Le 29 mai passé, l’union Européenne a rajouté une couche à la mode en vogue qui consiste à émasculer toute velléité de résistance des peuples des pays du Sud vis-à-vis des prétentions impérialistes occidentales. Tout se passe comme si la seule attitude recommandable « conforme » pour tout dirigeant africain est de faire le dos rond et se résigner, bon gré, mal gré, face à la mise sous coupe réglée des pays du continent. En République Démocratique du Congo, le moins que l’on puisse dire est que, défaite sur le terrain de la dialectique et de l’évidence, l’Union européenne, littéralement cornaquée par une poignée des néolibéraux belges nostalgiques des délices congolaises ne s’est pas empêchée de brandir ses muscles en foulant royalement aux pieds les prescrits du droit international, voire des législations régissant les institutions européennes, au profit d’un droit impérial faisant prévaloir le droit de la force sur la force du droit.
Un compatriote de l’aile radicale du Rassemblement de l’Opposition (Genvaliste) à la langue pendue, désarmé face aux arguments rationnels lui opposés par la fine équipe de la Majorité Présidentielle lors des discussions directes du Centre Interdiocésain de l’année dernière, avait déjà vendu la mèche en menaçant carrément ses interlocuteurs de cette dernière famille politique de « représailles » internationales (sic !) s’ils ne se rangeaient pas aux points de vue défendues par le groupe emmené par le duo Tshilombo Tshisekedi – Lumbi « qui a l’appui de la communauté internationale ». Drôle de négociations politiques…
Il ne restait donc qu’à trouver les habituels alibis émotionnels à cette posture néocolonialiste dont les visées sont clairement aux antipodes des intérêts nationaux des Congolais.
En effet, la principale raison avancée en appui aux anathèmes qui viennent d’être distribués par l’Union européenne réside dans les événements malheureux qui endeuillent l’espace kasaïen depuis quelques mois. Il est curieux que le terrorisme qui sème la mort et la désolation au centre de la RDC à la suite d’une querelle locale autour du pouvoir coutumier dans une petite chefferie coutumière du territoire de Dibaya (Kamwina Nsapu) avec la création d’une milice de jeunes drogués qui ont causé des dizaines de victimes parmi les membres des forces de l’ordre, soit transformé en un grief contre le gouvernement central dont l’action a plutôt contribué à calmer le jeu.
La disparition de cette autorité a donné libre cours à un déferlement de violence qui a fini par prendre au dépourvu les autorités chargées du rétablissement de l’ordre public. Ce n’est que plus tard, lorsque les insurgés commenceront à avoir des revendications politiques proches de certains leaders politiques ayant pignon sur rue dans cette partie du pays, que l’opinion comprendra enfin le jusqu’au boutisme des terroristes drogués à la cocaïne importée d’Afrique du Sud qui ne reculaient devant aucune sommation armée.
Nous avons tous assisté ébahis face à l’invention de la terreur par ces hors-la-loi qui se sont illustrés par des décapitations, des rites anthropophagiques, des tueries aveugles filmés dont les victimes nombreuses parmi les forces de l’ordre et les compatriotes ayant le tord de ne pas appartenir à l’ethnie luluwa ont laissé plusieurs familles congolaises inconsolables. La communauté internationale a elle-même été frappée par ce terrorisme en perdant deux enquêteurs onusiens lâchement assassinés, puis soumis au même rituel de mutilation de cadavres supposé renforcer l’invulnérabilité des combattants évoluant sous la bannière de « Kamwina Nsapu».
Aujourd’hui, malgré le lourd tribut payé par nos forces de l’ordre dans la périlleuse entreprise de rétablissement de la paix, l’Union européenne se permet de brandir des sanctions contre ceux là même qui se sont employés à leurs risques et périls à réduire les capacités nocives des terroristes et à les empêcher à tuer, à piller les échoppes, les couvents et les églises, à violer à tout va, à saucissonner les corps des innocents postés sur des réseaux sociaux.
Curieusement, aucun de ces terroristes n’est visé par les sanctions ciblées européennes, encore moins ceux des politiciens accusés de leur fournir la caution. Les technostructures européennes semblent donc avoir pris en affection ces terroristes mis en déroute selon eux par une « disproportion des forces » sur le terrain…
Faut-il en rire ou en pleurer ? Pour un seul policier tué par un seul terroriste sur les champs Élysées, le gouvernement français va en guerre avec un dispositif sécuritaire tellement impressionnant que toute la ville de Paris s’en trouve désertée le temps de balayer complètement la menace. Pourtant au Congo, les terroristes n’ont qu’à faire autant de victimes parmi les forces de l’ordre, les agents de l’État et des civils innocents, cela ne devrait pas justifier que l’on leur opposât la force de la loi. Insensé.
Seul un projet de balkanisation et de chaos contre lequel le gouvernement n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme et qui ne relève pas de la science fiction peut expliquer pareille attitude. L’épidémie des sanctions politiquement motivées que l’on inflige toute honte bue à des préposés d’un Etat souverain accomplissant leurs devoirs apporte la preuve que l’assassin revient toujours sur les lieux de son crime. Car le dessein ultime de toutes ces manœuvres politiciennes est, vous l’aurez compris, d’obtenir la scissiparité du grand Congo qui se désagrégerait en petits États facilement malléables par la pègre néolibérale européenne. Comme elle a réussi à le faire en Libye ou au Soudan.
Les différentes zones rouges savamment entretenues préfigurent ainsi la RDC démembrée à laquelle travaillent astucieusement les adeptes du « diviser pour mieux régner ». Leurs précurseurs avaient fait de même naguère pour empêcher Patrice Emery Lumumba de placer ce pays sur l’orbite du progrès à l’aube de l’indépendance. Le peuple congolais qui a toujours mis en échec leurs projets machiavéliques ne se résignera pas cette fois face à une Europe décadente qui compte se refaire une santé économique en déstabilisant la RDC.
Ces sanctions n’atteindront jamais leur but escompté qui est d’intimider les Congolais en leur faisant croire qu’ils ne peuvent rien face à la toute puissance belgo-européenne et ses appétits gloutons.
JBD