Ça sent le roussi à l’Office de Gestion de Frêt Maritime (OGEFREM), pour son DG Anatole Kikwa, jusque-là bien côté dans l’opinion, pourtant. Les médias se sont emparés depuis quelques semaines de dénonciations de fraudes fiscales dont le DG se serait rendu coupable. Des politiques aussi. Le dernier en date, c’est un élu du Kongo Central, notoirement connu pour son aversion contre la Majorité Présidentielle au pouvoir en RD Congo et son autorité morale. Dont relève pourtant Anatole Kikwa, le DG de l’Ogefrem. Intervenant sur un média capté à Kinshasa, l’honorable Puela a véhémentement pris la défense de Kikwa, vantant les constructions réalisées sous son leadership et la contribution de l’Ogefrem au budget national. Pas sûr que ce soit la meilleure idée du monde, cette sortie médiatique manifestement coterique de la part d’un acteur politique de l’opposition connu pour son penchant viscéral à tout peindre en noir, lorsqu’il s’agit de ses adversaires politiques de la MP.
Même si dans cette Ogefremgate, le pot aux roses est révélé par un certain Mirindi, cadre de … l’Ogefrem et du … PPRD, le parti politique d’Anatole Kikwa. C’est Mirindi, qui a accusé son collègue de parti politique et patron à l’Ogefrem de détournements présumés des fonds dus au fisc, plus de 6 millions de dollars US. Alors que le parquet général ne donne pas encore des signaux clairs pour faire la lumière sur cette affaire dont il aurait été saisi, des intérêts liés à l’Ogefrem s’affrontent donc déjà, au sein du parti présidentiel aussi.
Mirindi, qui s’estime menacé dans son intégrité physique depuis qu’il a mis sur la place publique ce qu’il qualifie d’actes de mégestion, a fait état de la préoccupation du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD, dans cette affaire. Le cadre de l’Ogefrem était l’invité d’une émission en lingala dans une chaîne télé de la place au cours de laquelle il a cité nommément des personnalités de proue du PPRD qui seraient intéressées à l’Ogefremgate. L’émission a été interrompue, sans doute sur pression venue de quelque part, croit-on dans l’opinion publique kinoise. Ce qui n’est pas pour redorer le blason du DG et de son Ogefrem. Depuis lors, aucune réaction du parti présidentiel pour récuser ou affirmer les déclarations de M. Mirindi qui s’est dit membre cofondateur du PPRD, pourtant.
Selon des sources, les familles biologiques des deux protagonistes se seraient également mêlées dans cette affaire, se lançant des propos orduriers devant des agents et cadres de l’Ogefrem médusés.
Mais il sied de rappeler que le DG Kikwa avait déjà évoqué au cours d’une conférence de presse des difficultés financières pour justifier le non-versement au fisc des obligations dues. Même s’il n’y a pas bien longtemps, en 2016, l’homme se félicitait de la construction du port sec de Kasumbalesa. Le coût des travaux n’a pas été rendu public. Toutefois, selon Anatole Kikwa Mwata Mukambu, cité par les médias officiels, «le montant qui sera déboursé est supérieur à celui dépensé pour la construction de l’immeuble abritant le siège social de l’Ogefrem». Pour mémoire, la construction du nouveau bâtiment administratif de l’Ogefrem a coûté 7.500.000 de dollars. «Ce projet [Kasumbalesa] est le plus grand depuis la création de l’office en 1980», a-t-il expliqué. Autres constructions, le bâtiment Ogefrem de Lufu, localité du Kongo Central où s’observent d’importants échanges commerciaux entre l’Angola et la RDC susceptibles de renflouer les caisses de l’entreprise. Coût des travaux : RAS. L’on sait toutefois que «plus de 3 millions de dollars», selon la haute direction de l’Ogefrem, auront servi à la construction du bâtiment abritant la direction provinciale du Katanga. Et foi du DG Kikwa, la valeur du patrimoine immobilier de l’Ogefrem se chiffrerait à plus de 90 millions de dollars. Pourtant, l’apport de l’Ogefrem dans le budget de l’Etat n’est guère perceptible, selon Michel Somwe, prof. d’économie, ancien de la Banque centrale du Congo. Il l’a dit urbi et orbi lors d’une intervention (autour de la mutation de FPI en banque d’investissement) sur Radio Okapi.
Ce qui n’a pas empêché cet établissement public est primé çà et là pour sa gestion exemplaire. Le dernier prix en date est celui de la «Dynamique de l’Afrique et des Caraïbes».
NKM