Le Cardinal Archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo Pasinya, a choisi de donner de la voix depuis le week-end dernier. Plus précisément, le 25 décembre, jour de la fête chrétienne de la naissance de Jésus-Christ, à travers une homélie des plus politiques, dont on peut tout dire sauf qu’elle est de nature apaiser les cœurs. Bien au contraire.
Alors que les prélats membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo avaient fait boucler la semaine sur une note d’espoir, espoir de voir enfin un accord entre les acteurs politiques de l’opposition et de la majorité intervenir d’ici vendredi prochain, l’ancien président de la Conférence Nationale Souveraine sous Mobutu a pris le parti de tirer à boulets rouges sur le Président de la République. Même s’il ne le nomme pas expressément.
« Le fait de prendre le pouvoir par les armes ne justifie pas qu’on ne puisse le quitter que par les armes », a déclaré le Cardinal Monsengwo du haut du haut sa chaire, et devant une assistance qui ne se rend pas à l’église pour répliquer aux officiants. « Qui tue par l’épée périra par l’épée » a-t-il ajouté, prenant la défense de ces jeunes activistes (Lucha, Filimbi, etc.) dont les organisations, c’est connu, sont financées par des puissances étrangères dans le but d’influer sur le cours de la vie politique dans certains pays.
Une homélie de combat ou de combattant donc, qui tombe comme un cheveu dans la soupe parce qu’au Centre interdiocésain, les collègues du Cardinal au sein de la CENCO, soutenus par Rome, oeuvrent à une sortie pacifique de la crise politique rd congolaise. « Comme si l’archevêque de Kinshasa regrettait qu’il ne se soit rien passé de grave le 19 décembre dernier et sa lançait dans la remobilisation de la rue kinoise », commente un internaute réagissant à la publication des propos incendiaires de Monsengwo sur les réseaux sociaux. Le Cardinal archevêque kinois se sera désolidarisé de ses pairs, carrément. Et sans doute de ceux des chrétiens catholiques qui ne pensent pas comme lui, en matière de politique interne.
On peut déplorer au moins deux choses dans l’attitude cardinalesque : de s’avérer plus politique que pasteur et de juger et condamner trop péremptoirement son prochain.
Politique, Laurent Monsengwo l’est de la plus piètre manière qui soit : en exploitant abusivement la crédulité des croyants, c’est-à-dire, de personnes qui ont préalablement choisi de mettre sous le boisseau leur esprit critique, au nom de Dieu. A l’église, les chrétiens se rendent pour se nourrir de la parole divine. Monsengwo leur sert de la parole révolutionnaire pour affronter les pouvoirs publics. Aucune différence avec les acteurs politiques qui envoient leurs combattants prendre le pouvoir pour eux dans la rue en sachant très bien qu’il ne s’y trouve pas.
Juge, le Cardinal archevêque de Kinshasa est d’une partialité à réveiller de leurs tombes tous les papes décédés. Du départ de Joseph Kabila du pouvoir, l’homme en fait une véritable fixation. Au point d’oublier qu’il trône lui-même sur un pouvoir sans fin puisque prétendument divin. Du pouvoir clérical on peut démissionner aussi sans attendre que la mort vous surprenne. A 77 ans, Laurent Monsengwo Pasinya aurait démissionné de ces nombreuses fonctions à la tête de l’église catholique romaine rd congolaise que peu s’en plaindraient ? Ce n’est pas un peu facile d’exiger de son prochain qu’il quitte le pouvoir alors qu’on s’y accroche soi-même depuis plus de trois décennies ?
J.N.