Voilà 16 mois que la question d’évacuation d’immondice fait l’objet d’une gestion plutôt ombrageuse de l’exécutif central qui y a mêlé le BCECO. A l’origine des Kilimandjaro d’immondices épars à travers la capitale, des experts notent le défaut de rétrocession régulière des frais dus par le gouvernement central.
Dans une correspondance datée du 12 août 2015, Augustin Matata (toujours Premier ministre de fait) a désapprouvé les termes de l’entente issue des réunions d’experts convoquées par son ministre des Finances, Yav Mulang. « Au regard de l’état actuel de la trésorerie et des perspectives électorales, le Gouvernement de la République n’est pas en mesure de prendre en charge la quotité mensuelle lui proposée, dans le cadre de cofinancement de la première phase de mise en œuvre de la pérennisation du PARAU. Aussi, afin de permettre à l’exécutif de la ville de se préparer en conséquence, j’autorise la prise en charge d’un mois, par le Trésor Public, à dater de ce 21 août 2015 », écrit le Premier ministre. Pourtant, au terme des réunions marathon entre experts du ministère des Finances (gouvernement central) et de l’Hôtel de Ville, fin juillet-début août 2015, il s’est dégagé la nécessité d’accorder une période transitoire d’un an à l’Hôtel de Ville avant de permettre à la régie urbaine d’assainissement (la RAPTK) de se charger des immondices de la capitale. Durant cette année transitoire (du 21 août 2015 au 21 août 2016), les deux parties ont convenu de décaisser 800.000 USD/ mois , à raison de 80 % par le ministère des Finances et 20 % par l’Hôtel de Ville de Kinshasa, pour la poursuite de l’assainissement des 9 communes Gombe, Barumbu, Kinshasa, Lingwala, Bandalungwa, Ngiri-Ngiri, Bumbu, Kasavubu et Kalamu) dont les immondices étaient évacués par PARAU-PAUK.
Tantôt 640.000 USD, tantôt 1,4 million USD
Mais, en réalité, pour la Primature, la part du gouvernement – 640.000 dollars – a déjà été versée une et une seule fois, fin août 2015. Et, dans un communiqué, sous seing du Dircab du Premier ministre rendu public le 19 novembre 2015, il est rappelé que l’assainissement, la collecte et l’évacuation des immondices dans toutes les provinces reviennent aux gouvernements provinciaux. Mais aussi, que Kinshasa bénéficie déjà d’un traitement de faveur parce que 1,4 million USD/mois sont mobilisés par l’assainissement de 5 communes et du boulevard Lumumba.
Réponse du berger à la bergère, le gouverneur André Kimbuta de retour d’une mission à l’étranger soutient sur une télévision de la place que l’argent des immondices était disponible au BCECO. (Bureau central de coordination des projets). Et le Gouv’ va plus loin en faisant savoir que l’accord de cofinancement intervenu entre le gouvernement central à travers le ministère des Finances et l’Hôtel de ville a, en effet, pris compte des contraintes financières respectives du Gouvernement de la République et de la Ville de Kinshasa et proposait, pour ce faire, le financement du projet par un prélèvement sur ses crédits d’investissement inscrits dans le budget de l’Etat». Quant à la somme de 1,4 million USD/mois évoqué dans le communiqué de la primature, André Kimbuta déclare urbi et orbi qu’il s’agit plutôt de fonds qui ne sont pas gérés par l’Hôtel de Ville mais par le BCECO. En clair, la Primature, face aux Kilimandjaro d’immondices qui s’élèvent çà et là a, en fait, repris la gestion des décharges publiques mais uniquement dans son volet financier.
Et le BCECO entre en action.
D’après le bureau central de coordination des projets, le gouvernement provincial de Kinshasa, avec l’appui du gouvernement central de la R-dC, a mis en place le Programme de Gestion des Déchets Solides (PGDS). Lequel est placé sous la gestion technique de la Régie d’Assainissement des Travaux Publics de Kinshasa (RATPK). Mais c’est le BCECO qui en assure la mise en œuvre. Une procédure bien trouble. Tant pis pour personne. Le BCECO disait mettre à la disposition du PGDS quelque 150m3 de gasoil dans les installations de SEP par le biais d’un tiers. Depuis rien n’est venu. Sinon que les décharges héritées dans 9 communes de la capitale, en septembre 2015 de PARAU ont « chernobylement» débordées au risque au grand dam des Kinois vivant aux côtés de ces poubelles géantes. Quid des 15 autres communes ? Les pluies quasi-quotidiennes qui tombent dans la capitale en rajoutent davantage à l’insalubrité.
NADINE KINGOMBE MWAYUMA