Il a été rapporté, le 11 février dernier à Bunia, Chef-lieu de l’Ituri, que deux exploitants forestiers ont été kidnappés par des hommes à mains armées non autrement identifiés dans la localité de Lako, à 165km de la ville de Bunia. Selon les sources locales, les kidnappeurs exigent une rançon de 18.000 USD. Les services de sécurité traqueraient ces ravisseurs avec la détermination de démanteler leur réseau.
L’Agence nationale de renseignement (ANR) a déjà neutralisé, mi-février, le présumé kidnappeur en chef du Nord-Kivu. Il s’agit d’un certain Abou Mugisha, la trentaine révolue, d’un tempérament plutôt mélancolique mêlée à une certaine timidité. « Un vrai léopard », s’accordent à dire des criminologues à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Activement recherché, Abou Mugisha et sa bande de kidnappeurs se sont retranchés de longues semaines durant dans la chefferie de Bambo, dans le territoire de Rutshuru. Mais l’homme qui s’est embourgeoisé en clin d’œil dans son business peu recommandable, a sans doute voulu se refaire une seconde vie…d’honnête citoyen.
Pisté grâce à son mobile
Fin décembre 2016, il débarque à Goma pour se lancer dans l’immobilier. Selon des sources, Abou Mugisha achète même une maison. Le voilà qui se prend à vouloir rouler carrosse. Le kidnappeur le plus redouté du Nord-Kivu se fait prendre par les services lors d’une transaction d’achat d’un véhicule de luxe. Il a, en effet, remis les services sur sa piste en utilisant le même numéro de mobile avec lequel il opère pour exiger rançons. Probablement mis sur écoute, Abou Mugisha sera appréhendé et cuisiné. Le kidnappeur, selon la mairie de Goma, aurait avoué détenir dix armes à feu qu’il a cachées dans un sous-bois au sortir de la ville de Goma et être à l’origine de nombre de cas de rapts dans le chef-lieu du Nord-Kivu et dans d’autres agglomérations de la région (Beni, Butembo…).
Parmi ses victimes, une femme commerçante bien connue à Goma répondant au nom de Maman Patrick. Abou l’a libérée après que sa famille lui ait payé une rançon de 6 000 dollars. Autre victime, ce transporteur routier, Muhire, kidnappé à bord de son poids-lourds, entre les bourgades de Mabenga et Kazaroho, qui avait recouvert la liberté à la veille de la Saint-Sylvestre, après que ses kidnappeurs, en fait la bande à Abou Mugisha, eurent perçu 4 000 dollars. Comme si cela ne suffisait, le kidnappeur en chef a voulu se servir de sa victime comme un hameçon en vue d’attirer d’autres gros transporteurs dans ses filets. Craignant pour sa vie, le chauffeur Muhire a entrepris d’appeler ses collègues avec le téléphone du kidnappeur. Il tomba sur un certain Kakule, de qui il sollicite une aide de 5 000 dollars. Mais Kakule ne s’est pas présenté au lieu du rendez-vous. Finalement libéré par son ravisseur, le camionneur Muhiri est allé raconter son infortune auprès des agents des renseignements auxquels il a communiqué le numéro téléphonique de son kidnappeur, Abou Mugisha. Ce qui permettra son arrestation.
Cependant, d’autres réseaux de kidnappeurs sévissent encore dans la région. Les ravisseurs d’un agent de la Direction générale des migrations (DGM) exigeraient la somme de 1000 dollars pour sa libération, selon les autorités du Sud-Kivu. Longa Mude a, en effet, été kidnappé, fin décembre 2016, par des personnes non autrement identifiées dans la localité de Nyagoma dans la cité de Sange, territoire d’Uvira. Selon la DGM locale, les ravisseurs utiliseraient l’un des réseaux de communication du Burundi. La DGM n’a pas encore pu établir les raisons de son enlèvement. Le rapt du directeur financier de l’Université de Bunia (UNIBU) en Ituri, Robert Metukazi, fin janvier, dans le quartier de Bankoro par des hommes armés, semble être lié au conflit qui a opposé les membres de l’ancien comité de gestion aux professeurs de cette université dans une affaire de 138 millions de francs détournés, selon son avocat, Nagi Godi. Quant aux trois jeunes filles d’une même famille enlevées à Kamanyola, elles ont été retrouvées dans une maison de tolérance dans la banlieue de Bukavu, début février. On rapporte aussi dans le chef-lieu du Sud-Kivu que la petite amie, sinon la fille d’un acteur politique majeur de la province aurait été enlevée puis libérée après paiement d’une rançon de 15 000 dollars. Aux dernières nouvelles, il était fait état de l’enlèvement de deux journalistes dans la région.
NADINE & BEF