Des images, assurément horrifiantes, circulent sur les réseaux sociaux, qui montrent de présumés éléments des Forces armées de la RD Congo (FARCD), achevant froidement des miliciens Kamwena Nsapu, déjà désarmés et donc inoffensifs au moment des faits. L’affaire grand’ bruit, sur la toile, mais également en dehors, dans l’opinion nationale et internationale. Depuis notamment qu’un quotidien étasunien ayant pignon sur rue, suivi par d’autres sur le vieux continent, commentent ces images peu réjouissantes, il est vrai.
En RD Congo, le gouvernement a promptement réagi à travers un communiqué signé du ministre de la communication et médias et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, samedi 18 février. Qui renseigne que les images diffusées exploitent des affrontements qui ont opposé les troupes loyalistes et miliciens Kamwina Nsapu, porteurs d’armes de guerre, de chasse et d’armes blanches, qui marchaient sur Mbujimayi le 21 décembre 2016. L’accrochage a eu lieu dans les villages de Mwanza Lomba, Katengayi et Katende à 25 km de la capitale diamantifère, et a duré 48 heures avant que les miliciens ne décrochent après avoir perdu 13 des leurs, dont 2 femmes, et abandonné au moins 3 armes à feu récupérées par les troupes loyalistes. « Le film introduit dans les réseaux sociaux est vraisemblablement un montage réalisé après ces accrochages par des pourfendeurs du gouvernement … », avance le porte-parole du gouvernement. Sans trouver oreille attentive, dans les milieux des opposants et des ressortissants des provinces kasaiennes, particulièrement, où tout le monde y va de sa petite rengaine, plus cotérique que rationnelle.
A commencer par le secrétaire général adjoint en charge des questions politiques et diplomatiques de l’UDPS, Félix Tshisekedi, dont la génitrice est originaire de la province du Kasai Central, dont les miliciens sont originaires. Pour la circonstance, celui que l’on présente comme le futur 1er ministre du gouvernement d’union nationale ne s’encombre pas de formalisme, zappe carrément son patron, le secrétaire général d’origine Katangaise, Jean-Marc Kabund, et prend l’affaire des miliciens Kamwina Nsapu sur lui : « Je dénonce ce massacre, ce génocide au Kasai qui a été mis à nu grâce à la vidéo qui a fait le tour du monde », lit-on sur la page Facebook de l’homme qui serait appelé, dans les tous prochains jours, à régner sur la même armée qu’il accuse de génocide. « Une commission d’enquête internationale et indépendante s’impose afin les responsabilités des forces armées congolaises dans la perpétration des crimes d’une violence aussi brutale que bestiale », poursuit le prétendant 1er ministre rd congolais qui ne s’encombre pas de gants pour affirmer qu’il s’agit d’éléments Fardc sur les images incriminantes. Comme n’importe quel combattant de l’UDPS, Félix Tshiseke y va de ses connaissances en droit : « A la lumière des images qui ont circulé, il y a bien lieu de croire à des crimes contre l’humanité, à des crimes de guerre. Mon peuple sert de chair à canon. Mon cœur saigne. Justice doit être faite ». Génocide, crimes de guerre, crimes contre l’humanité, le fils Tshisekedi promis par hérédité aux plus hautes fonctions étatiques ignore encore, manifestement, que ce n’est qu’après enquêtes et instruction de dossiers qu’on peut ainsi qualifier des faits de guerre …
Mais Félix Tshisekedi n’est pas le seul à vouloir tirer profit d’images qui, si elles ne s’avèrent pas montées pour nuire à des adversaires politiques, ne devraient pas exonérer des miliciens des crimes perpétrés depuis près d’un an dans la région. Et sur lequel tous se taisent et ferment pudiquement les yeux. Une organisation de défense des droits de l’homme, l’IRDH, a posté une plainte contre les Fardc, adressée à la Cour Pénale Internationale ; tout comme Paul Nsapu, l’activiste des droits de l’homme et défenseur des intérêts de Moïse Katumbi Chapwe, qui lui a décidé de traduire en justice le ministre rd congolais de la communication, Lambert Mende Omalanga.
Tout se passe comme si les Fardc auraient entrepris des expéditions punitives contre de civils innocents. Alors qu’il s’agit d’une milice armée, qui écume la région depuis des mois, au vu et au su de tout le monde, asphyxiant économiquement la ville Kananga. Samedi dernier encore, les miliciens Kamwina Nsapu avaient attaqué le Grand Séminaire Malole, non loin de Kananga. Dans une lettre pastorale lue dimanche dernier dans les églises catholiques de Kinshasa, le Cardinal Monsengwo s’en émeut franchement : « Nous avons appris avec indignation, le samedi 18 février 2017 l’incendie d’une partie du Grand Séminaire de Malole par des inciviques, qui ont semé la terreur chez les sœurs carmélites voisines dudit séminaire à Kananga, dans la province de Kasaï Central », écrit le prélat. Qu’on ne peut accuser de mensonge sur la question, de même. Le peuple dont se revendique le prétendant à la primature en RD Congo est un peuple incendieur, comme celui qui a profané St Dominique, manifestement.
Sur les incidents du Grand séminaire Malole, Monsengwo n’est pas le seul à en parler. Le Vice-premier et ministre et ministre de l’Intérieur, Ramazani Shadari, en a fait état au cours d’un point de presse animé à l’Hôtel Pulman Kinshasa, le même dimanche. Le patron de la police et des services de sécurité affirme que derrière des miliciens se réclamant d’un chef coutumier décédé depuis plusieurs mois se dissimulent des acteurs politiques originaires de la province, en réalité. Qui répondront des crimes commis devant la justice, assure-t-il. Cela aussi, Félix Tshisekedi l’ignore. A moins qu’il ne fasse semblant de l’ignorer, simplement.
J.N.
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Communiqué du 20 février 2017 (2)
Avis d’expert