L’Assemblée épiscopale provinciale de Kananga a lancé, à l’issue de sa réunion à Kinshasa tenue du 29 au 31 mai, un message « à l’Eglise et à la population du Kasaï ». Dont le contenu transpire la quasi complicité des élites kasaïennes qui voient d’un bon œil la création d’un mouvement d’opposition armée sous le label Kamwina Nsapu. Dès l’introduction de ce message à la population du Kasai, entre autre, les prélats catholiques du Kasaï Central considère que leur province est « une des régions dont le développement a peu préoccupé l’Etat congolais » depuis l’indépendance, pose donc en victimes innocentes ses populations, les terroriste Kamwina Nsapu y compris, manifestement.
« Les frustrations et le désespoir, déjà fruit de la mauvaise gouvernance et de cette marginalisation, sont aggravés au Kasaï par le phénomène Kamwina Nsapu et par la répression excessive des forces de l’ordre » contre ce soulèvement paysan qui touche aujourd’hui cinq provinces, accusent les évêques. Pour lesquels, si les frustrations sont excusables, la répression est elle, carrément excessive.
Pratiques fétichistes
Les huit évêques signataires fustigent néanmoins les « pratiques fétichistes qui séduisent une bonne partie de nos frères et sœurs », « l’enrôlement des enfants » dans « des groupes armés et criminels », « les massacres de nombreux compatriotes aussi bien par les partisans de Kamwina Nsapu que par les forces de l’ordre », la destruction de biens publics, « l’incitation à des antagonismes claniques », les déplacements forcés de populations, « l’hostilité contre l’Eglise catholique manifestée par la maltraitance des agents pastoraux et la destruction des églises, des écoles, des centres de santé, des hôpitaux, des couvents ». Au chapitre des exactions enregistrées au Kasaï, leurs excellences, comme une certaine communauté internationale ainsi que l’opposition politique interne qui lui est alliée, placent les forces chargées du rétablissement de l’ordre honni sur le même pieds d’égalité.
« Cette crise est politique et ses solutions sont dans l’avènement d’un véritable Etat de droit »., décrètent les évêques de l’église catholique romaine du Kasaï Central, qui en appellent ainsi, carrément, à un véritable Etat de droit. Traduction, l’Etat actuel ne l’est pas, enseignent-ils aux destinataires de leur message.
Une impasse
« La voie choisie par les partisans de Kamwina Nsapu est une impasse », reconnaissent néanmoins les évêques, qui demandent « à tous ceux qui ont pris les armes de revenir à la raison, de renoncer à la haine et à la violence » et « à la Justice d’établir les responsabilités et de sanctionner les coupables ». Ce en quoi ils omettent de relever que la justice à laquelle ils font appel n’est celle d’un Etat qui n’est pas un Etat de droit, à leur entendement. Pour cela, « il est urgent qu’une enquête indépendante soit diligentée », estiment leurs excellences.
D’ores et déjà, ajoutent les signataires, « nous accordons le pardon à tous ceux qui ont fait du mal à l’Eglise et nous invitons toutes les victimes à offrir leur pardon ». Dans cette optique, sera célébrée, le 2 juillet, dans toutes les paroisses du Kasaï, « l’Eucharistie pour les victimes de cette guerre et pour la conversion des cœurs », avec une collecte spéciale pour les sinistrés.
Comme leurs collègues de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), les évêques du Kasai Central sont des opposants du régime en place. Rien à redire.
J.N.