Samedi 10 juin 2017, le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (RASSOP), créé il y a un an à Genval (Bruxelles) à l’instigation des néolibéraux belges dans le but de défenestrer Joseph Kabila et sa majorité présidentielle (MP) du pouvoir avant décembre 2016, totalisera un an. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, emportant l’essentiel des objectifs que s’étaient assignés ces radicaux de l’opposition.
En effet, il ne leur a pas été possible de « dégager » Joseph Kabila, l’élu de 2006 et 2011, par la voie insurrectionnelle soigneusement fomentée à Bruxelles et financée à coup de centaines de milliers de dollars par le richissime ex. gouverneur de l’ex. Katanga et ses amis dans l’ancienne métropole coloniale de la RD Congo. Seuls quelques innocents entraînés dans la tragédie par des radicaux sans scrupules auront payé les frais d’ambitions politiques irréalistes en perdant la vie ou d’importants biens matériels.
Contrairement aux ambitions brandies dans les salles de conférence lambrissées du complexe hôtelier de Genval, il n’aura pas non plus été possible de se passer de toute négociation avec un Joseph Kabila toujours droit dans ses bottes et aussi flegmatique et mystérieux qu’à l’accoutumée. Les pourparlers du Centre interdiocésain de Kinshasa ont bien dû placer les « genvalistes » en face des partisans du camp présidentiel qui a aligné une fine équipe d’excellents négociateurs. Encore qu’il est de quasi notoriété publique que nombre de radicaux n’avaient résisté à la tentation de gravir les marches du Palais de la Nation, le bureau du numéro un congolais naguère promis à un « défenestrage » sans autre forme de procès quelques mois plus tôt, ou encore le parvis de l’une de ses résidences privées. En ce compris Félix Tshilombo Tshisekedi, le fils du défunt président du conseil des sages du Rassop en personne, qui n’a pas eu de cesse de caresser l’idée de voir Joseph Kabila apposer sa signature sur une ordonnance présidentielle pouvant lui permettre d’occuper les fonctions de 1er ministre du gouvernement d’union nationale.
Le régime constitutionnel spécial prôné de manière tonitruante par les radicaux – en remplacement de celui prévu la constitution adoptée par les rd congolais – n’a pas non plus obtenu la moindre chance en dépit de la complaisance flagrante des évêques catholiques appelés à la rescousse par Katumbi et ses affidés belges après que Joseph Kabila leur eût confié une mission de bons offices dont ils tentèrent vainement d’abuser pour faire le lit de l’accession au pouvoir d’Etat du candidat des radicaux à la présidentielle, Moïse Katumbi Chapwe, par des voies non démocratiques.
Le Rassop a plutôt perdu des plumes. De nombreuses plumes qui ornent aujourd’hui la table des modérés réalistes qui se sont résolus à prendre part aux préparatifs conjoints avec la majorité présidentielle et la société civile pour l’organisation d’élections susceptibles d’assurer l’alternance pacifique au pouvoir. Tout semble donc à revoir. Un conclave était prévu dès jeudi 8 juin 2017 pour ce faire. Jusqu’au moment où Le Maximum mettait sous presse, les assises des radicaux tardaient à démarrer, même s’il était acquis qu’elles se consacreraient à la « redéfinition d’objectifs politiques à atteindre ainsi qu’aux stratégies pour y parvenir ».
Des objectifs revus au rabais. Dans une interview à nos confrères de Politico.cd, Claudel Lubaya, un transfuge de l’UNC de Vital Kamerhe débauché il y a peu par Moïse Katumbi, le reconnaissait entre les lignes. Les radicaux doivent discuter agenda électoral, un point qui n’était pas initialement prévu parce que la voie insurrectionnelle semblait la plus prompte aux radicaux pour accéder au pouvoir d’Etat et de l’opposition à la tenue du referendum qui ne semble pas non plus avoir été prévu par leurs adversaires de la MP qui se préparent sérieusement aux scrutins à venir. Autre point projeté pour les délibérations du Rassop/Katumbi : la non-représentation de Joseph Kabila à la prochaine élection présidentielle, encore une parfaite incertitude, l’intéressé n’ayant jamais affirmé qu’il avait l’intention de se représenter. Son interview avec nos confrères du Der Spiegel l’en atteste.
Dans tous les cas d’espèce, chez les radicaux du Rassop, on est loin des ambitions d’il y a à peine un an.
J.N.