Quelle configuration aura donc le FC Renaissance d’ici le 5 janvier prochain, quand la LINAFOOT reprendra sa phase retour de zone de développement ? Au vu de ses dernières prestations face à Motema Pembe et Vita Club, le premier pas en compétition africaine, Coupe de la Confédération, le 12 février 2017 face à l’équipe gabonaise Akanda, inspire des doutes. Les milliers des supporters du club orange sont autant dans l’expectative que dans l’inquiétude.
«Fibo na Fibo » (Toujours sucer). Le slogan cher aux milliers des supporters du FC Renaissance n’a pas fait recette durant les dernières journées d’avant la suspension de la Linafoot. Bien au contraire, une ambiance de «l’enfer, c’est les autres» règne au sein du FC Renaissance après les fatwas lancées par le président du club, l’évêque Pascal Mukuna, ancien boxeur durant sa jeunesse dans son Kasaï natal. L’homme de Dieu a, en effet, voué aux gémonies joueurs et membres du staff technique accusés, sans preuves irréfragables cependant, d’entraîner son club dans les abîmes du bas du classement. Des accusations spirituellement inspirées, sans doute, mais sensiblement gratuites.
Un champion doit savoir aller au tapis… et se relever. (Feu) Mohamed Ali aurait eu ces mots sur Mike Tyson, qui longtemps s’est cru invincible sur un ring de boxe. Le plus jeune champion du monde de tous les temps ne s’est pratiquement jamais remis de son KO contre un illustre inconnu à Tokyo au début des années 90… Il y a crainte que le même type de réaction n’affecte Renaissance, redoutent des chroniqueurs sportifs de la place. En effet, les deux défaites successives au championnat national, LINAFOOT/division I, contre les deux grandes équipes de la capitale l’As Vita Club et DCMP Imana, l’ont presque rendu hémiplégique.
Plus des cartes rouges, de véritables fatwas.
Si l’entraineur principal, Tshibasu, a été banni après un match nul contre Ndombe de Bandundu, dernier au classement LINAFOOT, zone de développement Ouest, un autre collaborateur du coach ainsi que deux pièces maîtresses du club, le milieu de terrain offensif, Pitshou Matumona dit Rum connu pour ses dribbles percutants et ses coup-francs millimétrés et ses assists, ainsi que le défenseur central, Thierry Kasereka, ont été suspendus, sans jamais être notifiés, par le pasteur président, au motif d’avoir été corrompus par le DCMP vainqueur 3-2 de Renaissance. Pour mémoire, FC Renaissance est né d’une scission au sein du DCMP, il y a un peu plus de trois ans. Pascal Mukuna qui a tenté de prendre la direction de l’équipe sans succès a, néanmoins, réussi « le grand schisme » en emportant avec lui quelques dirigeants du team vert-blanc-rouge et le gros des supporters vers Renaissance. Les «Oranges » comme ils aiment aussi à se faire appeler de par la couleur de leur maillot ont dû évoluer deux saisons de suite (2013-2014 et 2014-2015) dans le championnat kinois, Entente provinciale de football de Kinshasa, (EPFKIN,) faisant à chaque rencontre un stade plein (40.000 places) à Tata Raphael ex-20 Mai, avec des considérables recettes à la clé. . A telle enseigne qu’au lieu de 25.000 FC comme établi à l’EPFKIN, le trio arbitral s’en sortait avec 150 dollars à chaque match de Renaissance. Qui réalisait ainsi une véritable success story. Une seule défaite lors de sa première saison, 1-2, face à Arc-en-ciel, un club managé par un « spiritiste » renommé de la capitale, un certain Mort-Mort non autrement identifié. S’en est suivi une polémique et des ragots ironiques autour du thème « Nganga aliye pasteur». Traduire : “le féticheur a vaincu le pasteur ». Cette défaite coûte la première place à Renaissance qui manque ainsi d’accéder juste une année après sa création à la division d’élite. Pour se rattraper, Renaissance va disputer la coupe du Congo, mais perdra en demi-finale face à l’équipe de KFA, une pépinière de Mazembe issue de son école de foot, qui avait les faveurs des arbitres et des officiels.
