Les motions de défiance déposées mardi 13 juin dernier contre le vice-premier ministre et ministre de l’intérieur, le PPRD Ramazani Shadary, et le ministre d’Etat en charge de la justice et garde des sceaux, Alexis Thambwe Mwamba attendront quelque 3 mois avant d’être débattues par la plénière de la chambre basse du parlement. Œuvre de l’honorable Muhindo Nzangi du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement/Aile Katumbi, qui a obtenu la signature d’une cinquantaine de députés, les motions rendent Ramazani Shadari responsable des troubles dans les Kasaï, dont on sait qu’ils remontent à presqu’un an aujourd’hui, et Thambwe Mwamba responsable des évasions dans les prisons en RD Congo.
Selon le règlement d’ordre intérieur de l’assemblée nationale, 48 heures sont requises pour qu’une motion soit programmée pour être débattue en plénière. Les impétrants se basent sur la date du dépôt de leur exploit, mardi 13 juin, pour espérer qu’il sera au programme de la plénière du jeudi 15 juin 2017. Mais sans doute n’y croient-ils pas trop eux-mêmes. Parce que c’est ce même 15 juin se clôture la session parlementaire en cours, qui sera suivie de trois mois de vacances parlementaires. Des exigences protocolaires, toutes aussi réglementaires que le dépôt d’une motion, devraient compromettre tout débat sur la question. « On ne voit pas pourquoi le président de la séance privilégierait l’examen de ces motions aux discours cérémonies circonstancielles de clôture de la session », a confié au Maximum un cadre de l’administration à la chambre basse du parlement. Encore que s’exprimant sur les antennes de la Radio Top Congo à Kinshasa, mercredi 14 juin dans la matinée, le député MP F. Robota émettait de sérieux doutes sur la possibilité d’un débat autour des motions de défiance de Muhindo Nzangi et cie : « Nous n’avons même pas encore reçu les documents de travail y relatif, alors que nous devrions en discuter en plénière », a-t-il déclaré, révélant au passage que « les membres du gouvernement visés étaient absents de la capitale ». Une source parlementaire citée par Jeune Afrique assurant quant à elle que ce sont plutôt les ministres de l’Enseignement supérieur et universitaire ainsi que celui l’industrie qui sont prévus à l’ordre du jour de la plénière de clôture, 15 juin 2017, qui sera ponctuée de l’habituel discours-bilan du président du bureau de la chambre basse du parlement.
Nul n’aura donc été défié, et ne le sera sans doute jamais. Le récent vote de la loi des finances 2017 l’a encore prouvé. A l’Assemblée Nationale comme au Sénat, la Majorité Présidentielle tient ses quartiers plus que jamais et dispose d’une indéboulonnable majorité. Même contresignée par une cinquantaine de députés, une motion de défiance dirigée contre un membre du gouvernement dont fait partie la MP n’a aucune chance de réussite. Le but visé par ce type de tentative voué à l’échec est donc tout autre qu’une impossible déchéance de qui que ce soit : c’est un message à l’intention de l’opinion publique dont la crédulité est sollicitée pour diaboliser les adversaires de la majorité parlementaire, explique ce fonctionnaire habitué aux joutes parlementaires.
Dans tous les cas, l’exercice attendra la session de septembre 2017.
J.N.