Au cours d’une plénière, mercredi 14 juin 2017, les députés Européens ont adopté à main levée un communiqué exigeant l’organisation d’élections transparentes et équitables avant fin 2017. Ils se sont également déclarés inquiets de la détérioration de la situation politique, sécuritaire et humanitaire en RD Congo et en appellent à la création d’un comité indépendant d’enquête sur les violences dans la province du Kasaï ou plus de 500 personnes ont été massacrées, dont deux experts onusiens. « Du copier-coller du manifeste de conquête du pouvoir par des voies anticonstitutionnelles », commente ce député de la majorité présidentielle au pouvoir, qui rappelle les dernières prises de position d’acteurs politiques rd congolais sur la situation politique de leur pays. Le 10 juin dernier, Olivier Kamitatu et Félix Tshilombo Tshisekedi du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement avaient annoncé la mobilisation de leurs compatriotes pour la tenue des élections avant fin 2017. Une perspective rendue quasiment impossible par le retard enregistré dans les opérations de révision du fichier électoral en raison des troubles dans les provinces kasaiennes, notamment.
Le coup de pouce des députés européens à l’opposition politique en RD Congo intervient quelques semaines après que les ambassadeurs de l’UE eurent adopté, pour la seconde fois, des sanctions dites ciblées contre des personnalités au pouvoir en RD Congo, et donc proches de la majorité présidentielle de Joseph Kabila. Ce qui fait dire à nombre d’observateurs que les Occidentaux jouent leur va-tout pour faire pour faire tomber le pouvoir en place à Kinshasa par des voies non électorales et donc non démocratiques. Le communiqué signé mercredi 14 juin dernier, est révélateur de ces intentions puisqu’il soutient que « La RDC a souffert de cycles continus de conflits et de répression politique brutale. La situation humanitaire et sécuritaire s’est encore détériorée en décembre 2016 lorsque le Président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, a refusé de démissionner, en violation de la constitution congolaise limitant le mandat du Président de la RDC à seulement deux termes ».
Une interprétation erronée et une substitution des principes étrangers à ceux de la constitution de la RD Congo qui stipule plutôt, pour éviter tout vide au sommet de l’Etat, que le Président de la République reste en place jusqu’à son remplacement par un nouveau président élu. « En appelant à la tenue d’élections à un délai intenable, les Européens veulent plutôt en profiter pour opérer un passage en force sous prétexte que les scrutins ne sont pas tenus », estime un ancien diplomate, cadre au ministère des affaires étrangères à Kinshasa.
Une grave immixtion dans les affaires internes d’un Etat tiers donc, dictée par l’envie d’influer sur la situation politique du pays, estiment-on à Kinshasa. « Ce que veut Bruxelles, c’est voir ces hommes-liges aux commandes à Kinshasa », conclut l’ancien diplomate, pour qui le principe de souveraineté des Etats africains ne vaut rien pour les Européens. Des propos qui sont très près de la réalité, puisque le communiqué rendu public mercredi dernier par les députés européens en appelle à une commission d’enquête internationale dont Kinshasa ne veut guère, si elle n’est pas dirigées par ses fonctionnaires, comme le veulent les règles de droit international.
Entre la RD Congo et l’UE, ça passe ou ça casse, une bonne et dernière fois pour toutes.
J.N.