Tshikapa, Kongolo, Nyanzale…des foyers des tensions se multiplient dans l’arrière-pays au fur et à mesure que l’on s’approche de 19 décembre, qui passe pour une certaine opinion, comme date de référence d’une nouvelle ère du genre ab urbe condita libri, avant Jésus-Christ mieux Après Joseph Kabila. A la première ligne de front, que des moins de 25 ans. Dans la capitale, c’est la fièvre « jeune» qui monte aussi bien dans la majorité et dans l’opposition politique rd congolaise.
Du sang a encore coulé ce week-end au centre du pays, à Tshikapa, chef-lieu du Kasaï, l’une de nouvelles provinces issues du démembrement. Une fois encore, les édifices symboles de l’autorité de l’Etat ont été mis à sac et incendiés par la milice de Kamwena Nsapu, du nom de chef coutumier du territoire de Dibaya, tué par les forces de l’ordre voilà quelques mois. Constituée de poignées de jeunes visiblement drogués et manipulés au point de croire à des charmes aux fétiches et autres amulettes susceptibles de leur rendre invulnérables à la puissance de feu des Kalach. Dans la province de Tanganyika, où l’autorité locale a étalé sur la place publique son incapacité à ramener la paix entre Pygmées et bantous Luba, la MONUSCO s’emploie à ce que le conflit ne s’étende pas à la cité-charnière de Kongolo, qui ouvre sur Lubumbashi, par ricochet, sur tout le Grand Katanga. Mais des bandes des jeunes s’organisent déjà en milices dans Kongolo. Il ne reste plus qu’une occasion, une moindre provocation pour que les deux camps se rentrent dedans. Dans le Grand Nord-Kivu, selon le ministre sortant de la Défense nationale, Atama Tabe, d’un matin à un autre, un jeune qui a jeté sa gourme, peut être tenté de jouer au Mayi-Mayi, entraînant les autres jeunes dans son aventure meurtrière. A l’image des Mayi-Mayi dit Mazembe qui ont été copieusement battus ce week-end par les FARDC appuyées par la force onusienne à Nyanzale. Pendant ce temps, dans la capitale, des jeunes sont à mis à contribution par des partis politiques en fonction des enjeux de l’heure. Aubin Minaku, ci-devant, Président de l’Assemblée nationale et haut cadre de la MP-Majorité présidentielle- a appelé les jeunes à plus de responsabilité notamment dans leurs discours à la faveur d’un chapelet des matinées politiques. Au rassemblement, l’on harangue aussi les jeunes, invités à se prendre en charge par rapport aux prescrits de la constitution : nul ne peut obtempérer à un ordre manifestement illégal… la liberté de manifestation est garantie par la loi fondamentale du 18 février 2006. Par-dessus tout, tout le monde se veut jeune et prétend avoir une bonne frange de la jeunesse avec soi. Il ne faut pas nécessairement être sociologue pour admettre qu’il est une fièvre « jeune » qui monte aussi dangereusement que dans les années 60, quand Tshombe, Sendwe, Kalonji, etc, disposaient chacun de leurs «jeunesses » comme on disait à l’époque, prêtes à tout. Point de remède pour l’instant. Et le Chef de l’Etat l’a reconnu dans son récent discours sur l’état de la Nation. Dans l’opinion, les bonnes consciences offrent au Premier ministre, Samy Badibanga, de se doter d’un ministère de la jeunesse à part entière, en faire un portefeuille de souveraineté, bien distinct de celui des Sports. Ces 5 dernières années, tous les ministres de la Jeunesse & Sport se sont plutôt accrochés aux Sports et n’ont jamais disposé d’une réelle politique de la jeunesse. Il urge aujourd’hui de mettre les 15-30 ans – lesquels constituent par ailleurs la majorité de la population r-dcongolaise-, à l’abri de la corruption (pour emprunter l’expression à Socrate), des politiques. La population, la bombe P est aussi puissante et dangereuse que la bombe A (atomique), disait l’abbé Pierre.
NADINE KINGOMBE
FAIRE-VALOIRS, CHAIRS A CANON, BOUCLIERS HUMAINS : Fièvre jeune : vivement un ministère à part entière dans le team BDB
