Faute d’avoir obtenu de la Majorité Présidentielle la primature et la présidence du Comité National de Suivi de l’Accord et du Processus Electoral (CNSA), le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (RaSop) aile Félix Tshisekedi – Pierre Lumbi recourt à la rue. C’est, de toute évidence, le fameux Plan B, que ces radicaux partagent avec la hiérarchie de l’église catholique romaine de la RD Congo. Un plan insurrectionnel pour obtenir le départ du pouvoir de Joseph Kabila et de sa majorité, qui avait été mis sous éteignoir à la faveur de l’organisation de nouvelles négociations qui auraient dû, à l’entendement des radicaux, aboutir aux mêmes fins politiques.
Sur la question des modalités de désignation du futur 1er ministre ainsi que la désignation du président du CNSA, la MP a refusé de plier, jusqu’au bout. Même si les hommes de Joseph Kabila ont accepté la dernière proposition cléricale, qui suggérait des consultations entre le Président de la République et le Rassop autour de la nomination du 1er ministre, ils n’en ont pas moins exigé une liste de 3 noms, à soumettre aux fameuses consultations. Tandis que sur la désignation du président du CNSA, la MP s’est arcqueboutée sur l’obligation de consensualité autour de la personne, soutenue en cela par toutes les autres parties prenantes aux négociations, à l’exception du RaSop Félix Tshisekedi-Pierre Lumbi.
Echec des négociations pour vider Kabila
Retour à la rue donc. Selon cette tendance du RaSop. Le lendemain de la clôture des négociations directes du Centre interdiocésain, mardi 28 mars 2017, Jean-Marc Kabund, le secrétaire général de l’UDPS s’est empressé d’animer un point de presse. L’événement a eu lieu sur la 10ème rue plutôt qu’au siège du parti sur le Petit Boulevard, en raison d’échauffourées provoquées par des délinquants se revendiquant du parti d’Etienne Tshisekedi, qui ont entraîné l’intervention des forces de maintien de l’ordre. Jean-Marc Kabund entendait donner la suite de l’UDPS à la situation provoquée par l’échec des négociations directes. « Nous allons maintenant nous prendre en charge », a-t-il décidé, invitant les combattants à des actions de résistance pacifique contre la dictature, à se mobiliser pour une grande marche pacifique sur toute l’étendue de la République et dans la Diaspora. Le secrétaire général de l’UDPS a également demandé aux éléments des forces armées et de la police nationale à ne plus obéir aux ordres d’un pouvoir devenu illégitime.
Mais l’exercice auquel sont conviés les combattants devrait s’avérer plus compliqué qu’il n’y parait. En réalité, il ne semble pas que quiconque maîtrise qui que ce soit dans les rangs des combattants. En guise d’actions de résistance pacifique, c’est bien à des agressions de paisibles automobilistes dont les véhicules arpentant le boulevard Lumumba ont été caillassés, que les combattants se sont livrés dès le lendemain de la fin des travaux du Centre interdiocésain, sans attendre l’ordre de qui que ce soit.
24 heures plus tard, le 29 mars 2017, c’était au tour du RaSop aile Félix Tshisekedi-Pierre Lumbi de se réunir, au siège de l’UDPS cette fois-là, pour procéder à « l’évaluation sans complaisance du dialogue national et inclusif du Centre interdiocésain … ».
Légitimité populaire contestable
Le document de quelque 3 pages signé par Félix Tshisekedi prêterait à rire sous d’autres cieux. Mais il a été rendu public à Kinshasa où peu sont à même de s’étonner d’entendre dire que le RaSop avait « … renoncé à son exigence initiale – par ailleurs largement soutenue par le peuple congolais – du départ de Monsieur Joseph Kabila de la Présidence de la République Démocratique du Congo à l’échéance de son deuxième et dernier mandat le 19 décembre 2016 », en vue d’assurer la continuité de l’Etat … Comme si un parti ou un regroupement politique avait le droit de décréter la fin de la continuité de l’Etat … Mais aussi qu’un tel parti ou regroupement politique avait le droit de voir octroyer la direction du gouvernement et la présidence du CNSA.
Faute d’avoir obtenu gain de cause, le RaSop Tshisekedi-Lumbi confirme, lui aussi, le plan de mobilisation générale déjà annoncé par Jean-Marc Kabund la veille.
Même s’il se dégage comme une contradiction entre cette proclamation de la fin de la légitimité du Président Joseph Kabila et l’attachement renouvelé à l’Accord du 31 décembre 2016, un document qui stipule noir sur blanc que Joseph Kabila demeure Président de la République jusqu’à l’élection du prochain président de la République. Il ne s’agit donc pas d’une réelle proclamation de la fin de la légitimité de Joseph Kabila, à laquelle personne ne croit vraiment, même au RaSop. C’est de pressions à exercer sur l’homme qui détient la clé de l’énigme qu’il s’agit, s’il faut appeler le chat par son nom.
J.N.