La dernière sortie médiatique du président national de la FEC, Albert Yuma, continue à faire des vagues dans les milieux politiques et des affaires. Pour Yuma, Bukanga Lonzo, c’est pire qu’un éléphant blanc.
Investir dans l’agriculture ne revient pas à jeter des millions des dollars dans du sable, a déclaré en substance le président de la FEC en marge de la cérémonie d’échanges de vœux au sein du patronat. Le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, qui a coûté la bagatelle somme de 83 millions de dollars, n’est qu’un arbre qui cache mal la forêt des besoins en investissements dans le secteur agricole, a fait comprendre Albert Yuma lors de la dernière assemblée générale ordinaire de ce principal patronat de la RDC. Quelque 1.800 plantations (hévéa, palmier à huile, coton, café…sucrière) demeurent à l’abandon, depuis des lustres, sur l’ensemble du territoire national et ne sont guère à l’abri d’une spoliation, apprend-on au Secrétariat général de l’Agriculture.
Selon Sylvestre Motayo Mbela, patron de la SECAF, Société d’exploitation de café, les cultures pérennes (café, cacao, thé et hévéa) résistent tant bien que mal à la crise des cours des matières premières à l’échelle internationale. Alors qu’en Côte d’Ivoire, les ressources générées par le cacao et le café participent à hauteur de 15% à la formation du Produit intérieur brut, PIB et près de 40% des recettes d’exportation de ce pays. En RDC, cet industriel déplore plutôt que des négociants rwandais et ougandais contrôlent l’essentiel des exportations de café de l’Est de la RDC du fait que la filière locale souffre d’u manque de financement pour mieux canaliser la vente de son produit à l’étranger. «Si l’Etat investit 15 millions de dollars dans la culture, à coup sûr, il gagne, à moyen terme, au moins 45 millions de dollars», fait savoir Motayo. Tel ne figure pas malheureusement parmi les options de l’Etat…même à moyen terme. La part du secteur agricole dans le budget 2016 était de 8%. Elle devrait se rétrécir suite à la révision à la baisse du budget de 8 à 6 milliards de dollars.
Banque des crédits agricoles à la Saint glinglin.
Le président du Sénat, Léon Kengo, avait justement déploré que les cultures pérennes étaient curieusement laissées à l’abandon alors qu’elles rapportaient, il y a quelques décennies, jusqu’à 45% des revenus de l’Etat en monnaies. Le sénateur Mokonda Bonza y est revenu dans sa question orale posée, début juin 2016, au Premier ministre Matata Ponyo. Matata Ponyo y a réservée une suite plutôt évasive sur le plan numéraire. Pourtant, dans le cadre du programme du Cadre intégré renforcé, CIR, les partenaires traditionnels de la RDC dont FAO, PNUD, USAID et ONUDI se sont engagés à soutenir la relance de la production de l’huile de palme, appelée or orange du fait de sa demande qui va crescendo au niveau mondial. Première étape, le Kongo Central, dans le Mayumbe. Ici le projet a nécessité 4.359.080 dollars. Alors que le CIR a décaissé plus de la moitié du montant requis, soit 2.661.080 dollars, le gouvernement r-dcongolais s’est engagé à ne verser que 237.000 dollars ! Et le reste, soit 1.461.000 dollars, c’est aux bénéficiaires de le trouver. Qui sont-ce ? De petits producteurs familiaux qui n’ont pas accès aux crédits bancaires, ont déploré des associations paysannes lors de la dernière foire agricole de Matadi soutenue par l’organisme néerlandais de développement, SNV. Hélas, l’appel à soutenir l’agriculture en RD Congo, lancé aux banques et autres investisseurs nationaux et étrangers à travers le Programme national d’investissement agricole, PNIA, lors du dernier forum agri-business (mars 2015) n’aura vraisemblablement eu qu’un écho limité. «C’est au gouvernement d’en manifester avant tout l’intérêt», fait comprendre cet ingénieur agronome, « voilà pratiquement 5 ans que le projet de la relance de la Banque des crédits agricoles a été annoncé…mais rien n’est venu». La création d’une banque agricole fait, en effet, partie de 28 mesures dites urgentes prises par le gouvernement lors du conseil extraordinaire des ministres du 26 janvier 2016. Une année après, la décision prise en mode « urgence » semble plutôt avoir été renvoyée dans les moyens et longs termes. Leny Ilondo, auteur d’un article scientifique, « RD Congo : éviter un risque financier systémique », propose que le gouvernement et la BCC accordent aux banques commerciales des allègements substantiels pour soutenir leur déploiement consécutif au processus de bancarisation, d’autant plus que le démembrement des provinces et la montée de leur autonomie nécessiteraient des investissements additionnels pour ces banques.
POLD LEVI