Les manifs annoncées sont une diversion. La vraie crise qui couve autour de la succession d’Etienne Tshisekedi est de nature à affaiblir la position de l’Udps au sein de «Rassop»…
En l’espace de 48 heures, deux dirigeants de l’Udps – sans mandat statutaire – ont résolu de renvoyer le «peuple» (en fait des casseurs) dans la rue en protestation à la non-signature de l’Arrangement particulier faisant partie intégrante de l’Accord politique global et inclusif du centre Interdiocésain signé le 31 décembre 2017. “Le Rassemblement demande au peuple congolais de demeurer en état d’alerte et de résistance, contribuer à la réussite de la journée ville morte sur toute l’étendue du territoire nationale le lundi 3 avril 2017; soutenir la grève décrétée par les syndicats le mercredi 5 avril 2017; participer massivement à la marche pacifique annoncée par l’UDPS pour la date du 10 avril et d’autres manifestations publiques pacifiques pour revendiquer l’application de l’Accord de la Saint-Sylvestre du 10 au 24 avril 2017», a déclaré Tshisekedi sur «Top Congo Fm» relayé par Voa…
Martin Fayulu a renchéri en soutenant, dans les mêmes médias que : “Il apparaît aujourd’hui que la bonne foi du Rassemblement s’est butée à la mauvaise foi caractérisée de M. Kabila qui ne veut pas quitter le pouvoir et par conséquent, sabote toute initiative tendant à organiser les élections crédibles pour une alternance démocratique en RDC“, avant d’estimer que «Dès lors que le processus devant conduire à la mise en œuvre de l’accord est ainsi compromis, le consensus dégagé pour l’acceptation de monsieur Joseph Kabila comme chef de l’Etat pendant la courte période préélectorale et électorale est rompu”. Et de conclure, comme pour se contredire : “Rassemblement réaffirme son attachement à l’Accord du 31 décembre 2016 et récuse toute solution initiée en dehors de sa mise en œuvre diligente et conforme“.
La veille, c’était Jean-Marc Kabund qui a défrayé la chronique. «Prenant mes responsabilité devant l’histoire et la nation », le secrétaire général de l’Udps a carrément donné instruction aux membres du parti et du regroupement de se mobiliser pour les manifestations publiques à venir et à la communauté internationale de ne plus reconnaître Joseph Kabila comme Président de la République !
Usurpation du pouvoir
Pourtant, au nom de l’Etat de droit, ni le président du «Rassemblement», ni le Secrétaire général de l’UDPS, ne sont compétents pour engager officiellement ces organisations politiques.
D’abord, si on se réfère à l’«esprit de Genval», le Rassop ne compte que deux organes : le Conseil des sages et la Coordination des Actions. Ayant fonctionné sans statuts ni règlement intérieur du vivant d’Etienne Tshisekedi, cette plateforme est toujours sans textes régissant son fonctionnement, malgré le réaménagement opéré le 3 mars 2017.
Conséquence logique : Félix Tshisekedi a beau être nommé président du «Rassemblement», mais les responsabilités qu’il s’arroge sont dépourvues de soubassement légal.
Ensuite, si on se réfère aux statuts de l’Udps, Jean-Marc Kabund n’a pas compétence pour engager légalement ce parti. L’article 22 est assez clair. « Le (a) Président(e) du Parti est le symbole de l’unité du Parti », dispose l’alinéa 1 qui précise notamment que «Il (elle) représente et engage le Parti conformément aux dispositions statutaires et réglementaires », «Il (elle) supervise et coordonne le fonctionnement des activités du Parti. A ce titre, il est tenu pleinement et régulièrement informé sur les activités de chaque organe et structures du Parti » et «Il (elle) négocie et signe les alliances politiques».
Même s’il fait partie de l’organe appelé «Présidence», le secrétaire général de l’Udps – troisième structure venant après le Président et les Secrétaires du Parti-Chefs de mission – a une mission bien spécifiée consistant à coordonner «toutes les activités de gestion courante du Parti et organise les services administratifs et techniques du Parti».
A moins de considérer les manifestations publiques comme activités de gestion courante de l’Udps, Jean-Marc Kabund sait qu’en se substituant au président du parti (la succession est réglée à l’article 27), il se livre à une usurpation du pouvoir.
Ils redoutent une crise prévisible
En fait, aussi bien par rapport au Rassop qu’à l’Udps, le «tandem Fatshi-Kabund» se livre à une grosse diversion en se servant de l’Accord du 31 décembre 2016 comme prétexte.
En effet, Fatshi (qui exerce au sein de son parti la fonction non statutaire de secrétaire général adjoint) et Kabund (qui s’arroge les prérogatives du président qu’il n’est pas) savent que cet Accord n’est applicable qu’en intégrant l’Arrangement particulier.
Au chapitre III.3. consacré aux Institutions à mandat non électif, il est bien stipulé dans la deuxième phrase du sous-point III.3.1. que : «Les modalités pratiques de cette participation inclusive seront déterminées par un arrangement particulier à convenir entre les parties prenantes et qui ferait partie intégrante du présent Accord» ; et dans le dernier paragraphe, que : «La mise en œuvre des principes énoncés ci-dessus est déterminée par un arrangement particulier conclu entre les parties prenantes faisant partie intégrante de l’Accord». La phrase est éloquente : l’Arrangement particulier est intégré dans l’Accord. Ce qui signifie, concrètement, que les deux documents font UN !
La diversion, cependant, se situe au niveau de la succession au poste de président de l’Udps. Dans plusieurs chroniques précédentes, l’article 27 des statuts de l’Udps est évoqué parce qu’il y est question de l’«intérim du Président du parti ».
Pour rappel, l’article 27 dispose qu’«En cas de décès, de démission, d’empêchement définitif du Président du Parti, le Président de la Convention Démocratique du Parti assume son intérim pour un délai ne dépassant pas 30 jours au cours desquels il est tenu de convoquer une session extraordinaire du Congrès en vue d’élire un nouveau Président du Parti ; élection à laquelle il ne peut faire acte de candidature».
En toute logique, dès l’annonce du décès d’Etienne Tshisekedi, l’Udps devait désigner son président intérimaire, chargé de convoquer le Congrès en session extraordinaire non pour la désignation mais pour l’élection du nouveau Président.
Force est de constater que près d’une soixantaine de jours après, Fatshi et Kabund se servent du prétexte des funérailles du lider maximo pour ne pas procéder à cette succession pourtant statutaire.
En réalité, les deux hommes redoutent la crise prévisible qui éclatera avec tous les risques de remise en question de la position privilégiée de l’Udps au sein du «Rassemblement».
Cette crise-là pourrait emporter le parti le Mpr-Parti Etat bis…
Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum