Ça discutait encore ferme, lundi 23 janvier au Centre interdiocésain de Kinshasa sur la composition du Conseil National de Suivi de l’Accord Politique conclu le 31 décembre dernier lorsque l’information est tombée. Le président désigné à l’unanimité par l’Accord dit de la Saint Sylvestre, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, doit incessamment se rendre en Belgique effectuer un « check-up » médical. En fait, un déplacement pour des raisons de santé pour cet acteur politique âgé de 84 ans, qui était dans l’air depuis décembre dernier. Le lider maximo de l’Udps avait même été donné pour séjournant déjà en Europe, avant de réapparaître aux obsèques de son collège du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, Charles Mwando Nsimba, décédé quelques jours plus tôt en Belgique. Selon des sources familiales, Ya Tshitshi, comme l’appellent affectueusement ses partisans, devait quitter Kinshasa lundi soir à bord d’un jet privé qui, assure-t-on, avait déjà décollé de Bruxelles à cette fin.
Dans les travées de l’opposition rd congolaise, concernée au premier chef par cette absence de celui qui par ailleurs préside aux destinées du Conseil des sages du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, on se veut rassurant sans trop rassurer. « Il s’agit d’une simple consultation. Il devrait prendre un peu de vacances, après six mois de présence ininterrompue, mais cela ne durera pas plus de quelques semaines », a expliqué son fils et prétendant aux fonctions de 1er ministre, Félix Tshisekedi. Mais à Kinshasa, peu croient aux estimations optimistes du fils de son père. Pour la bonne et simple raison que la dernière fois qu’Etienne Tshisekedi s’est rendu en Belgique pour raisons de santé, le séjour a duré quelques bonnes années.
Le voyage d’Etienne Tshisekedi pose donc problème, sérieusement. Le week-end dernier, les négociateurs du Centre interdiocésain avaient réussi à convenir, non sans peine, de la date de la signature de l’engagement particulier, le 28 janvier prochain, soit deux jours avant l’installation officielle du comité national de suivi dont le lider maximo de l’UDPS est le président nommément désigné par l’Accord de la Saint Sylvestre. Non seulement le président du CNSP sera absent de la RD Congo en ces moments cruciaux pour l’avenir immédiat du pays, mais en plus, il apparaît que le « Vieux » ne pourra que laborieusement (pour ne pas dire pas du tout) tenir le rôle lui dévolu par ses pairs.
L’ennui, pour les opposants, c’est qu’il n’est pas prévu d’intérim pour la fonction de président du CNSP, ni de remplacement. Il s’agit d’une fonction confiée à Etienne Tshisekedi intuitu personae et à personne d’autre, explique-t-on. En son absence donc, c’est le 1er vice-président du conseil qui dirige, un poste qui a échu … à la Majorité présidentielle. Dans les faits, donc, c’est la MP qui dirigera le fameux conseil. Vilain retour de manivelle pour l’opposition qui n’a jamais rien rêvé de mieux que d’équilibrer les pouvoirs durant la période avant les prochaines élections en partageant fifty-fifty avec la MP. Au conseil, ce qui a paru comme une victoire du Rassop pourrait tourner en eau de boudin. A moins que, comme cela se dessinait lundi tard dans l’après-midi, les négociateurs n’aient finalement convenu d’une première vice-présidence tournante.
J.N.