C’est le bras de fer entre la RD Congo et l’Union Européenne, à travers le Royaume de Belgique, particulièrement. Kinshasa a décidé d’en découdre avec les auteurs des sanctions ciblées contre les responsables de l’armée et de la police et les personnalités politiques proches du pouvoir, frappés d’interdiction de séjour et de gel d’avoirs aux Etats-Unis et dans l’Union Européenne. « Au mépris de la souveraineté et du principe élémentaire du contradictoire » selon le préambule à la proposition desdites sanctions, rédigé par la Commission pour la Défense de la RD Congo, mise sur pied à cet effet. La Commission rappelle les 80 ans de colonisation subis par le pays, les rébellions fomentées avec le concours de pays voisins et soutenues par les multinationales occidentales opérant dans le secteur minier, et les 8 millions de morts dues directement ou indirectement à ces rébellions et demeurées impunies. Avant de dénoncer le parti pris en faveur de l’opposition dont les acteurs politiques ne sont pas visés par les sanctions européennes et des Etats-Unis.
Les sanctions rd congolaises, qui visent en grande partie les autorités belges, seront appliquées graduellement, selon les propositions de la Commission. Mais elles seront strictement réciproques. « Il vaut mieux pousser les européens à sans masques, comme en Libye il y a quelques années, plutôt que les voir louvoyer sur des sanctions qui cachent leurs véritables intentions sur notre pays », confie au Maximum un cadre du ministère des affaires étrangères.
En attendant leur adoption par l’assemblée nationale, les sanctions visées sont connues. Elles iront graduellement des sanctions individuelles à la rupture pure et simple de certains partenariats ou coopérations officiels en passant par des sanctions économiques frappant des unités appartenant à certains pays dont l’ingérence dans les affaires intérieures de la RD Congo est notoire et contraire à la Charte de l’ONU.
Si donc les sanctions économiques sont encore inconnues, même si des sources diverses parlent de l’interdiction d’atterrissage de la belge Brussels Airlines, de même que les partenariats ou coopérations officiels, la liste des personnalités belges, de l’Union Européenne et américaines visée proposée par la commission de soutien à la RD Congo circule depuis le milieu de la semaine.
Sans surprise, Didier Reynders, le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères belge y tient le haut du pavé. Kinshasa lui reproche la création d’une plate-forme d’opposition au pouvoir en place à Genval il y a un an et l’accuse d’être le principal architecte de l’ingérence étrangère dans ses affaires internes. Il sera interdit de visa et ses avoirs en RD Congo seront gelés.
Bart Ouvry, l’ambassadeur de l’Union Européenne, auteur de la liste des personnalités rd congolaises sanctionnées et aussi accusé de mobiliser le corps diplomatique accrédité en RD Congo contre le pouvoir. Il sera déclaré personna non grata et expulsé.
Bertrand Combrugge, l’ambassadeur de Belgique et instigateur des sanctions, sera soumis à un isolement diplomatique à Kinshasa.
Koen Vervaeke, Managing Director au service d’action externe de l’UE, plaque tournante dans la prise des sanctions et auteur de faux rapport, sera interdit de visa et ses avoirs seront gelés.
La députée européenne membre du groupe socialiste, Maria Arena, figure de prouve de l’anti-kabilisme en Europe et la toute première à proposer les propositions de sanction contre les autorités rd congolaises se voit interdite de visa d’entrée en RD Congo. Et ses biens sont gelés.
Même sort pour Karl Vanlouwe de la NVA flamande, qui signe sans arrêt des tribunes appelant aux sanctions contre la RD Congo. De même que pour Peter Luycks, député fédéral NVA, initiateur de la motion de révision de la coopération RD Congo-Belgique.
Cerveau-moteur de la campagne contre la RD Congo à l’Union Européenne, la député européenne d’origine rd congolaise, Cécile Kyenge, est elle aussi interdite de séjour dans son pays d’origine et ses avoirs y sont gelés. Tout comme Ida Sawyer, la directrice Afrique de Human Right Watch, à qui il est reproche la publication de rapports basés sur des rumeurs qui, pour une large part, ont servi à la confection de la liste des personnes visées.
L’Américaine Sache Levnev, ancienne militante de la lutte contre les minerais de sang qui s’est reconvertie dans la politique rd congolaise est interdite de visa et voit ses avoirs en RD Congo gelés.
Entre Kinshasa et Bruxelles, la voie est ouverte pour une confrontation généralisée et une rupture des relations diplomatiques, simplement. En attendant de savoir qui en sortira perdant.
J.N.