ont été la cible de jets de pierres. Pour apaiser la foule en colère et consoler la famille du défunt, Maik Kodravele, directeur de cabinet du gouverneur de province, Jean-Pierre Lola Kisanga, accompagné des membres du gouvernement, de Madame le Maire de la ville a.i, de membres du comité provincial de sécurité, de la société civile, de membres de la communauté « Amis Yogo », ont dû négocier avec la famille biologique du défunt.
Le gouvernement provincial du Haut-Uélé a pris en charge tous les frais funéraires liés à ce décès. Un geste qui a soulagé la famille éprouvée et décrispé la situation. Le représentant de Bayogo du Haut-Uélé, Guillaume Mabuneda, a appelé les siens à l’apaisement.
Pour rappel, un incident pareil avait été enregistré en février dernier dans la ville d’Isiro, lorsqu’un autochtone a été accusé de l’assassinat d’un opérateur économique membre de la communauté « Yira ». Les observateurs craignent que ne se développe une culture xénophobe à Isiro, semblable à celle qui a ravagé l’Ituri voisin.
Alain Panguimo