Désormais, il n’y a plus que le camp du Peuple. Plus de Majorité ni de Rassemblement. Propos textuels de Gabriel Kyungu wa Kumwanza, ci-devant coordinateur dans le Haut-Katanga du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. «L’heure a sonné pour que le peuple puisse enfin respirer et connaître la paix », a poursuivi l’ancien président de l’Assemblée provinciale du Katanga dans sa dernière conférence de presse, qui avait tout l’air d’une néo-confession truffée de mea culpa à peine voilés.
Kyungu dit espérer de tout cœur une issue heureuse au Dialogue que facilite la CENCO, Conférence épiscopale nationale du Congo, à Kinshasa. Pour ce faire, aux 30 participants, il recommande «d’oublier la fierté de soi-même». Une égratignure à peine voilée au chef de file du Rassemblement, Etienne Tshisekedi. Il y a peu, l’ancien Premier ministre, Adolphe Muzito, avait tenu des propos similaires plutôt à l’encontre du Rassemblement. Kyungu appelle également les 15 membres du Rassemblement mené par l’UDPS Valentin Mubake au centre interdiocésain à édulcorer, à mettre un peu d’eau dans le vin de leurs revendications. Membre du conseil des sages du Rassemblement, porte-étendard du Katumbisme, à brûle-pourpoint Kyungu ne verrait plus d’inconvénient à que le président Kabila reste en fonctions jusqu’à la tenue du prochain scrutin présidentiel…en 2018. Là non plus, pas d’inconvénient pour l’ancien président de l’Assemblée provinciale de l’ex-Katanga.
L’homme se trouve en effet dans le viseur du procureur général de la République près de la Cour d’appel de Lubumbashi pour offense au Chef de l’Etat. Gabriel Kyungu a beau les repentis, mais l’évidence des éléments sonores et visuels où il se laisse aller à tenir des propos orduriers démolit toute sa ligne de défense. L’ancien président de l’UFERI de triste mémoire, se forge une renommée en matières d’injures faciles. Les anciens de la Gécamines – du temps de Mulenda Mbo – pourchassés comme des petits rats et traînés dans la rue comme des scélérats des temps médiévaux en savent quelque-chose. Quarante-huit heures avant sa conférence de presse, mercredi dernier, Kyungu était annoncé comme malade nécessitant une évacuation à l’étranger…comme pour faire redouter aux pouvoirs publics une seconde disparution de suite d’un acteur politique katangais de haut rang après le décès suite à des complications digestives, a-t-on appris, de Mwando Simba, autre Sage du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Ayant sans doute appris que la question de la levée de son immunité a été renvoyée sine die à l’Assemblée nationale, Kyungu a reprend espoir et change de stratégie : prêcher pour la paix et la réconciliation nationale…en fait rejoindre son fils qui a quitté et son parti, l’UNAFEC, et le Rassemblement, pour jusqu’au-boutisme aveugle. Mais jusqu’à quand ? Rassuré de l’abandon de ses poursuites, l’homme ne ferait-il pas, une fois encore, pirouette ? La versatilité, Gabriel Kyungu en entretient l’art. L’opinion se souviendra que c’est devant Kibambi Nshintwa sur Tropicana TV que Kyungu a fait amende honorable, parlant d’un lapsus linguae, alors qu’il avait précédemment traité Joseph Kabila de sujet rwandais. «Je suis son oncle… », avait alors soutenu, sans vergogne, le «Mandela» du Katanga. C’est comme cela qu’il aimait à se faire appeler pour avoir affranchi le Katanga du joug kasaïen…à travers un génocide qui devrait, tôt ou tard, être reconnu comme tel par l’Etat r-dcongolais à l’image du génocide arménien au XIXème siècle reconnu par l’Union européenne, plus de trois-quarts de siècle après.
Il n’empêche que la dernière sortie médiatique de Gabriel Kyungu révèle une évidence qui va se matérialisant : des fissures serpentent la grande bâtisse du Rassemblement tshisekediste-katumbiste. Demain verrait un Rassemblement réduit à l’UDPS et appendices, ultra-extrémiste comme dans ses us et coutume, opposé à une aile du Rassemblement républicain…un rassemblement Katumbiste, etc. Et la surprise ne serait que partielle.
NKM