La proposition de nouvelles sanctions européennes contre 9 nouvelles personnalités du monde politique et des appareils militaires et sécuritaires de la RD Congo défraye la chronique depuis une semaine. C’est grâce à la fuite d’un document de la Représentation de l’UE, dirigée par un sujet belge, que la nouvelle s’est répandue provoquant l’indignation des uns et la jubilation des autres en fonction de leur positionnement sur l’échiquier politique national. Renseignement pris, c’est un ‘think tank’ composé de Congolais proches des néolibéraux au pouvoir en Belgique, ancienne puissance coloniale de la RD Congo, qui a établi la liste des officiels à « frapper ». Ceux-ci se recrutent parmi les responsables les plus en vue du pays.
Une enquête de JB Shimuna et Samy Bossongo détricote ce qui s’apparente à un nouvel épisode de la politique belge de « balkanisation » du Congo-Kinshasa que dénonçait déjà en 1960 le leader indépendantiste Patrice Lumumba avant d’être assassiné. Selon leurs analyses, un quarteron de nostalgiques belges, conscients de la petite dimension de leur pays, instrumentaliseraient son appartenance à l’Union Européenne pour remettre le grappin sur l’ancienne colonie et ses immenses potentialités 57 ans après. Surréaliste.
C’est la face hideuse du néocolonialisme qui est mise à nu par le MR, parti de la coalition au pouvoir en Belgique, et les ramifications que certains de ses barons se sont attachées dans le landerneau politique de l’opposition rd congolaise dont quelques leaders se sont vus offrir des séjours de villégiatures ou l’hospitalité pour un exil doré dans l’ancienne métropole coloniale depuis le début de l’année 2016.
La sélection des personnalités listées par des diplomates européens travaillés au corps par le très activiste Didier Reynders, un des barons du MR qui trône à la tête de la diplomatie belge, ne relève pas du hasard.
Il s’agit de la fine fleur des responsables politiques, militaires et sécuritaires de la République Démocratique du Congo. L’objectif semble être d’exploser en vol le régime en place au Congo-Kinshasa pour provoquer dans ce pays fragile une chienlit favorable à toutes les aventures. Comme en Somalie, au Sud-Soudan ou en Libye.
Les raisons convoquées à l’appui de cette diplomatie des sanctions sont pour la plupart incohérentes et parfois ahurissantes. Un « Priority listing » élaborées à cet effet demande des sanctions contre des dirigeants congolais qui, à l’exception du chef de guerre Gédéon Kyungu, appartiennent tous au cercle des proches du président de la RD Congo et auxquelles les auteurs du rapport semblent reprocher uniquement leur proximité avec un chef d’Etat indocile et honni par eux. Les néolibéraux belges voudraient faire le vide autour de Joseph Kabila, le quatrième président de la RD Congo, qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Les arguments à l’appui des propositions de sanctions sont inexacts pour les uns et contraires à tous les principes de fonctionnement d’un Etat et des relations interétatiques pour les autres. Le fait que les auteurs du « Priority listing » ne l’aient pas adressé au Conseil de sécurité des Nations-Unies, seule autorité supranationale attitrée pour initier des sanctions ciblées internationales de ce genre, en dit long sur leurs véritables intentions.
Evariste Boshab et Emmanuel Ramazani Shadari, respectivement ancien et actuel ministres en charge de l’Intérieur et de la Sécurité sont soumis aux sanctions européennes pour leur « rôle de commandement » dans la répression des manifestations pacifiques du fait de leur coordination du travail des gouverneurs de provinces qui auraient « souvent violé ou réprimé (de telles) manifestations, fermé les médias et empêché la liberté de mouvement des opposants ». Les auteurs du document n’ignorent pourtant pas la différence générique entre une responsabilité de commandement et le pouvoir de tutelle exercé, aux termes de la loi congolaise par le ministère de l’Intérieur sur les administrations provinciales et les forces de l’ordre et de sécurité. Ils se font exégètes de la législation rd congolaise pour promouvoir carrément l’anarchie dans ce pays. Selon leur interprétation péremptoire, « les lois congolaises n’obligent pas les citoyens d’enregistrer leurs organisations pour tenir des assemblée pacifique ». Ce qui revient à dire que contrairement à tous les pays du monde, y compris européens, au Congo, un groupe non identifié peut, sans coordination avec la municipalité et la police, occuper la voie publique au nom des libertés de réunion et de mouvement de ses membres sans que les autorités n’y mettent bon ordre pour garantir les libertés des autres usagers de ladite voie publique !
