La petite tension qui montait aux premières heures de la matinée du 27 mars, à Limete, est vite retombée hier avant-midi. La foule nombreuse que l’on disait déferlant de la Tshangu vers le Centre interdiocésain s’est finalement avérée une pantalonnade, l’appel à «la prise en charge de sa souveraineté» par le peuple, lancé par la CENCO, s’est avéré une déculottée, cette fois-là.
Les évêques sont allés trop loin. A en juger par la presse parue lundi 27 mars 2017 à Kinshasa. Plan B : La Majorité présidentielle ne souhaite plus voir la CENCO s’immiscer dans la gestion de l’Etat durant la Transition devant conduire aux prochaines élections. Faute de quoi, toutes les confessions religieuses reconnues en RDC auront aussi droit au chapitre.
La MP l’a signifié vendredi dernier lors de la deuxième journée des négociations directes entre la MP et le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement élargies à d’autres forces politiques tel que le Front pour le respect de la constitution qui regroupe notamment le controversé mouvement citoyen Lucha ainsi que le Mouvement pour la libération du Congo, MLC, qui conteste de plus en plus au rassemblement aile Xème Rue –en fait Félix Tshisekedi, Pierre Lumbi, Moïse Katumbi et consorts- le leadership de l’opposition en RDC.
Une certaine presse internationale redoute déjà le spectre centrafricain en RDC. Sur la toile, Xavier Monnier et Joan Tilouine notent que «La RDC occupe une place stratégique sur la carte religieuse du continent. Un terrain où les influences évangéliques, catholiques et musulmanes se rencontrent. Il est important que l’Eglise catholique continuent d’œuvrer à maintenir de bonnes relations avec les autres cultes et à éviter une guerre religieuse comme cela a pu arriver en Centrafricaine».
Une désapprobation de la lecture des enjeux politiques par la Conférence épiscopale nationale du Congo gagne petit à petit le camp de la majorité. Quand Mgr Utembi, président de la CENCO, estime que son interlocuteur exclusif au Rassemblement est Félix Tshisekedi, André Alain Atundu, AAA, porte-parole de la Majorité présidentielle, loge dans la même corbeille toutes les ailes du rassemblement. Dans un communiqué transmis à la presse le 17 mars dernier au terme de la conférence de presse qu’avait animé AAA, la MP, en substance, disqualifie toutes les ailes du Rassemblement. “Ni Félix Tshisekedi, ni Joseph Olenghankoy encore moins Patrick Mayombe. Aussi longtemps que l’unité absolue ne sera pas retrouvée au sein du Rassemblement, les discussions au centre interdiocésain, sous les auspices de la CENCO, n’évolueront pas ». Par conséquent, il sera difficile pour le président Kabila de nommer un Premier ministre et l’Accord de la Saint Sylvestre ne sera toujours pas d’application. Alors la Majorité présidentielle demandera au Chef de l’Etat de tirer les conséquences de l’enlisement…le sort de la mission de bons offices de la CENCO sera scellé. Et André Atundu d’enfoncer «Depuis un certain temps et de façon récurrente, les relations entre la RDC et certains partenaires sont marqué par un malentendu hautement préjudiciable…Au-delà de ce comportement viscéralement vicieux, marqué manifestement par l’animus nocendi, c’est le sentiment d’injustice et d’inégalité à l’égard de notre pays dans l’appréciation et la présentation des faits qui est le véritable problème ». L’allusion à la dernière déclaration du Pape François à l’égard de Joseph Kabila et sur son voyage annulé au Congo hante encore les esprits, ici. «Certains partenaires prennent une posture impérative donnant la désagréable impression d’être au-dessus de la souveraineté de la RDC et de la Charte des Nations Unies», fulmine AAA. Une manière nuancée de cet ancien diplomate et ancien barbouze d’interroger, paraphrasant un acteur politique de rang mondial : «le Vatican, ça fait combien de divisions ?». L’apophtegme est de Staline, exaspéré par les vetos répétitifs du Saint Siège à l’expansion de l’influence soviétique dans le monde. « Vous savez, l’Eglise a une histoire particulière au Congo. Elle s’est implantée durablement, s’est structurée et est un véhicule d’éducation. Et nous sommes présents partout dans le pays. L’Eglise est une de rares institutions qui fonctionne ici. Nous avons au moins 40 millions de fidèles » s’est récemment vanté Mgr Montemayor, le Nonce apostolique en RDC, selon Le Monde-Afrique. Qui commente, « Le nonce apostolique le sait bien : le Chef de l’Etat ne l’apprécie pas, se méfie même de lui et de cette église catholique si influente (…) ». 40 millions de fidèles, c’est par rapport à quelque 40 autres millions d’adeptes d’autres religions.
NKM