Baptême de feu
Son président pasteur l’avait préalablement prophétisé : Renaissance FC écraserait tout sur son passage, notamment en écrabouillant Mazembe, Vita Club et surtout Daring (les trois grands du football congolais), poussant l’outrecuidance jusqu’à qualifier la Linafoot de championnat d’amateurs et claironnant que son équipe était digne d’évoluer à la Liga espagnole. Il sera conforté dans ses élucubrations quand Renaissance réalisa un sans-faute parfait dans sa deuxième saison à l’Entente provinciale de football de Kinshasa qui lui donne accès à la LINAFOOT et remporte aussi la Coupe du Congo. Le club a enfin l’occasion de se frotter à un grand, le FC Mazembe Englebert. Sans doute vexé par des déclarations peu fair-play du président pasteur de Renaissance, le manager de Mazembe, Moïse Katumbi, met en jeu un gros paquet, des dizaines des milliers des dollars pour ses joueurs bénéficieraient au titre de primes si jamais ils arrivaient à laminer Renaissance par 5 buts d’écart. La rencontre dite de la Super-Coupe du Congo se déroule en terrain neutre, à Kindu, chef-lieu de la province de Maniema, dans le tout nouveau stade Joseph Kabila Kabange. Les jeunes club orange kinois trébuchent, battus 1 but contre 3 pour le club lushois dont une réalisation est annulée sans raison valable par l’arbitre. Bien que Mazembe n’ait pas pu relever le pari de son président Moïse Katumbi, à Kinshasa, supporters de Vita club et Daring club Motema Pembe (DCMP) jubilent: pour une fois, les vuvuzela de Renaissance ne retentiront pas. De l’avis d’un chroniqueur sportif de la place, Didier Mbokandja, Renaissance a eu tort de ne pas tirer les leçons de cette défaite et demeure, bien au contraire, aveugle de ses ambitions démesurées : pas des défaites à la LINAFOOT.
Un monde de gloire et de déboires.
Lors d’une conférence de presse, à une question d’un journaliste sportif sur les conséquences d’une probable défaite de Renaissance dans le championnat national, le pasteur Pascal Mukuna s’était renfrogné, arborant son plus mauvais air, celui de la colère de l’homme de Dieu contre les mécréants. Comme pour dire que cela n’arrivera jamais. Durant la manche aller du championnat national dans la zone de Développement Ouest, Ni Vita Club coaché par Florent Ibenge ni DCMP n’ont pu soumettre Renaissance. Zéro but partout contre le premier cité, les Dauphins noirs donc, et un but partout contre DCMP. Mais cela n’était qu’une partie remise. ‘‘ A l’image du jeune Icare, trop prétentieux, orgueilleux comme tout Hellène qui se respecte, a bravé le soleil et s’est fait cramer ses vraies fausses ailes », Renaissance a mis la barre trop haute pour un club qui ne dispose pas encore des joueurs aguerris pour de grandes compétitions», note ce spécialiste du foot national. Et de poursuivre, «le plus grand péché du pasteur, c’est de croire et de prêcher un évangile sans défaite ni concession dans le foot! Même les illustres personnages bibliques à qui Dieu parlait ouvertement et physiquement ont connu des périodes de vaches maigres. Le foot est un monde des gloires et des déboires…Les Milan AC, Barcelone, Manchester United…la Seleçao brésilienne ont connu des périodes des ténèbres parfois at home, avec des valses des huées de tout le stade». Mais, il semble bien que le pasteur président de Renaissance ait une conception toute autre du football. Au lendemain de la défaite du team orange contre le vert-blanc-rouge, Pascal Mukuna a, outre la suspension des joueurs et des membres du staff technique, versé dans des propos orduriers contre l’autorité morale du club adverse, Aubin Minaku Ndjalandjoko. Le président de l’Assemblée nationale s’est cependant refusé d’engager toute poursuite contre le pasteur président comme le souhaitait ardemment les dirigeants auxiliaires du Daring Club Motema Pembe.
La Fédération congolaise de football association, (FECOFA,) n’envisage pas, non plus, d’investiguer sur cette affaire de corruption présumée d’autant plus que Renaissance ne détient pas les preuves de ses allégations. Les exclus de Renaissance eux, tiennent ferme à ce que la lumière soit faite et comptent bien saisir la justice. Par ailleurs, un haut cadre de la FECOFA, a, sous couvert d’anonymat, déploré l’esprit antisportif et conflictuel du président pasteur Pascal Mukuna. «Comme dans l’agriculture, a-t-il fait comprendre, les meilleurs fétiches pour une bonne récolte, ce sont des calebasses des sueurs…les joueurs de Renaissance doivent davantage apprendre à mouiller leurs maillots et non miser sur les glorioles d’antan dans le championnat local. (…). L’effort qu’on fournit pour gravir une colline doit être multiplié pour escalader une montagne ».
Les champs hostiles au pouvoir en place scandés, le 11 décembre lors du match contre DCMP, par les supporters de Renaissance qui auraient menacé de tout renverser sens dessus dessous le 19 décembre, a sans doute, foi de ce cadre de la FECOFA, contraint le ministère de tutelle (Sports) à suspendre la LINAFOOT jusqu’au 15 janvier 2017. A la suspension de la LINAFOOT, Renaissance est en troisième position dans le classement officiel du site de Développement Ouest, avec 26 points juste derrière DCMP 34 points et Vita Club qui trône en tête avec 36 points.
Pold LEVI Maweja