Une lecture approximative ou biaisée des faits
Pire, alors que le rapport évoque des « responsabilités individuelles, spécifiques et concrètes », Evariste Boshab et Emmanuel Ramazani sont accusés, conjointement avec le Gouverneur Alex Kande du Kasaï Central, de « n’avoir pas reconnu les pouvoirs du chef traditionnel Kamuina Nsapu », initiateur d’un groupe terroriste qui a mis cette province à feu et à sang avant d’être tué lors d’affrontements avec les forces de police ; une affaire qui est toujours à l’examen tant au niveau administratif qu’à celui des cours et tribunaux congolais auxquels l’UE se substitue allègrement, sur base d’on ne sait quel principe. Le Gouverneur Kande est proposé à des sanctions au moment où il vient d’être rappelé à Kinshasa pour y être entendu sur les mêmes faits objet d’une enquête judiciaire en cours. Mais tout se passe comme si le Congo était désormais géré en même temps par ses institutions et l’Union Européenne ?
Il en est de même de Jean-Claude Kazembe, gouverneur du Haut-Katanga (tombé sous le coup d’une motion de censure de l’Assemblée délibérative de cette province, avant d’être réhabilité par une décision de la cour constitutionnelle la semaine dernière), indexé pour une « action » non autrement décrite qu’il aurait entreprise contre son prédécesseur Moïse Katumbi, ce qui révèle la complicité entre les inspirateurs de cette pantalonnade et l’ex. gouverneur du Katanga, présenté par l’UE comme « candidat » à une fantomatique élection.
La méconnaissance ou l’amateurisme des préposés de l’UE atteignent leur paroxysme avec le cas de Lambert Mende, le ministre de la Communication et Médias présenté comme « porte-parole de la Majorité présidentielle » alors que de notoriété publique, cette fonction est exercée par André-Alain Atundu Liongo. Lambert Mende qui est sanctionné comme auteur d’actes de « répression contre les mouvements pro-démocratie et de l’opposition et de la fermeture des médias » déjà attribuées par le même rapport au ministère de l’Intérieur du fait de sa tutelle sur les forces de police et aux gouverneurs épinglés qui, au regard de la loi sur la liberté de la presse de 1996 ont le pouvoir d’interrompre d’initiative le signal d’une entreprise audiovisuelle sur leurs provinces. Il est aussi accusé d’être « responsable de la fermeture des réseaux des télécommunications lors des désordres de septembre à décembre 2016 » alors que dans l’organisation institutionnelle congolaise, ces réseaux relèvent d’un autre ministère : celui des PTT et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication ! De telles approximations mettent à mal la crédibilité des auteurs du fameux « priority listing ». Le reste des incriminations contre le porte-parole du Gouvernement (et non de la MP) relève de « délits d’opinion » étonnants de la part des champions toutes catégories de la liberté d’expression et qui reprochent à Mende d’avoir « dit que RFI s’est transformé en attaché de presse de l’opposition » (il rendait compte d’une observation du président Kabila aux 15 ambassadeurs du Conseil de sécurité qu’il avait reçu en audience), d’avoir qualifié de « fake news » des accusations non étayées de preuves du bureau conjoint aux droits de l’homme de l’ONU à l’encontre des forces de sécurité loyalistes et d’avoir partagé avec des journalistes lors d’un point de presse des informations révélées notamment par le journal « Forum des As » sur le rôle qu’aurait joué Ida Sawyer, une activiste américaine de l’ONG Human Rights Watch, dans la décision des enquêteurs onusiens Sharp et Catalan de se passer de toute coopération avec les autorités locales du Kasaï Central, ce qui ne leur aura pas permis de bénéficier de la protection de ces dernières. En d’autres mots, la liberté d’expression et d’opinion en RD Congo, c’est pour les diplomates européens et leurs « clients », pas pour les officiels qui peuvent être sanctionnés pour avoir émis un point de vue contraire à la position de ces derniers…
Le cynisme de la terre brûlée
Les accusations contre le général Muhindo Akili Mundos, commandant des opérations des FARDC contre les terroristes ADF sont quant à elles, basées sur des « aveux » des… ADF qu’il combattait. Un comble de mauvaise foi. Le général Eric Ruhorimbere et le colonel Paul Mugisha Muhumuza sont pour leur part coupables d’un « usage disproportionné de la force » contre les Kamuina Nsapu, un groupe terroriste dont les « exploits » se sont soldés par plusieurs centaines de meurtres atroces dans les provinces du Kasaï Central et du Kasaï. Du reste, le rapport de l’EU refuse obstinément de reconnaître le caractère « terroriste » des égorgeurs des groupes Kamuina Nsapu. Une véritable logique de la terre brûlée.
