Trop des coupures intempestives, courant de piètre qualité… les abonnés de la SNEL à la Cité verte, faubourg Ouest de Kinshasa, ne veulent plus du mode prépayé. Ils menacent de battre le pavé pour mettre un terme à ce qu’un notable de la Cité considère comme « la pire escroquerie». « Au bout d’une journée, plus rien ne vous reste comme courant que vous avez prépayé à dix dollars ! Et vous n’en êtes même pas capable de préparer des haricots », confie cette ménagère. La Société nationale d’électricité a pourtant annoncé que ses ingénieurs ont entamé depuis le 4 mai 2017 les travaux de réparation du conducteur de la ligne très haute tension (THT) de la ligne électrique transportant l’énergie à partir du poste de Kimwenza vers le poste de Liminga dans l’Est de Kinshasa.
Ce conducteur en aluminium et acier s’est rompu mercredi matin au niveau du pylône électrique 622 non loin du poste de Liminga installé sur la 14ème rue dans la commune de Limete. La rupture du conducteur a entrainé un désagrément au niveau du poste mais qui a été vite réparé par le report de charge sur l’autre terne de ligne Kimwenza-Liminga.
Selon le directeur des transports à la SNEL, M. Pembele, qui a conduit la presse sur les lieux, la rupture du conducteur n’a pas causé des dégâts humains et les dispositions ont été prises pour permettre aux techniciens d’œuvrer en toute quiétude. Il a également fait savoir que la société dispose des pièces de rechange et des accessoires nécessaires pour réparer le conducteur coupé en remettant le terne en état de fonctionnement normal.
L’incident n’a pas entrainé de graves conséquences sur la distribution d’énergie dans la capitale, a dit l’ingénieur Pembele, précisant que la charge a été reprise immédiatement par le second terne pour alimenter les deux transformateurs du poste de Liminga d’une capacité installée de 75 MW chacun.
Ce poste, une des principales sources d’alimentation de la capitale après celles de Funa et de Lingwala, dessert les parties Est, centre et nord de la capitale ainsi que les grandes industries et une partie du cœur de l’administration publique, a fait savoir M. Pembele.
Bras de fer avec les abonnés.
La ligne Kimwenza-Liminga a été mise en service en 1972 à l’inauguration du barrage hydroélectrique d’Inga I, 351 MW. La Société nationale d’électricité déplore, par ailleurs, l’envahissement de servitudes de ses installations électriques sur l’ensemble du pays, particulièrement à Kinshasa où les maisons d’habitations, des entreprises et autres édifices sont érigés sur des servitudes réservées pour la sécurité et les interventions dans lesdites installations. Le pylône 622, sur lequel un conducteur s’est rompu, se retrouve, à ce jour, englouti dans les installations d’une entreprise privée, fait remarquer la SNEL à l’Hôtel de ville ainsi que des autorités en charge de l’administration foncière. Voilà qui, selon ce directeur de la SNEL, a posé des difficultés d’entrée dans l’entreprise, de longues heures durant et retardé les interventions des techniciens de la SNEL. La Société nationale d’électricité appelle, par conséquent, les pouvoirs publics au respect et à l’application de la loi en vigueur et à la mobilisation des services publics ainsi que la municipalité pour la protection des installations électriques. «En cas des pertes en vies humaines au moment de panne de ce genre observée non loin du poste de Liminga, la SNEL n’est pas responsable », a prévenu le directeur Pembele.
A Lubumbashi, la SNEL fait également face à une grogne de ses abonnés qui ont résolu de se prendre en charge. Pour pallier les difficultés de la fourniture en électricité, les habitants du quartier Base Kavaria, commune de Lubumbashi, ont cotisé et construit une cabine électrique, installé des poteaux et des câbles. En clair, ils ont anticipé la mise en application du nouveau code de l’électricité dont les mesures d’accompagnement sont en souffrance pour leur applicabilité. Pour la direction provinciale de la Société nationale d’électricité, les habitants du quartier Base de Lubumbashi n’ont pas qualité pour s’auto-doter d’une cabine électrique et procéder de leur propre gré à la distribution du courant. Par conséquent, toutes ses installations doivent être détruites sans délais. Depuis, c’est un bras fer qui s’est installé entre les deux parties avec des ramifications politiciennes. Dans la capitale du cuivre, la SNEL a, en effet, fini de perdre toute crédibilité. Il y a peu, la Fédération des entreprises du Congo, FEC locale, a carrément levé l’option d’importer du courant d’Afrique du Sud.
Le ras-le-bol des minings.
Selon Eric Monga, président de la Fédération des entreprises du Congo du Grand Katanga, son organisation poursuit des négociations avec la société Sud-Africaine ESKOM. L’énergie importée devra ainsi couvrir le besoin des entreprises minières. Il faut importer de l’électricité pour couvrir le déficit de la SNEL évalué aujourd’hui à 400 mégawatts, a indiqué Éric Monga. Lors de la conférence internationale consacrée à la production et consommation de l’électricité, organisée, courant avril 2017, à Lubumbashi, M. Monga a laissé entendre que l’offre proposée par la société ESKOM d’Afrique du Sud fera l’objet des discussions directes entre la FEC, à travers ses commissions mines et énergie et la SNEL. Et qu’une fois le marché conclu, ESKOM fournira aux entreprises minières son excèdent d’énergie via la SNEL. «Ce sera une opération couteuse certes, mais de l’avis de la FEC, le mieux serait de recourir à cette énergie importée que de voir les sociétés minières installées au Congo sombrer en terme de compétitivité sur le marché, faute de production suffisante », a fait comprendre le président de la FEC du Grand-Katanga. Actuellement, le complexe minier du Katanga ne reçoit que la moitié de l’énergie dont il a besoin, soit près de 1000MW.
Cette situation a contraint les grands producteurs de cuivre dont Glencore, Ivanhoe Mines et Sicomines à importer l’électricité de la Zambie.
Chaque mois une panne.
Des associations de consommateurs de la place font remarquer que depuis 2016, la SNEL avance chaque mois un problème complexe pour justifier ses contre-performances dans la fourniture de l’électricité. Au mois d’avril, la SNEL a évoqué l’étiage pour proposer son projet mirobolant des centrales thermiques. Le directeur général de la Société nationale d’électricité, Eric Mbala, a indiqué, courant mars 2017, qu’une panne au barrage d’Inga occasionne des coupures d’électricité intempestives dans plusieurs quartiers de Kinshasa depuis quelques jours. Interrogé par la presse, il n’a pas révélé la panne, a indiqué radio Okapi. Mais il a promis une amélioration de la desserte en électricité qui devait intervenir le même mardi en fin de journée. Début février, deux pylônes qui supportent des câbles électriques de haute tension de la SNEL sont menacés d’écroulement suite aux érosions provoquées par la pluie. Eric Mbala qui a livré cette information indique, sans donner plus de détails, que plusieurs poteaux électriques se sont écroulés au quartier Kindele, a rapporté la radio onusienne…une fois encore! Entre décembre 2016 et janvier 2017, les étudiants de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) avaient, plus d’une fois, appelé à la démission du directeur général de la SNEL. Ils ont manifesté le 13 décembre à la place Intendance après une coupure d’électricité qui a duré une cinquantaine de minutes sur le campus de l’université. Réaction de la SNEL, toutes ces coupures sont dues à un court-circuit survenu à une installation qui alimente le campus en électricité. On peine y croire, désormais.
POLD LEVI