Ouverts jeudi 8 décembre dernier au Centre interdiocésain de Kinshasa, les pourparlers entre les parties prenantes à l’accord politique intervenu le 18 octobre 2016 à la Cité de l’OUA et la partie de l’opposition réfractaire à cet accord, le Rassop et le Front pour la défense de la constitution filent droit vers un échec. Pourtant, les évêques de l’église catholique romaine rd congolaise ont bénéficié de soutiens tous azimuts, des pays occidentaux particulièrement. Mais rien n’y fait, au finish. Le peu de progrès enregistrés au 17 décembre dernier, après quelque 9 jours d’âpres discussions ponctués d’audiences à Limete chez Etienne Tshisekedi et au Palais de la Nation auprès du Président de la République, se sont évaporés comme par enchantement aussitôt les prélats retournés de leur visite papale, mercredi dernier. Comme un château de cartes.
Il semblait pourtant, avant le voyage clérical au Saint Siège, qu’un accord s’était dégagé parmi les délégués aux pourparlers du Centre interdiocésain sur le maintien de Joseph Kabila au pouvoir d’ici les prochaines élections, ainsi que le veut la constitution de la RD Congo et contrairement sirènes des capitales occidentales qui affichent le dédain le plus complet sur ce texte fondamental adopté par referendum. Mais également sur l’épineuse question de la libération prisonniers dits politiques et d’opinion et de l’arrêt des poursuites judiciaires ; une liste de neuf cas prioritaires avait été transmise au Président de la République pour examen en urgence par les évêques, le 17 décembre dernier ; tandis qu’une autre, de quelque 254 personnes, était à soumettre à l’étude d’un groupe de hauts magistrats. Etait également acquis, parce que tombant sous le bons sens le plus élémentaire, le maintien en fonction d’institutions issues d’élections comme les assemblées nationales et provinciales ainsi le sénat. Au niveau du pouvoir exécutif, les discussions tournaient autour du partage du pouvoir entre les parties prenantes à l’accord politique du 18 octobre dernier et les réfractaires au même accord qui revendiquaient outre la primature, 50 % de portefeuilles ministériels. Sur la composition de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), ainsi que la Cour Constitutionnelle, il semblait également qu’un accord soit possible. Restait à régler la question de la durée de la transition, des séquences et des dates des prochaines élections, qui aurait pu elle aussi trouver terrain d’entente, compte tenu d’impératifs techniques qui la caractérisent et s’imposent à tous en toute objectivité. Tous ses espoirs se sont envolés le 19 décembre dernier, aussitôt que la composition de l’équipe gouvernementale a été rendue publique, et qu’Etienne Tshisekedi a décrété, de la même manière qu’il s’était auto-proclamé président de la République après la présidentielle de 2011, qu’il ne reconnaîtrait plus le Chef de l’Etat en place, appelant du même coup les populations à entamer des mouvements de résistance. C’est le retour à la case départ, quoique menacent des prélats catholiques dont la proximité avec l’opposition politique rd congolaise et les intérêts occidentaux crève les yeux : le seul accord politique existant, aussi imparfait fût-il, les catholiques l’ont dédaigné jusqu’à ce jour. Comme l’opposition radicale, les prélats sont donc réfractaires à l’accord politique du 18 octobre dernier, pourtant soutenu par l’ensemble des organisations politiques continentales et régionales, l’ONU, l’Organisation Internationale de la Francophonie, et les Nations-Unies qui ont assuré l’organisation et la facilitation des travaux.
Les pourparlers conduits par les évêques de l’église catholique romaine rd congolaise étaient manifestement voués à l’échec à l’avance. Parce qu’ils péchaient par cette sorte de parti pris fondamental en faveur de l’opposition et des capitales occidentales qui la portent à bouts des bras.
Les évêques se seront avérés trop occidentaux en dédaignant l’apport de la diplomatie continentale dans la résolution du problème rd congolais, qui avait fait ses preuves au dialogue national de la Cité de l’OUA, et dont les résultats constituaient une base de départ jugée acceptable par beaucoup. Conséquence : au centre Nganda, les délégués du Rassop et du Front pour la défense de la constitution, forts de nombreux soutiens et des pressions occidentales sur Kinshasa se sont crus en position de force et ont campé sur des revendications maximalistes. Elles auront tout fait capoter, pour de longues années encore, sans doute.
Mercredi 21 décembre 2016, les évêques ont menacé de tirer toutes les conséquences de l’échec prévisible des pourparlers qu’ils ont conduit non sans quelque superbe. Et ce, après avoir fait miroiter l’idée d’un plan B, dont on se demande s’il leur a été proposé par Joseph Kabila, de qui ils tiennent le pouvoir de modérer les pourparlers du Centre interdiocésain. Les observateurs ne voient pas quelles conséquences seront tirées d’un échec prévisible, si non un retour réaliste au seul accord qui existe, si imparfait soit-il : l’accord du 18 octobre 2016, dont la mise en œuvre se poursuit inexorablement.
J.N.