Le parti-pris des inspirateurs des sanctions européennes en faveur du groupe de l’opposition radicale (Rassemblement de l’Opposition) créé à Genval (Bruxelles) mi 2016 pour des raisons évidentes est aussi apparent que le nez au milieu du visage. Les membres du Gouvernement ayant participé aux côtés de la Majorité présidentielle aux discussions directes avec ce regroupement sont accusés d’y avoir défendu des points de vue contraires à ceux des délégués du Rassemblement ou d’avoir, contre toute évidence, « obstrué ou tardé à mettre en œuvre les résolutions relatives à la décrispation politique » décidées en la circonstance. On sent dans chaque ligne du rapport le dépit profond des auteurs d’avoir raté l’objectif recherché par la Belgique, et à sa suite l’Union Européenne, de permettre au noyau dur de ses poulains réunis à Genval de s’emparer du pouvoir d’Etat en RD Congo hors de tout processus démocratique ou consensuel.
Le paradoxe du peuple congolais qui « vit pauvrement sur une terre naturellement très riche » servant de soubassement au droit d’ingérence que s’arrogent les néolibéraux belges initiateurs de cette machination est d’un cynisme d’autant plus déconcertant que leur pays est directement à la base de la décolonisation ratée de la RD Congo et de la dictature qui y a étouffé pendant près de quarante ans toute possibilité de développement autocentrée.
Inconsolables d’avoir perdu une véritable vache à lait au cœur du continent africain avec la diversification des partenariats économiques de l’ancienne colonie congolaise, ils ruent sur les brancards pour faire marcher le train de l’Histoire à reculons en profitant de l’agitation consécutive aux échéances électorales prévues pour la fin de l’année dernière. Dans ce Congo au territoire presque cent fois plus vaste que le sien, dont le très futé monarque Léopold II avait réussi à se faire attribuer la propriété en 1885 en acceptant bon gré mal gré d’y instituer une colonie offerte à ses commensaux des « nations civilisées » d’alors, se dressent, comme des vautours, des collaborateurs inconséquents prêts à faciliter, en échange de colifichets du pouvoir, la remise sous les fourches caudines d’un groupe de mercantilistes belges. Anciennement Congo-Belge, le Congo-Kinshasa a accédé à l’indépendance en 1960 mais des indécrottables nostalgiques dans l’ancienne métropole continuent de le considérer comme une arrière-cours pour leurs intérêts voraces.
Des considérations économiques
Toute honte bue, ils brandissent aux quatre vents leur volonté d’aider le Congo à vivre dans la prospérité, à connaître l’émergence et le développement que quatre-vingts ans d’administration et d’exploitation coloniales n’ont jamais réussi à y insuffler. La réalité est d’une banale trivialité : tout entrepreneur, producteur industriel ou prestataire de services, doit s’assurer de débouchés suffisants susceptibles de lui garantir un retour en termes de bénéfices. Cette condition paraît de plus en plus difficile à tenir pour nombre d’entreprises belges dont la RD Congo est la fenêtre sur le monde. Confrontés du fait de la mondialisation et des progrès des technologies à la multiplication de nouvelles unités industrielles et d’opérateurs de services dispersés sur la planète, elles n’ont plus le monopole ni de la production industrielle, ni des services comme dans le passé, lorsque, à l’instar de chaque nation, la Belgique pouvait se permettre de protéger jalousement ceux-ci.
Le contrôle des débouchés économiques et l’élaboration des offensives multiformes de marketing sont aujourd’hui des stratégies à la portée de plusieurs nouveaux acteurs. L’agitation entretenue en RD Congo s’inscrit dans les résistances plus ou moins subtiles de la part d’anciennes puissances économiques peu ou pas préparées à cette situation nouvelle et qui cherchent par divers moyens de maintenir en l’état leurs anciens débouchés. Ces résistances prennent la forme soit d’accords commerciaux plus ou moins léonins, soit d’une véritable confrontation au corps-à-corps pour imposer aux pays-débouchés des formules pouvant permettre la survivance anachronique de rapports favorisant la dépendance de ces derniers par rapport aux anciens maîtres en empêchant que les pays dominés deviennent eux-aussi producteurs de biens ou de services de nature à concurrencer les anciens dominateurs.
