Aux négociations directes sur l’arrangement particulier portant mesures d’application de l’Accord de la Saint Sylvestre, il y a un peu de tout, y compris des menaces à peine larvées. A ce jeu là, tout le monde s’adonne, y compris leurs excellences les évêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) qui assurent facilitation entre les acteurs politiques en présence. Et même un peu plus que de la facilitation, en fait. Parce que depuis quelques heures, les évêques ont décidé de ne plus y aller par le dos de la cuillère et de proposer des pistes de sortie là où les politiques ne trouveraient pas entente. En espérant que la pilule passe : dimanche dernier, les délégués de la Majorité Présidentielle, qui s’estiment les moins aimés des catho, ont dit leur fait à leurs excellence à qui ils reprochent un parti pris flagrant en faveur du Rassop et du Front pour la défense de la constitution. Les choses semblaient rentrées dans l’ordre depuis, jusqu’au moment où les évêques ont re-brandi la menace de l’interruption unilatérale de leur facilitation. Dans un communiqué, dimanche soir, la CENCO déplore le retard que prennent les négociations dites directes et somment les acteurs politiques de les conclure avant le 29 janvier au plus tard. « Nous sommes en train de perdre un mois pour l’organisation des élections. L’Accord devait s’appliquer dès sa signature », s’est plaint le vice-président de la CENCO, le très engagé Fridolin Ambongo, cité par notre consoeur de la RFI, Sonia Rolley. « Nous partons à Genève (Suisse). Si d’ici samedi, l’arrangement particulier n’est pas signé, c’est fini », a carrément menacé l’archevêque de Mbandaka Bikoro. Des déclarations qui survenaient 24 heures seulement après que Mgr Ambongo eût dénoncé la mauvaise foi des politiques et brandi le fameux plan B de la CENCO, à mettre en application si les négociations échouaient.
La perspective de ce plan B ne sera, à l’évidence, pas du goût de tous dans la classe politique rd congolaise. Surtout pas de la MP où, au cours d’une émission diffusée sur la RTNC et Congo Web TV, Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement et délégué de la MP au centre interdiocésain, disait ce qu’il pense d’un tel plan : il ne vaut rien s’il heurte la plus petite disposition de la constitution, que tous, y compris les évêques, ont convenu d’observer à la lettre. Or, ce ne semble pas être le cas dans le fameux plan B. D’abord, parce que la mission de facilitation, les évêques l’ont reçue du Président de la République qui leur a renouvelé le mandat avant d’engager la seconde étape des pourparlers du centre interdiocésain. Il y a lieu de douter que Joseph Kabila ait convenu de quelque plan B que ce soit avec les calottes sacrées de l’église catholique romaine de la RD Congo. Ensuite, parce qu’à en croire les supputations des médias en ligne et des internautes, le plan B clérical consisterait en la mise sous tutelle onusienne de la RD Congo : une idée fixe udpsienne qui remonte aux temps immémoriaux de la dictature mobutienne, que l’on voit mal Kabila et les siens adouber même au nom du Christ rédempteur.
J.N.