Routes barricadées, journalistes, sympathisants évacués, le procès du coordonnateur dans le Grand Katanga du Rassemblement des forces politiques et de la société civile acquises au changement, Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, pour offense au Chef de l’Etat, a commencé jeudi 5 janvier au Parquet général de Lubumbashi, dans un climat peu serein. Dans l’opinion lushoise monte un ressentiment de complot contre les acteurs politiques katangais de renom.
Son retour pour Kinshasa ou Lubum n’est pas pour bientôt. Moïse Katumbi doit encore attendre. Dans les négociations politiques sous arbitrage de la CENCO, le Rassemblement des forces politiques et de la société civile acquises au changement n’a pas pu convertir le penalty, pour reprendre une image footballistique chère à l’ex gouv de l’ex province du Katanga, qui aurait pu faire accéder directement Katumbi à la division d’honneur des éligibles à la prochaine présidentielle. Un penalty, raté lui aussi, visait la libération Jean-Claude Muyambo, autre acteur politique katangais d’envergure. Avis de tempête à Lubum.
Un certain chauvinisme gagne l’opinion publique à Lubumbashi. La classe politique locale est la cible des politiques de Kinshasa, marmotte-t-on ici, selon des sources. Lubumbashi suppute sur un mois de décembre noir : Mwando Simba, décédé suite à des complications digestives, Kyungu Wa Kumwanza livré à la justice après la levée de son immunité parlementaire, donc à un pas de la prison, Jean-Claude Muyambo malade et en prison, Moïse katumbi et Raphaël Katebe Kaqtoto en exil…Mazembe, le club le plus titré de la RD Congo sans coach. Un peu d’amalgame, mais pour l’essentiel, il reste qu’ici on croit que Kinshasa y serait pour quelque-chose.
Pourtant dans la capitale, au centre interdiocésain, Delly Sesanga, katumbiste devant l’Eternel, aura usé de toutes les subtilités d’homme de droit, et d’envolées oratoires conséquentes, avant de se voir à chaque fois ramené sur la terre des hommes par un Thambwe Mwamba plutôt perspicace, ou encore un Lambert Mende perspicace, rapportent des sources proches des calotins de la CENCO. S’il avait maille à partir qu’avec le seul Etat rd congolais, le ministre de la Justice qui s’est succédé à lui-même dans le cabinet Badibabanga, aurait fait élargir Moïse Katumbi, selon la majorité. Hélas, le Chairman est poursuivi par la justice dans un dossier de spoliation d’immeuble par un privé, un sujet grec. Pour rappel, l’affaire Emmanouil Alexandros Stoupis contre Moïse Katumbi Chapwe porte sur un immeuble situé aux n°6 et 8 des avenues Mahenge et Kato, dans la commune de Kampemba dans la ville de Lubumbashi. Dans cette affaire, il est reproché au candidat à la prochaine présidentielle rd congolaise, entre autres, de faux en écriture : une première fois devant le conservateur des titres immobiliers pour l’obtention d’un nouveau certificat d’enregistrement de l’immeuble querellé au nom de Mme Vosnakis Katina en remplacement du document authentique et à la reconfection d’un nouveau certificat au nom de ses enfants mineurs ; et pour la seconde fois devant le Parquet général de Lubumbashi où il justifie un prétendu droit à la propriété de l’immeuble. Rien à faire en sa faveur au détriment d’un privé qui, lui aussi, jouit de la même protection des lois.
Mais à Lubumbashi où une certaine tension demeure perceptible, une large frange de la population, qui il est vrai, affiche une certaine sympathie pour le président du TP Mazembe, aura cru jusqu’aux dernières secondes d’avant le nouvel an que les évêques catholiques obtiendront la rémission du forfait condamné par défaut de Katumbi. Hélas. Ils doivent attendre les suites d’une hypothétique initiative cléricale pour convaincre l’opérateur économique grec de retirer sa plainte…et ainsi sauver l’avenir politique de Katumbi. Qu’une condamnation rend inéligible notamment pour la présidentielle.
Dans la foulée de ces préoccupations, à Lubum, l’opinion public chauffée à blanc politise tout à tout rompre. En ce compris le départ de l’entraîneur Français du TP Mazembe, Hubert Velud pour l’Etoile du Sahel. Le coach aurait tout refusé pour prolonger son contrat. Kinshasa est derrière tout ça, suppute-t-on dans certains milieux lushois. Les dernières déclarations, sur TV 5 et France 24, de Chantal Ramazani, l’ex juge présidente du Tribunal de Paix de Lubumbashi/Kamalondo, qui s’est rétractée après avoir condamné l’ex gouverneur de l’ex province du Katanga dans l’affaire de l’immeuble de Toupis, aura davantage attisé la tension dans l’opinion.
Certaines personnes cherchent toujours à troubler l’ordre public pour des raisons inavouées, a de nouveau déploré, au cours du dernier conseil des ministres provincial, le 30 décembre 2016, le Gouv du Haut-Katanga, Jean-Claude Kazembe Musonda, Sans doute, pour des raisons sécuritaires, le budget 2017 de la province a également été revu à la hausse passant de 306 milliards de FC à plus 321 milliards de FC.
NADINE KINGOMBE