A l’évidence, la diplomatie des sanctions ciblées unilatérales (illégales au regard du droit internationale car prises hors du cadre du Conseil de sécurité des Nations Unies) fait partie d’un amalgame de raccourcis imaginés par d’anciennes puissances coloniales en mal de stratégies avouables face aux perspectives de développement ou d’émergence de leurs anciennes possessions dans le tiers-monde qui anticipent la faillite et la décadence subséquente de leurs économies. Contrairement à ce que semblent croire naïvement une certaine intelligentsia congolaise abreuvée aux sources de la philosophie néocoloniale, l’intérêt soudain pour la démocratie et les droits de l’homme sous nos tropiques affiché par Didier Reynders, Louis Michel et leurs affidés n’est que trompe-l’œil.
Couper le cordon ombilical ou disparaître
Ces considérations strictement économiques sont telles que les libéraux belges ne peuvent pas envisager de leur propre gré une aide substantielle et significative de nature à permettre au pays de Lumumba de se stabiliser réellement et de devenir aussi producteur, donc de cesser de dépendre pieds et poings liés de la Belgique, partenaire « traditionnel et spécialiste historique de la RDC » pour l’essentiel de ses activités existentielles. Pour que les industries belges sauvegardent avec certitude leurs débouchés, peu importe pour ces acteurs sans états d’âme que le Congo-Kinshasa demeure en état perpétuel de sous développement.
De l’esclavagisme au néocolonialisme en passant par la colonisation, les impérialistes sont toujours allés à l’assaut de nouvelles terres à la quête de leur propre prospérité économique. Pays naguère colonisé, le Congo doit impérativement suivre l’exhortation de Alpha Condé, le président de la Guinée (et de l’Union Africaine) qui estime que les Africains ont tout intérêt à couper le cordon ombilical avec leurs anciennes puissances coloniales s’ils veulent avoir une chance de survivre digne dans ce monde. Remettre le sort du peuple congolais entre les mains d’une ancienne métropole coloniale qui n’a, de tout temps, perçu leur pays que comme une vache laitière serait la pire des orientations pour les acteurs politiques congolais. Les multiples théories savamment élaborées dans des officines stipendiées à Bruxelles et à Kinshasa n’y changeront rien.
Au-delà des controverses philosophiques et politiques qui la traverse, l’intelligentsia congolaise doit toujours retenir que la capacité démontrée par certains peuples (Brésil, Chine, Inde, etc.) à neutraliser les plans de leurs anciens colonisateurs pour émerger, voire se développer au point de devenir désormais des concurrents économiques redoutés, nombre d’anciennes puissances coloniales peuvent adopter, en désespoir de cause l’objectif de déstabiliser et détruire les pays insoumis pour installer dans leurs ruines des marionnettes, soit directement, soit par le biais subtil de mandats de tutelle d’une ONU dont elles contrôlent les principaux rouages…
C’est dans cette optique qu’il faut situer l’offensive agressive des néolibéraux belges en RD Congo. « Quand j’entends le Ministre belge Didier Reynders ou le député européen belge Louis Michel parler de la RDC, j’ai l’impression qu’ils ont perdu de vue que ce pays n’est plus une possession coloniale de la Belgique et que leur seul objectif est de maintenir le peuple congolais dans le sous-développement, la misère, la division, les guerres, le chaos pour mieux le dominer, l’exploiter et le piller », s’insurgeait un diplomate asiatique aux Nations Unies. La haine viscérale affichée par les dirigeants actuels du petit royaume de Philippe Ier à l’égard du régime en place à Kinshasa est tellement épaisse que d’aucuns craignent dorénavant un plan de liquidation physique de certains leaders et dirigeants nationalistes de ce pays 57 ans après l’épisode tragique de l’assassinat de Patrice Lumumba, leader indépendantiste et premier Premier ministre du Congo indépendant issu d’élections démocratiques par d’autres extrémistes belges, un crime d’Etat pour lequel amende honorable avait été paradoxalement faite en l’an 2000 par… Louis Michel, alors chef de la diplomatie de Bruxelles !
Sophisme, double langage et distraction
Tout se passe pour ces acteurs belges qui se sont auto octroyés une nouvelle « mission civilisatrice » au Congo, comme si le développement, la démocratie et les droits de l’homme se résumaient à une seule chose : « dégager » par tous les moyens possibles Joseph Kabila, l’homme-qui-a-déjà-fait-deux-mandats et qui « donne l’impression de vouloir s’en octroyer un troisième ». Une attitude qui n’est pas sans rappeler les justifications spécieuses de ceux pour lesquels ils s’étaient pourtant excusés du bout des lèvres en 2000 lorsqu’ils avouèrent piteusement avoir fait assassiner en 1961 Patrice Lumumba, un élu légitime du peuple congolais, en faisant croire que l’indépendance avec le « communiste » Lumumba aux commandes du gouvernement était une malédiction qui devait « être évitée à tout prix »…
Pareil exercice de haute voltige intellectuelle soulève une question pertinente : le bien-être d’un peuple ne se résumerait-il vraiment qu’à cette limitation à deux mandats pour le seul chef de l’Etat ? On peut, en guise de réponse, signaler que des pays comme la Somalie, la Libye ou le Sud-Soudan sont devenus des catastrophes pour leurs peuples et des véritables plaies pour l’Afrique du fait d’interférences extérieures du genre de celles entreprises actuellement avec hargne par les néolibéraux belges en RDC et non à cause de l’exercice par leurs dirigeants de plus de deux mandats.
