Un nouveau secteur opérationnel FARDC (Forces armées de la République Démocratique du Congo) a été créé, sur décision du dernier Conseil supérieur de la défense présidé par le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, pour en finir avec les menées subversives et rebelles des miliciens Kamwena Nsapu. Il englobe les trois provinces du Kasaï (Kasaï, Kasaï central et Kasaï oriental), en passe d’être gangrenées par le fléau militariste-rebelle.
Par ailleurs, un nouvel auditeur supérieur des Forces armées de la République démocratique du Congo pour l’espace kasaïen, le colonel Mukuta, venu de la 11ème Région militaire (Kikwit), a pris ses fonctions depuis le début de la semaine à Kananga. Mais loin de faire la politique du va-t-en-guerre ou du jusqu’au-boutisme, le Conseil supérieur de la Défense a levé l’option d’user autant du bâton que de la carotte. Il s’est résolu d’aborder la question Kamwena Nsapu tant sur le plan politique que coutumier, a indiqué à la presse le ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants, Crispin Atama Tabe Mogodi. C’est dans ce cadre que le Premier ministre, Samy Badibanga, et son ministre de l’Intérieur et Sécurité, Ramazani Shadari, étaient attendus jeudi 26 janvier 2017 à Kananga. Le Premier ministre y tiendra une réunion de sécurité élargie aux gouverneurs des trois provinces du Kasaï en proie à l’instabilité suite à des actes de vandalisme auxquels se livrent des miliciens de Kamwena Nsapu. Il sied de rappeler que le Chef d’Etat-Major des FARDC, le général Didier Etumba, avait effectué le déplacement de Mbuji-Mayi, le 28 décembre dernier, accompagné d’une escouade d’officiers généraux.
Réglé à la va-vite par le précédent patron de l’Intérieur et Sécurité, le PPRD Evariste Boshab, le problème Kamwena Nsapu n’a pas tardé à ressurgir et à développer d’interminables tentacules. De Tshimbulu, bourgade d’origine du chef coutumier mort au cours d’un affrontement avec les forces loyalistes, à Kananga la capitale de la province du Kasai Central en passant par Tshikapa, Kabeya Kamwanga (Kasai Oriental) et nombre d’autres agglomérations des provinces kasaïennes, les miliciens Kamwena Nsapu et apparentés ont semé terreur et désolation sans coup férir. Protégés, à l’évidence, par des autochtones manifestement acquis à la cause du défunt Chef coutumier. Un voyageur en provenance de Kananga, le chef-lieu de la province, rapporte au Maximum que le phénomène Kamwena Nsapu est plus sérieux qu’il n’y paraît. « Dans la région, tous les autochtones ou presque se reconnaissent dans le mouvement revendicatif : motards, marchands, vendeuses et vendeurs de ci ou de ça ». Bref, les forces dites vives de la province, qu’il est impossible de cibler et de distinguer de la population civile. Qui plus est, se croient nanties de pouvoirs quasi magiques et sont persuadées que leur mentor, le Chef coutumier mort au combat contre l’ordre établi, est aussi vivant et régnant qu’aux meilleures heures de sa gloire d’antan. Et entendent poursuivre son combat jusqu’à preuve de contraire, c’est-à-dire, de sa mort effective et définitivement irrémédiable.
La résolution du problème Kamwena Nsapu ne saurait donc se limiter au seul aspect militaire, le substrat psycho-social qui le sous-tend doit être rencontré. Comme cette exhumation du corps du défunt chef coutumier, suivie de sa restitution solennelle aux siens, recommandée dans ces mêmes colonnes par un élu des Kasai (Le Maximum n° 410 du 25 janvier 2017), Florent Mulumba de Kabeya Kamwanga. Manifestement, Joseph Kabila et le Conseil Supérieur de la défense se sont convaincus de ces impératifs de pacification en décidant de coupler aux mesures militaires des approches plus sociologiques.
NADINE KINGOMBE ET J.N.