La démocratie comme prétexte à l’ingérence
Le déficit démocratique est utilisé par les prédateurs belges pour éliminer ceux qui s’opposent à leur entreprise de dépossession qui, en RD Congo est, de toute évidence, illégitime et antidémocratique car les configurations et les scènes qu’elles projettent ne reflètent ni le droit international, ni la volonté du peuple congolais qu’ils n’ont jamais consulté à cette fin. Imposer sa volonté à un peuple trop pauvre pour pouvoir dire non n’est pas un exercice démocratique. Ni les intoxications délibérées de l’opinion, les impositions et autres manipulations des faits et des idées pour influer sur la vie des institutions publiques qui constituent autant d’entraves au principe du droit de tous les peuples à l’autodétermination.
Les donneurs de leçons qui s’évertuent à transformer leurs interférences illégitimes en œuvre de bienfaisance devraient respecter eux-mêmes les principes de démocratie et d’auto détermination des peuples.
Il faut en finir avec cette culture de la soumission totale qui tend à faire des Congolais un conglomérat de marionnettes malléables à volonté et pour lequel seul un pouvoir adoubé par les « maîtres du monde » (sic !) serait à considérer comme légal, légitime et « démocratique ».
A l’évidence, les néolibéraux belges ne font que déstabiliser la RD Congo en y rendant impossibles le développement, la paix, la stabilité et la consolidation d’un leadership capable d’impulser la prospérité de l’Etat. Céder à leurs pressions revient à faire le lit d’une insécurité systémique qui ne fera qu’augmenter la misère des Congolais au lieu de l’alléger.
La suprématie de groupes d’intérêts comme ceux qui s’agitent depuis 2016 pour mettre le grappin sur la RD Congo par une subtile instrumentalisation des institutions européennes passe par une hégémonie sur ce pays aux riches potentialités, quels qu’en soient les dirigeants.
Les besoins de croissance et de la prospérité d’un petit pays européen comme la Belgique sont tels que certains membres de ses élites se sont laissés aller à user sans retenue, de mesures extrêmes pouvant leur permettre de « maintenir la tête hors de l’eau » dans un monde caractérisé par les incertitudes. Contrôler politiquement et économiquement un sous-continent de la taille de la RD Congo avec ses énormes richesses y apparaît dès lors à certains extrémistes comme une véritable question de vie ou de mort. Ainsi s’explique le fait que les dialectiques autour des élections qui, bien que relevant de la politique domestique, revêtent une importance singulière soient l’objet d’une planification stratégique ou spéciale à Bruxelles, le but étant de modeler et structurer les interactions de la politique intérieure congolaise afin de les rendre compatibles avec les intérêts particuliers desdits extrémistes.
Un défi surmontable
Cette domination impérialiste en marche n’est cependant pas une fatalité pour la RD Congo. Quoique difficile à atteindre à cause des méthodes sophistiquées mises en œuvre par le pré-carré néolibéral belge qui ne recule devant aucune ignominie pour arriver à ses fins, la fin de la prédation est possible. Il suffit pour cela qu’un nombre significatifs de Congolais fassent preuve de suffisamment de résilience, d’efficacité et de rigueur pour faire échouer sous leurs cieux l’accomplissement de divers plans machiavéliques à l’instar de la Chine et de quelques autres nations émergentes qui sont parvenues à surmonter ou à contourner les pièges tendus par des puissances impériales autrement plus redoutables avec lesquelles ils entretiennent les meilleurs rapports à ce jour.
Personne ne peut développer le Congo en lieu et place des Congolais eux-mêmes. Les « maîtres » autoproclamés auront beau jeu d’adopter, dans leur déploiement, une hypocrisie pour se faire accepter par leurs victimes naïves, la prise de conscience est rendue aisée par la grossièreté de l’approche des impérialistes belges qui, dans leur fébrilité, ne font même plus le moindre effort pour faire avaler les couleuvres de la domination néocoloniale aux Congolais et comptent uniquement sur un rapport de force brute.
Une enquête de Samy Bosongo et Le Maximum.